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France : des étudiants de Sciences Po Paris dénoncent des pressions contre les voix pro-palestiniennes

Énième polémique autour d’une mobilisation pour la Palestine en France : cette fois, elle a pour cadre l’école de Sciences Po Paris, où une journée de mobilisation a été organisée pour dénoncer « le génocide à Gaza »
L’initiative nommée « quatre heures pour la Palestine » s’inscrivait dans le cadre de la journée européenne des universités « contre le génocide à Gaza », à l’appel de la Coordination universitaire européenne contre la colonisation en Palestine (AFP/Emmanuel Dunand)
L’initiative nommée « quatre heures pour la Palestine » s’inscrivait dans le cadre de la journée européenne des universités « contre le génocide à Gaza », à l’appel de la Coordination universitaire européenne contre la colonisation en Palestine (Emmanuel Dunand/AFP)

L’amphithéâtre a été rebaptisé pour l’occasion « amphithéâtre de Gaza » et un drapeau palestinien a été accroché.

Mardi 12 mars, une centaine d’étudiants ont occupé toute la matinée l’amphithéâtre principal de Sciences Po Paris, prestigieuse école d’enseignement supérieur, creuset des élites françaises, dans le cadre d’une « journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine ».

L’initiative nommée « quatre heures pour la Palestine » s’inscrivait dans le cadre de la journée européenne des universités « contre le génocide à Gaza », à l’appel de la Coordination universitaire européenne contre la colonisation en Palestine (CUCCP).

Cette journée de solidarité voulait dénoncer la guerre dans la bande de Gaza, où, depuis le début de l’offensive israélienne en rétorsion à l’attaque du Hamas le 7 octobre, plus de 31 000 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils.

Alors que cet événement n’avait pas été autorisé par la direction, une étudiante de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a déclaré avoir « été empêchée d’accéder à l’amphithéâtre » où se tenait l’action, et « des propos accusatoires ont été prononcés [à la tribune] à l’encontre » de l’association étudiante, a dénoncé Sciences Po sur le réseau social X.

« Des voix intimidées »

Selon une étudiante présente dans l’amphithéâtre interrogée par l’AFP, la jeune femme membre de l’UEJF a été empêchée d’entrer « pour des raisons de sécurité, parce qu’elle avait auparavant intimidé des étudiants pro-Palestiniens ». « Elle est la seule à n’avoir pu entrer. D’autres membres de l’UEJF ont assisté aux débats », a-t-elle affirmé, sous le couvert de l’anonymat.

« Il y a un climat de tension à Science Po où toutes les voix pro-palestiniennes sont intimidées, filmées, disséminées sur les réseaux sociaux », a témoigné au micro de France Info Hicham, un étudiant de Science Po.

« Il y a une élève qu’on a reconnue qui a pris des photos et ces photos ont été – on ne sait comment – partagées sur les réseaux sociaux. S’en sont suivies des vagues de cyber-harcèlement de certaines personnes pro-palestiniennes […] Personne n’a été empêché de rentrer en raison de sa confession religieuse ou de ses avis politiques. »

Le président français Emmanuel Macron a dénoncé mercredi des propos « inqualifiables et parfaitement intolérables » rapportés lors de la mobilisation pro-palestinienne. L’UEJF a également demandé des sanctions sur X.

Lors du Conseil des ministres, le chef de l’État « a rappelé avec clarté et fermeté sa position : oui, les établissements universitaires sont autonomes, mais cette autonomie ne justifie en aucun cas le moindre début de séparatisme », a déclaré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot.

« Des témoins ont été entendus » par la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau qui s’est rendue sur place mardi, selon Prisca Thevenot, laquelle a invité « la jeune étudiante qui a été victime de ces propos […] à se présenter devant la justice. »

La direction de Sciences Po a annoncé saisir « la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables », considérant auprès de l’AFP « que plusieurs lignes rouges ont été franchies ».

Sur les réseaux sociaux, un nouveau conflit a éclaté entre personnalités pro-palestiniennes et pro-israéliennes.

« Limite franchie à Sc Po […]. Les étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes », a dénoncé l’association étudiante sur X, tandis que le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, a déploré un « antisémitisme d’atmosphère ». 

Le député de La France insoumise (LFI, gauche radicale) Aymeric Caron a pour sa part adressé mercredi sur X un « Bravo aux étudiants de Sciences Po qui se mobilisent contre le génocide en cours à Gaza ».

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