Soutenir les Palestiniens, une position risquée quand on est une star hollywoodienne
Le monde entier a vu Sharon Stone fondre en larmes devant une peinture représentant Jérusalem en pensant aux victimes israéliennes du Hamas. Ou vu Madonna partager sur Instagram une vidéo de propagande israélienne et déclarer : « Mon cœur va à Israël. »
De nombreuses stars américaines ont publiquement affiché, dès le début de la nouvelle phase du conflit israélo-palestinien, le 7 octobre, leur solidarité avec Israël. Mais au fil des semaines, et à mesure qu’Israël intensifiait ses bombardements sur Gaza, d’autres voix se sont fait entendre à Hollywood. Notamment parmi celles identifiées depuis longtemps comme étant pro-palestiniennes. Et certaines ont été durement sanctionnées pour cela.
C’est le cas de Susan Sarandon, exclue de la réputée agence d’artistes UTA (United Talent Agency), qui s’occupait de sa carrière depuis 2014, après avoir tenu des propos controversés lors d’un récent rassemblement pro-palestinien à New York.
A gauche, prise de parole de Susan Sarandon lors d'un rassemblement de solidarité avec la Palestine. Elle vient d'être licenciée par son agence artistique pour avoir dénoncé publiquement le génocide en cours en Palestine, la colonisation, l'apartheid... pic.twitter.com/6PKyzHALHG
— Yessa Belkhodja (@yessabelkhodja) November 22, 2023
La revue Deadline rapporte qu’elle aurait déclaré : « Il y a beaucoup de gens qui ont peur d’être juifs en ce moment, et ils ont un avant-goût de ce que ça fait d’être musulman dans ce pays. »
Sur une vidéo publiée sur Twitter, l’actrice de 77 ans apparaît dans une manifestation pro-palestinienne pour faire un discours qui lui a valu de nombreux commentaires haineux sur les réseaux sociaux.
« Vous n’avez pas besoin d’être Palestinien pour être solidaire des Palestiniens. Vous n’avez pas besoin d’être Palestinien pour comprendre que le massacre de la plupart des 5 000 enfants est inacceptable et constitue un crime de guerre. Vous n’avez pas besoin d’être Palestinien pour comprendre que des crimes de guerre sont commis chaque jour, selon les Nations unies et les autre groupes humanitaires », énumère-t-elle.
« Tellement de gens ne comprennent pas le contexte dans lequel cet assaut du 7 octobre est survenu. Tellement de gens ne comprennent pas ce qui est arrivé au peuple palestinien dans l’histoire. »
Pas de Scream 7 pour Melissa Barrera
Susan Sarandon a également partagé sur son fil, le 20 novembre, un tweet du compte Palestine Online, qui se présente comme « média des Palestiniens opprimés dans le monde ». Dans ce tweet, qui est une vidéo d’un concert de Roger Waters, Palestine Online commente : « Malgré les tentatives du lobby israélien pour annuler l’événement, Roger Waters de Pink Floyd est monté sur scène en Uruguay, avec un keffieh, et a plaidé pour la fin du génocide israélien à Gaza. »
L’ex-chanteur du groupe de rock, fervent partisan de la Palestine et du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissements, Sanctions), est régulièrement accusé d’antisémitisme.
Ces dernières semaines, plusieurs agences artistiques et sociétés de production ont pris la décision de mettre fin à des collaborations après des prises de position publiques en faveur des Palestiniens sur le conflit.
Aux Etats-Unis, l'actrice Melissa Barrera a été virée du tournage de Scream 7 pour avoir dit ça sur #Gaza :
— Rafik Chekkat (@r_chekkat) November 22, 2023
« Gaza est actuellement traitée comme un camp de concentration. Tout le monde est rassemblé, sans nulle part où aller, sans électricité, ni eau... La population regarde… pic.twitter.com/PYCeRQ9xqP
Melissa Barrera, qui incarne l’héroïne Sam Carpenter dans les cinquième et sixième volets du film d’horreur Scream et devait jouer dans le septième opus, vient de se faire licencier par Spyglass Media, la société de production en charge de la franchise.
Sur Instagram, la comédienne mexicaine a affiché au début du mois son soutien à la Palestine. « Moi aussi je viens d’un pays colonisé », a-t-elle écrit. « La Palestine sera libérée. »
« La position de Spyglass est claire et sans équivoque : nous avons une tolérance zéro pour l’antisémitisme ou l’incitation à la haine sous quelque forme que ce soit, y compris les fausses références au génocide, au nettoyage ethnique, à la distorsion de l’Holocauste ou à tout ce qui franchit de manière flagrante les limites du discours de haine », a fait savoir dans un communiqué Spyglass Media.
Ce phénomène n’est pas nouveau : en 2022, la top-model néerlando-palestinienne Bella Hadid avait rapporté avoir perdu contrats et amis pour ses prises de position en faveur de la cause palestinienne.
« Il y a eu tellement d’entreprises qui ont cessé de travailler avec moi. J’ai des amis qui m’ont totalement laissé tomber », avait confié la mannequin alors âgée de 25 ans dans une interview conjointe avec l’acteur égypto-américain Ramy Youssef pour le magazine GQ.
Fin octobre, des dizaines d’acteurs et artistes hollywoodiens ont exhorté le président américain Joe Biden à faire pression pour un cessez-le-feu en Israël et dans la bande de Gaza, dans une lettre publiée sur le site Artists4Ceasefire.
Parmi eux : l’humoriste américain Jon Stewart, l’acteur oscarisé Joaquin Phoenix, le réalisateur et acteur Mark Ruffalo, le comédien américain d’origine égyptienne Rami Youssef, l’acteur et chanteur britannique d’origine pakistanaise Riz Ahmed et le producteur et comédien égyptien Bassem Youssef.
« Nous nous réunissons en tant qu’artistes, mais plus important encore, en tant qu’êtres humains témoins des pertes en vies humaines et des horreurs qui se déroulent en Israël et en Palestine », ont-ils souligné.
« Nous exhortons votre administration, ainsi que tous les dirigeants du monde, à respecter toutes les vies en Terre Sainte, à appeler et à faciliter sans délai un cessez-le-feu, la fin des bombardements sur Gaza et la libération en toute sécurité des prisonniers et des otages », ont-ils écrit au président américain.
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