Sur Telegram, des Israéliens applaudissent des vidéos montrant des Palestiniens maltraités par des soldats
Sur l’application de messagerie Telegram, des groupes israéliens d’extrême droite ont partagé et célébré des vidéos de ce qui semble être des travailleurs palestiniens en Cisjordanie occupée maltraités par des soldats israéliens.
Plusieurs de ces vidéos ont été publiées mardi 1er novembre sur la chaîne de droite israélienne « Without Limits », qui compte plus de 117 000 abonnés, entre autres groupes de droite.
Dans une vidéo poignante, on voit des Palestiniens, les yeux bandés, les mains attachées avec des câbles, attaqués par des troupes lourdement armées. On peut entendre les hommes, dont certains ont été entièrement déshabillés, crier alors qu’ils sont allongés sur le sol.
« C’est une très bonne chose de ne pas les tuer, pour qu’ils vivent et souffrent, et que chaque respiration se fasse dans la douleur et l’agonie »
- Un commentaire sur Telegram
Des soldats les traînent sur le sol, l’un d’eux marche même sur la tête d’un détenu. On entend ses collègues rire en arrière-plan.
La vidéo a suscité près de 2 000 réactions, dont des centaines d’émojis de célébration, des émojis rieurs ou encore des cœurs.
« Brûlez en enfer, terroristes, vous le méritez. J’espère que les soldats les ont bien maltraités », peut-on lire dans l’un des commentaires les plus appréciés sous la vidéo. « J’espère qu’hors caméra, [les soldats] b****** leurs mères », commente un autre membre du groupe.
« C’est une très bonne chose de ne pas les tuer, pour qu’ils vivent et souffrent, et que chaque respiration se fasse dans la douleur et l’agonie », est-il aussi écrit.
Un des commentaires exprime son inquiétude quant à la visibilité de tels abus aux yeux du monde extérieur : « S’il vous plaît, supprimez [les vidéos], ce n’est pas bon pour le monde de nous voir faire cela. »
Forcé à danser
Une autre vidéo montre un homme aux yeux bandés et menotté à genoux, à côté d’une voiture. Une troupe israélienne dit : « Bonjour, p***** ! » en arabe, avant de donner des coups de pied à l’homme et de lui cracher dessus.
Ces images ont également suscité des centaines de commentaires et de réactions célébrant les abus et incitant à la violence contre les Palestiniens.
Une troisième vidéo montre un officier militaire israélien humiliant un Palestinien aux yeux bandés en jouant de la musique et en le forçant à danser.
L’armée israélienne a déclaré à MEE : « Le comportement des militaires qui ressort des images est déplorable et n’est pas conforme aux ordres de l’armée. Les circonstances de l’incident sont en cours d’examen », ajoute le communiqué.
Euro-Med Human Rights Monitor, aussi connu sous le nom d’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, basé à Genève, a déterminé que la vidéo des hommes déshabillés et agressés avait eu lieu dans la ville de Yatta, dans le gouvernorat d’Hébron, en Cisjordanie occupée.
Middle East Eye n’a pas pu vérifier de manière indépendante les personnes présentes dans la vidéo ni le moment où les agressions ont eu lieu.
Selon des sources locales interrogées par MEE, les vidéos montreraient des travailleurs palestiniens récemment arrêtés et détenus de manière arbitraire par les autorités israéliennes. On ne sait pas clairement s’ils viennent de Gaza ou de Cisjordanie.
Environ 18 500 Palestiniens de Gaza possèdent des permis délivrés par les autorités israéliennes, mais on ne sait pas combien se trouvaient en Israël lorsque les permis ont été révoqués après le déclenchement de la guerre.
Le point de passage d’Erez, entre Israël et Gaza, a été fermé et les travailleurs n’ont pas pu rentrer chez eux.
Selon six organisations de défense des droits de l’homme, Israël a arrêté un grand nombre de ces travailleurs de Gaza et les a placés dans des centres de détention « contre leur gré, sans autorisation ni fondement légal ».
Un travailleur de Gaza a déclaré avoir été détenu dans une « structure semblable à une cage » sans accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments ou aux toilettes, avant d’être transféré dans un campement semblable à un « enclos à bétail »
Selon les groupes de défense, un travailleur de Gaza a déclaré avoir été détenu dans une « structure semblable à une cage » sans accès à la nourriture, à l’eau, aux médicaments ou aux toilettes, avant d’être transféré dans un campement semblable à un « enclos à bétail ».
« À un moment donné, un officier a expliqué aux prisonniers qu’ils étaient détenus parce qu’il y avait des otages israéliens à Gaza, et que tant que les otages israéliens seraient à Gaza, il n’y aurait aucune perspective de libération des travailleurs », ont déclaré les groupes de défense des droits de l’homme.
Ils ont ajouté qu’Israël n’avait fourni aucune information sur les personnes détenues ni sur les accusations à leur encontre, ajoutant que cela était illégal au regard de la quatrième convention de Genève, relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.
Le ministère du Travail de l’Autorité palestinienne a estimé qu’environ 4 500 travailleurs de Gaza étaient portés disparus. D’autres ont été emmenés de force en Cisjordanie occupée.
Traduit de l’anglais (original).
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