La Turquie et la Russie veulent expulser les unités kurdes syriennes de Kobané
La Turquie et la Russie sont en train de négocier pour organiser une opération militaire, qui serait menée par la Turquie, dans la ville frontalière syrienne de Kobané afin d’y éliminer les unités kurdes syriennes des YPG (Unités de protection du peuple), ont révélé à Middle East Eye des sources proches des pourparlers.
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a prévenu le mois dernier qu’Ankara avait perdu patience en raison des attaques sporadiques des YPG contre les forces turques et les zones sous contrôle turc dans le nord de la Syrie.
« Nous sommes déterminés à éliminer les menaces en provenance de la Syrie par nos propres moyens », a-t-il déclaré. « Nous prendrons les mesures nécessaires dès que possible. »
Ankara considère les YPG comme un groupe « terroriste » en raison de ses liens directs avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (le PKK, en conflit avec Ankara depuis 1984), les États-Unis et l’Union européenne.
Kobané a été le théâtre d’une bataille majeure entre les YPG et le groupe État islamique (EI), au cours de laquelle le groupe kurde soutenu par des frappes aériennes américaines a repoussé l’EI fin 2014 et début 2015. Depuis 2012, la ville est tenue par les YPG.
En 2019, Ankara et Moscou avaient déjà signé un accord par lequel la Russie s’était engagée à chasser les forces des YPG de la zone frontalière, une promesse qui n’a pas été tenue par Moscou, selon des responsables turcs.
La Russie maintient la pression
Aujourd’hui, la Turquie veut fermer la partie ouest de la frontière en s’emparant de Kobané et en reliant les zones qu’elle contrôle, à savoir Jarablous et Tall Abyad.
Des sources ont précisé à MEE que selon le projet d’accord en négociation, la Russie maintiendrait sa présence à Kobané tandis qu’Ankara prendrait les zones environnantes en direction de l’autoroute stratégique M4, qui serait conjointement contrôlé par les Turcs et les Russes.
La Turquie se chargerait également de la sécurité de la base russe de Sarrine et la Russie s’assurerait que les combattants des YPG se retireraient vers le sud.
Selon les mêmes sources, la Russie souhaiterait que la Turquie fasse des concessions sur Idleb, où Moscou lorgne sur Ariha, la ville syrienne qui se trouve sur l’autoroute M4. Ankara n’a pas encore exprimé clairement son accord pour céder du terrain à Idleb.
Pendant ce temps, la Russie maintient sa pression sur la Turquie : le week-end dernier, des avions russes ont frappé le quartier général de l’Armée nationale syrienne (ANS), un rassemblement de groupes d’opposition soutenus par la Turquie, dans la région d’Afrin, à quelques kilomètres seulement de la frontière turque.
Les Russes ont également déployé quatre chasseurs Su-35 à l’aéroport de Qamichli jeudi 28 octobre en indiquant qu’ils étaient opposés à toute éventuelle opération turque dans cette zone.
Des sources sécuritaires turques ont indiqué qu’Ankara était également intéressé par la poche de Tall Rifaat contrôlée par les YPG dans le nord d’Alep, où des tirs de roquettes et des attaques occasionnelles ont tué ou blessé plusieurs soldats turcs et membres de l’ANS. Mais « ce que la Russie propose, ce sont des patrouilles conjointes dans la région », a ajouté l’une des sources.
Traduit partiellement de l’anglais (original).
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