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Emprisonné en Israël, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri entame une grève de la faim

Salah Hamouri fait partie des 30 détenus administratifs en grève de la faim pour protester contre leur détention sans inculpation par Israël
L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri est maintenu en détention administrative depuis mars 2022
Par MEE

Salah Hamouri, avocat franco-palestinien de premier plan spécialiste des droits de l’homme, a entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention sans inculpation par Israël au cours des six derniers mois.

Arrêté le 7 mars à son domicile dans le quartier de Kufr Aqab, à Jérusalem-Est occupée, Salah Hamouri (37 ans) est depuis lors maintenu en détention administrative – une politique israélienne abondamment employée contre les Palestiniens pour les maintenir en détention sans inculpation ni jugement pendant des périodes pouvant aller jusqu’à six mois, renouvelables indéfiniment.

L’avocat fait partie des 30 détenus administratifs palestiniens ayant entamé dimanche une grève de la faim pour protester contre cette pratique controversée.

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« Nous poursuivrons notre lutte, conscients de ce qui nous attend : répression, abus, isolement, confiscation de nos vêtements et des photos de nos enfants, dans des cellules en béton dépourvues de tout, sauf de nos corps et de notre douleur », ont déclaré les prisonniers dans un communiqué annonçant leur grève de la faim. 

« Nous avons à peine assez d’air pour respirer. »

Israël a prolongé la détention de Salah Hamouri une première fois en juin pour des liens présumés avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ce qu’il dément. Le 5 septembre, sa détention a été prolongée de trois mois supplémentaires.

Chercheur auprès de l’ONG Addameer qui défend les droits des prisonniers palestiniens, Salah Hamouri a passé au total huit ans dans les prisons israéliennes à différentes périodes pour son activisme politique. En 2005, Israël l’a condamné à sept ans d’emprisonnement pour un prétendu complot du FPLP visant à assassiner un rabbin d’extrême droite, Ovadia Yosef, une accusation qu’il a niée.

« Le sentiment le plus exécrable »

En octobre 2021, les autorités israéliennes ont révoqué son permis de résidence à Jérusalem-Est, lui refusant le droit de vivre dans sa ville natale, dont Israël a pris le contrôle en 1967.

De nombreux résidents palestiniens des quartiers de Jérusalem-Est occupée refusent la citoyenneté israélienne et possèdent un permis de résidence délivré par le ministère israélien de l’Intérieur. Israël peut toutefois révoquer ce statut de résident et obliger ainsi les Palestiniens à quitter leur foyer.

La campagne #JusticeforSalah a indiqué mercredi que Salah Hamouri, qui est détenu dans la prison de haute sécurité de Hadarim, a été placé à l’isolement dans une cellule de deux mètres sur deux, sans fenêtre et avec un matelas de 10 cm d’épaisseur. 

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« L’occupation ne nous considère pas, ni ne nous traite, comme des êtres humains ayant le droit de vivre comme le fait toute personne libre. Au lieu de cela, elle fait tout ce qu’elle peut pour étouffer la pseudo-vie que nous, Palestiniens, menons hors des murs de la prison », écrivait Salah Hamouri dans un article d’opinion pour Middle East Eye rédigé en juillet depuis sa cellule. 

« Le sentiment le plus exécrable, c’est la condition d’attente, magnifiée à l’intérieur de la prison », ajoutait-il, évoquant « l’usure progressive de l’esprit en prison ».

Son épouse française Elsa Lefort ainsi que leurs deux enfants, qui vivent en France, n’ont pas été autorisés à rendre visite à Salah Hamouri ni à lui parler au téléphone depuis son arrestation.

Actuellement, 743 Palestiniens sont en détention administrative, soit le chiffre le plus élevé depuis six ans, selon Addameer

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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