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Israël s’apprête à faire venir 10 000 Indiens pour des emplois traditionnellement occupés par des Palestiniens

L’afflux de travailleurs indiens en Israël serait un signe tangible des répercussions sur la vie quotidienne des Palestiniens de la coopération avec New Delhi
Une banderole électorale du Likoud, parti du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, montre ce dernier serrant la main du Premier ministre indien Narendra Modi, le 28 juillet 2019 à Tel Aviv (AFP)
Par MEE

Israël s’apprête à faire venir 10 000 travailleurs indiens pour occuper des postes dans les secteurs de la construction et des soins infirmiers, signe de l’approfondissement de la coopération économique et politique avec New Delhi, selon plusieurs sites d’information en hébreu.

Ces derniers indiquent que les travailleurs arriveront par étapes et que 2 500 emplois dans la construction et les soins infirmiers sont prévus. L’accord final est toujours en cours d’élaboration entre les responsables israéliens et indiens.

« Nous nous attendons à ce que les accords soient approuvés d’ici peu, et nous pourrons bientôt commencer à mettre en place les mécanismes nécessaires pour employer une main-d’œuvre qualifiée de manière appropriée et supervisée », a déclaré un porte-parole du ministère israélien de la Population et de l’Immigration.

Les pourparlers font suite à la visite du ministre des Affaires étrangères Eli Cohen début mai en Inde, où il a signé un accord avec son homologue indien Subrahmanyam Jaishankar pour faire venir quelque 42 000 travailleurs indiens en Israël, dont 34 000 sont destinés à la construction et 8 000 aux soins aux personnes âgées.

Des responsables israéliens auraient visité des centres de formation en Inde en mars avant les pourparlers. L’Autorité israélienne de la population et de l’immigration a décrit les travailleurs indiens comme diligents, expérimentés et parlant couramment anglais.

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Israël et l’Inde ont forgé des liens plus étroits ces dernières années. En janvier, le groupe indien Adani a acquis une participation de 70 % dans le port de Haïfa, désormais privatisé, pour 1,2 milliard de dollars. Les deux pays font également partie des efforts américains visant à approfondir la sécurité et la coopération économique avec les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

Washington promeut un plan de création d’un vaste réseau d’infrastructures qui relierait les pays du Golfe et arabes à l’Inde via des voies ferrées et maritimes. Le principal conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden a rencontré le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et des responsables indiens et émiratis à ce sujet ce mois-ci.

Mais l’afflux de travailleurs indiens serait surtout l’un des signes les plus tangibles des répercussions sur la vie quotidienne en Israël de la coopération avec New Delhi.

Environ 100 000 Palestiniens de Cisjordanie occupée et de Gaza travaillent légalement en Israël, la majeure partie dans le secteur de la construction. Ils sont souvent confrontés à des conditions de travail dangereuses et à l’exploitation. Près de la moitié des travailleurs de Cisjordanie sont obligés de payer environ 2 500 shekels (746 dollars) par mois à des courtiers pour obtenir des permis de travail.

Par ailleurs, les citoyens palestiniens d’Israël ont également été victimes de discrimination pour leurs actions politiques. En 2021, lorsqu’Israël et les territoires palestiniens occupés ont connu des manifestations de masse, des centaines de travailleurs ont été licenciés par des employeurs israéliens pour avoir participé à une grève générale.

Israël se sert aussi régulièrement de la délivrance de permis de travail pour exercer une influence et un contrôle sur l’économie palestinienne, selon des experts.

Les responsables indiens ont cité les politiques d’Israël vis-à-vis des Palestiniens comme modèle pour leur contrôle du Cachemire, où New Delhi a été accusé de mener une campagne d’expulsion massive des musulmans afin de modifier les caractéristiques démographiques de la vallée contestée.

Traduit de l’anglais (original).

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