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Israël sponsorise des publicités Google qualifiant Amnesty International d’« antisémite »

Des publicités critiquant l’organisation de défense des droits de l’homme apparaissent avant les résultats de recherche sur Google lorsqu’on saisit Amnesty International
Selon Amnesty, Israël a mis en place « un système de ségrégation et de discrimination institutionnalisées à l’égard des Palestiniens » (AFP)
Selon Amnesty, Israël a mis en place « un système de ségrégation et de discrimination institutionnalisées à l’égard des Palestiniens » (AFP)

Le ministère israélien des Affaires étrangères a financé une publicité pour qu’elle apparaisse avant les résultats de recherches sur Google lorsqu’on tape Amnesty International. Et cette publicité fustige l’organisation de défense des droits de l’homme qu’elle qualifie d’« antisémite ».

Depuis la publication la semaine dernière d’un rapport d’Amnesty dépeignant Israël comme un État d’apartheid, le gouvernement israélien mène une campagne médiatique contre l’organisation. Selon lui, ce rapport de 280 pages est « rempli de mensonges ».

Capture d’écran faisant apparaître la publicité financée par Israël dans la recherche Google
Capture d’écran faisant apparaître la publicité financée par Israël dans la recherche Google

Cette publicité sur Google redirige les lecteurs vers une page qui estime qu’Amnesty « n’est qu’une organisation radicale de plus se faisant l’écho de la propagande, sans vérifier les faits » et prétend qu’« au lieu de chercher les faits, Amnesty cite les mensonges propagés par les organisations terroristes ».

Cette page contient également des dizaines d’articles publiés sur des médias américains et israéliens présentant la « diversité » culturelle d’Israël, avec d’autres articles discréditant le rapport « mensonger » d’Amnesty.

Elle comprend également une vidéo mettant l’accent sur les noms et visages des citoyens palestiniens d’Israël, issus des communautés musulmane et druze, faisant partie de l’actuel gouvernement israélien du Premier ministre Naftali Bennett.

« Réaction hystérique »

Via un système connu sous le nom de paiement par clic (Pay-Per-Click, PPC), les publicitaires peuvent utiliser des mots-clés Google pour faire apparaître leur publicité avant les résultats du moteur de recherche et sont facturés à chaque fois qu’un internaute clique dessus.

La publicité du gouvernement israélien apparaît la plupart du temps lorsqu’on saisit Amnesty International dans le moteur de recherche. 

Mark Owen Jones, universitaire et spécialiste de la désinformation numérique, a tweeté qu’un autre groupe pro-Israël appelé StandWithUs avait également propulsé « une autre Google Ad s’attaquant à Amnesty ».

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Toutefois, ajoute-t-il, « lorsque vous cliquez sur le lien, cela vous redirige vers une pétition à propos de l’ONU. C’est assurément trompeur/une récupération ? #désinformation. »

Anshel Pfeffer, analyste israélien médiatisé, qualifie d’« hystérique » la réaction du gouvernement israélien vis-à-vis du rapport d’Amnesty, suggérant dans Haaretz, pour lequel il écrit, que le gouvernement aurait dû laisser ce rapport disparaître de lui-même au lieu de s’embarquer dans une « attaque en règle contre Amnesty ».

Dans ce rapport, Amnesty estime que le « système israélien de ségrégation et de discrimination institutionnalisées à l’égard des Palestiniens, en tant que groupe racial, dans tous les domaines sous son contrôle équivaut à un système d’apartheid et à une sérieuse violation des obligations d’Israël en matière de droits de l’homme ».

L’organisation affirme que les près de deux millions de citoyens palestiniens d’Israël et les cinq millions de Palestiniens à Jérusalem-Est occupée, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza assiégée sont victimes de ce « régime d’apartheid ».

Middle East Eye n’avait reçu aucun commentaire de la part d’Amnesty International ou du ministère israélien des Affaires étrangères au moment de la publication.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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