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Jérusalem : des Palestiniens agressés par des ultra-nationalistes israéliens lors de la Marche des drapeaux

Des Palestiniens ont été frappés et aspergés de gaz poivré par des Israéliens qui scandaient « Mohammed est mort ! » lors de cette marche de l’extrême droite dans le quartier musulman de la vieille ville
Aida Saidawi, une Palestinienne d’une cinquantaine d’années, lors d’une altercation avec un colon israélien dans la vieille ville de Jérusalem, le 29 mai 2022 (MEE/Haaretz/Ohad Zwigenberg)

Des ultra-nationalistes israéliens et des membres des forces de police ont attaqué des Palestiniens dimanche à Jérusalem-Est occupée, alors que des milliers de participants à la « Marche des drapeaux », un rassemblement d’extrême droite controversé, traversaient le quartier musulman de la vieille ville en scandant des insultes racistes et islamophobes.

Au moins 79 Palestiniens ont été blessés à Jérusalem, parmi lesquels 28 ont été hospitalisés, a déclaré le Croissant-Rouge palestinien (CRP). Les blessures ont été causées par des tirs de balles en acier recouvertes de caoutchouc, des coups et des projections de gaz poivré. En Cisjordanie, on compte également 163 blessées, dont 20 par des tirs à balles réelles. 

Le Croissant-Rouge palestinien a également rapporté que ses médecins avaient été agressés par la police à proximité de la porte de Damas à Jérusalem alors qu’ils tentaient d’atteindre les blessés. 

Sur des images mises en ligne, des colons agressent et aspergent de gaz poivré une Palestinienne âgée d’une cinquantaine d’années.

Habitante de la vieille ville et activiste, Aida Saidawi a été emmenée pour recevoir des soins après l’agression, qui a provoqué des échauffourées entre Palestiniens et Israéliens. 

Alors qu’elle était évacuée par la porte de Damas, un autre colon israélien a aspergé un passant de gaz poivré et un homme a été aperçu en train de pointer une arme vers la foule en panique, comme le montre une autre vidéo. Un policier est alors intervenu sans l’arrêter. 

Saidawi a ensuite déclaré à Al Jazeera Arabic qu’elle scandait des slogans propalestiniens avant d’être agressée par les hommes israéliens.

Dans d’autres vidéos, des colons font obstacle à des journalistes dans la vieille ville ou affrontent des Palestiniens

À l’extérieur de la vieille ville, une manifestation palestinienne dans la rue Salah ad-Din a été violemment dispersée par les forces israéliennes. Au moins 56 personnes ont été arrêtées, selon le Club des prisonniers palestiniens.

Dans le quartier de Sheikh Jarrah, au nord de la vieille ville, des maisons et des propriétés palestiniennes ont été attaquées par un groupe de colons israéliens, ce qui a donné lieu à des affrontements avec des habitants.

Au même moment, des Palestiniens se sont rassemblés aux quatre coins de la Cisjordanie occupée et de la bande de Gaza pour afficher leur solidarité avec Jérusalem et protester contre les raids israéliens visant la mosquée al-Aqsa. 

Les soldats israéliens ont fait usage de tirs à balles réelles, de balles en acier recouvertes de caoutchouc et de grenades assourdissantes pour disperser la foule à Naplouse, Hébron, al-Bireh, Jéricho, Tulkarem et dans d’autres villes de Cisjordanie. 

« Nous resterons ici »

Interrogée par Middle East Eye avant son agression, Aida Saidawi se disait peinée par l’irruption d’Israéliens à la mosquée al-Aqsa durant la matinée.

« Nous savons qu’al-Aqsa est uniquement pour les musulmans, et nous ne la lâcherons pas, quel qu’en soit le prix », soutenait-elle. « Nous resterons ici, dans nos mosquées, nos rues, nos maisons. »

Selon un décompte de la police, plus de 2 600 militants d’extrême droite et colons israéliens ont pris d’assaut la mosquée al-Aqsa plus tôt dans la journée de dimanche avant d’effectuer des prières collectives et de hisser le drapeau israélien, en violation d’accords internationaux vieux de plusieurs décennies qui stipulent que seuls les musulmans sont autorisés à prier à al-Aqsa. 

Des drapeaux israéliens hissés dans les cours de la mosquée al-Aqsa pour la première fois de mémoire récente (capture d’écran/Twitter)
Des drapeaux israéliens hissés dans les cours de la mosquée al-Aqsa pour la première fois de mémoire récente (capture d’écran/Twitter)

Après le raid, des groupes d’Israéliens ont défilé dans la vieille ville en brandissant des drapeaux avant de se rassembler devant la porte de Damas, l’une des principales entrées menant à al-Aqsa.

Aux alentours de 18 heures, heure locale, des dizaines de milliers d’Israéliens d’extrême droite ont entamé la marche en partant de la partie occidentale de Jérusalem pour se diriger vers le mur des Lamentations, où les célébrations se sont poursuivies jusque tard dans la soirée. Selon la police israélienne, 70 000 personnes ont participé à la marche.

Une grande partie d’entre eux ont traversé la vieille ville en deux groupes par la porte de Jaffa et la porte de Damas.

La Marche des drapeaux, organisée dans le cadre de la « Journée de Jérusalem », fête commémorant l’occupation de la ville après la guerre des Six Jours en 1967, est un défilé d’extrême droite où sont fréquents les épisodes de violence contre les Palestiniens. L’ONG israélienne Ir Amim le qualifie d’« étalage d’incitation à la haine, de domination juive et de racisme ».

Dimanche, outre le slogan islamophobe « Mohammed est mort ! » souvent scandé lors de ces marches, on a également entendu « Mort aux Arabes ! » et « Shireen est morte ! », en référence à la journaliste d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh, tuée par des soldats israéliens le 11 mai.

Les autorités israéliennes ont contraint les commerçants palestiniens de la vieille ville à fermer boutique avant la marche, tandis que les habitants du quartier musulman ont été priés de rester chez eux et que l’accès au quartier a été interdit aux autres Hiérosolymites.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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