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Le Maroc élu à la présidence du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, un choix controversé

Les ONG marocaines et internationales dénoncent régulièrement la répression qui vise des journalistes et des militants des droits humains au Maroc et au Sahara occidental
L’ambassadeur Omar Zniber a obtenu 30 voix des 47 membres du Conseil contre 17 pour l’autre prétendant à ce poste, l’ambassadeur sud-africain, Mxolisi Nkosi (X/@UNGeneva)
L’ambassadeur Omar Zniber a obtenu 30 voix des 47 membres du Conseil contre 17 pour l’autre prétendant à ce poste, l’ambassadeur sud-africain, Mxolisi Nkosi (X/@UNGeneva)
Par MEE

« Regrettable. » « Une blague. » « Une honte. » Plusieurs voix se sont élevées contre l’élection à la présidence du Conseil des droits de l’homme du représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU à Genève, mercredi 10 janvier.

L’ambassadeur Omar Zniber a obtenu 30 voix des 47 membres du Conseil contre 17 pour l’autre prétendant à ce poste, l’ambassadeur sud-africain, Mxolisi Nkosi. Omar Zniber, un diplomate de carrière, est représentant permanent du Maroc auprès de l’Office des Nations unies à Genève depuis 2018. 

Le groupe africain, dont c’était le tour cette année de présenter le candidat à la présidence du Conseil des droits de l’homme, n’avait pas réussi à se mettre d’accord sur un seul nom.

À Rabat, le ministère des Affaires étrangères s’est félicité de « l’élection du royaume, à la faveur de l’adhésion d’un grand nombre de pays de toutes les régions du monde, et malgré la mobilisation de l’Algérie et de l’Afrique du Sud pour la contrer ».

Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021 pour protester contre la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Mais les deux pays sont en litige depuis de nombre années sur le dossier du Sahara occidental. L’Algérie, appuyée par l’Afrique du Sud, réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU, tandis que Rabat revendique sa souveraineté sur le territoire contesté.

Alors que la diplomatie marocaine s’est félicitée que le royaume ait été « brillamment » élu, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, spécialiste du Maghreb, a rappelé que dans les prisons marocaines, se trouvent des journalistes, des militants des droits de l’homme et des indépendantistes sahraouis.

Adnane Filali, youtubeur marocain ayant obtenu le statut de réfugié politique en Chine, s’interroge aussi sur X sur les raisons d’un tel choix.

Des ONG marocaines et internationales dénoncent régulièrement la répression qui vise des journalistes et des militants des droits humains au Maroc et au Sahara occidental.

« Les autorités ont continué d’écraser la dissidence, de disperser des manifestations pacifiques et de restreindre les activités de plusieurs organisations qui faisaient selon elles partie de l’opposition », a rapporté Amnesty International en 2023.

Un choix contesté par le Sahara occidental

Un constat qui rejoint celui de Human Rights Watch (HRW) : « Les autorités marocaines continuent d’exercer une répression contre les journalistes, les activités, les commentateurs des médias sociaux et les artistes qui critiquent la monarchie. Malgré un code de la presse ne prévoyant pas des peines de prison en tant que sanction, les autorités continuent de recourir aux articles du code pénal pour emprisonner les détracteurs. Des lois restreignant les libertés individuelles restent en vigueur. »

Les groupes de défense regrettent aussi la « répression » exercée contre les migrants d’Afrique subsaharienne qui tentent de passer dans l’enclave espagnole de Melilla et les activistes soutenant l’autodétermination sahraouie.

Lundi 8 janvier, avant l’élection, le représentant de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Suisse et auprès des Nations unies et des organisations internationales à Genève, Oubi Bouchraya Bachir, avait indiqué que le Maroc ne pouvait pas présider le Conseil des droits de l’homme de l’ONU au nom de l’Afrique, en raison notamment de « son statut d’occupant militaire au Sahara occidental et de son refus de ratifier la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ».

Selon Omar Zniber, cette élection est « un signal fort » pour le Maroc, « émis par la communauté internationale en faveur de sa démarche constructive, et son leadership rassembleur sur des sujets clefs comme ceux du dialogue interreligieux, de la tolérance et de la lutte contre la haine raciale, du droit à un environnement sain et durable, des droits des migrants et de l’impact des nouvelles technologies ».

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