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Le Drian à Beyrouth pour marteler : « Aidez-nous à vous aider, bon sang ! »

La visite du ministre français des Affaires étrangères intervient dans un contexte explosif au Liban, qui vit la pire crise économique de son histoire
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à Beyrouth, le 23 juillet 2020 (AFP)
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à Beyrouth, le 23 juillet 2020 (AFP)

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, entame ce jeudi 23 juillet une visite de deux jours au Liban en crise, premier déplacement ces derniers mois d’un haut responsable occidental dans le pays en plein naufrage économique, qui espère des aides internationales.

En début de journée, le numéro deux du gouvernement français a été reçu par le président Michel Aoun au Palais présidentiel de Baabda, à l’est de Beyrouth. Tout sourire, les deux hommes ont échangé une poignée de main cordiale avant de débuter leurs échanges qui ont duré un peu plus d’une demi-heure.

Jean-Yves Le Drian va aussi s’entretenir avec le Premier ministre Hassan Diab, puis le chef du Parlement Nabih Berri, selon l’ambassade de France. Une déclaration à la presse est prévue dans l’après-midi après un entretien avec son homologue libanais, Nassif Hitti.

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Le quotidien Al-Akhbar a révèle que des contacts entre les Français et le Hezbollah, en prévision de la visite de Le Drian, laissaient croire à une possible rencontre avec une délégation du parti libanais.

Cette visite intervient dans un contexte explosif au Liban, qui vit la pire crise économique de son histoire, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une flambée des prix, des licenciements à grande échelle et des restrictions bancaires sur les retraits et les transferts à l’étranger.

Près de la moitié de la population libanaise vit dans la pauvreté et 35 % de la population active est au chômage, selon des statistiques officielles.

Le ras-le-bol a déclenché en octobre 2019 un soulèvement populaire inédit contre l’intégralité d’une classe politique accusée de corruption et d’incompétence, quasi inchangée depuis des décennies.

Évoquant le Liban il y a quelques jours déjà, Jean-Yves Le Drian n’avait pas mâché ses mots.

« Aujourd’hui, il y a un risque d’effondrement. Il faut que les autorités libanaises se ressaisissent, et je me permets de dire ici à nos amis libanais : ‘’Vraiment nous sommes prêts à vous aider mais aidez-nous à vous aider, bon sang !’’ », avait lancé le 8 juillet le chef de la diplomatie française devant le Sénat à Paris.

Dix milliards de dollars d’aide du FMI

Une source diplomatique a révélé à L’Orient-Le Jour « que le ministre va ‘’réitérer son message de fermeté aux autorités libanaises’’ et insister une nouvelle fois ‘’sur la nécessité, voire l’urgence, de mettre en place des réformes’’ car ‘’on n’a plus le luxe d’attendre’’ ». 

Le petit pays du Moyen-Orient, en défaut de paiement, a adopté un plan de relance fin avril et promis des réformes.

Pour obtenir une aide financière, les autorités ont également entamé des négociations à la mi-mai avec le Fonds monétaire international (FMI). Deux mois plus tard, le processus est toujours au point mort.

À ce jour, Beyrouth espère environ dix milliards de dollars d’aide du FMI.

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Cette aide est cruciale pour les autorités car elle pourrait aider à rétablir la confiance des créanciers. Et permettre de débloquer onze milliards de dollars promis en 2018 lors d’une conférence de soutien au Liban parrainée par Paris (CEDRE).

Jean-Yves Le Drian doit s’entretenir avec le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï. Vendredi, il se rendra à l’hôpital Rafic Hariri à Beyrouth, principal établissement public mobilisé dans la lutte contre le nouveau coronavirus.

Il tiendra également vendredi une réunion sur l’éducation francophone avec les chefs d’établissements des écoles francophones, touchées de plein fouet par la crise économique et menacées pour certaines de fermeture.

Sur ce dossier, la France, ancienne puissance mandataire (1920-1943), a déjà décidé de débourser dans l’urgence une douzaine de millions d’euros dans les prochains mois.

Il s’agit pour le Liban de la première visite d’un haut responsable politique occidental depuis la pandémie mondiale du nouveau coronavirus qui a considérablement réduit les déplacements à travers le monde.

Le 8 juillet, le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central de l’armée américaine qui couvre le Moyen-Orient, s’était rendu au Liban où il a rencontré le président Aoun notamment.

Hier, mercredi, le ministre d’État britannique pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, James Cleverly, avait effectué sa première « visite virtuelle » au Liban, selon l’ambassade britannique au Liban

« Son programme est chargé de réunions avec des officiels libanais, des partenaires de l’UKaid et des bénéficiaires. Réforme, économie et sécurité sont en tête de l’agenda », écrit l’ambassade. 

Enfin, et selon L’Orient-Le-Jour, la visite de Le Drian a été précédée, la veille, par un sit-in au centre-ville de Beyrouth pour réclamer la libération du Libanais Georges Ibrahim Abdallah, l’un des plus vieux détenus de France, condamné à perpétuité en 1987 pour complicité d’assassinat de deux diplomates.

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