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À Beyrouth, les partisans de Rafiq Hariri déçus par le verdict

Une Libanaise passe devant la tombe du Premier ministre libanais assassiné Rafiq Hariri dans le centre-ville de Beyrouth le 30 juin 2011 (AFP)
Par AFP à Beyrouth, Liban

Les partisans de l’ex-Premier ministre libanais Rafiq Hariri ont exprimé leur déception mardi à Beyrouth à l’annonce du verdict du Tribunal spécial pour le Liban dans le procès sur son assassinat, un jugement salué en revanche par son fils Saad Hariri

Après un procès ayant duré six ans, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a reconnu coupable mardi un seul des quatre accusés, membres présumés du Hezbollah libanais pro-iranien, de l’attentat suicide en 2005 à Beyrouth qui a tué l’ancien Premier ministre Rafiq Hariri et 21 autres personnes.

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Les juges ont toutefois déclaré ne disposer d’aucune preuve permettant d’établir un lien direct entre l’attentat et la Syrie, puissance de tutelle au Liban au moment de l’assassinat, ou le Hezbollah, pointés du doigt depuis quinze ans dans ce meurtre par de nombreux Libanais.

« En fin de compte, les accusés sont des dirigeants du Hezbollah », a affirmé à l’AFP Amine Baroudi, un étudiant originaire de Tripoli (Nord). « Moi, et mes futurs enfants, resterons convaincus que ceux qui ont commis le crime étaient affiliés au Hezbollah et n’ont pas pris la décision de leur propre chef. »

Le jeune homme a suivi en direct l’annonce du verdict près de la tombe de Hariri, dans le centre de Beyrouth, avec des dizaines d’autres partisans de l’ex-Premier ministre. 

Des députés se sont également recueillis sur la tombe de Rafiq Hariri, parmi lesquels sa sœur, Bahia.

« Injuste pour beaucoup de Libanais »

« Nous sommes désormais convaincus que ce tribunal est une mascarade », a déploré Walid al-Hayek, venu lui de la Bekaa (Est).

Le verdict est « injuste pour beaucoup de Libanais », a affirmé Ahmed Lakkis, originaire de la ville côtière de Byblos, au nord de Beyrouth, mais « une décision rendue par un tribunal international doit être respectée ».

L’analyste Karim Bitar, professeur en relations internationales à Paris (IRIS) et Beyrouth, a écrit sur Twitter que les soutiens du Hezbollah, « qui remettent en question la légitimité du tribunal depuis quinze ans, semblent à l’aise avec le verdict ».

« Nous avons tous découvert la vérité aujourd’hui »

- Saad Hariri, fils du dirigeant assassiné et ancien Premier ministre

Mais les partisans de Hariri « qui attendaient désespérément ‘’la vérité et la justice’’ semblent déprimés », a-t-il ajouté.

Saad Hariri, fils du dirigeant assassiné et ancien Premier ministre, a jugé que le verdict démontre l’objectivité du tribunal et une « grande crédibilité ». « Nous avons tous découvert la vérité aujourd’hui. »

La semaine dernière, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé qu’il ne se sentirait pas concerné par le verdict du TSL. « Si nos frères sont condamnés injustement, comme nous nous y attendons, nous resterons attachés à leur innocence. »

Le Hezbollah, qui a rejeté toute responsabilité dans l’assassinat, a refusé de livrer les suspects malgré plusieurs mandats d’arrêt émis par le TSL.

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