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Libye : 55 morts dans les pires combats entre groupes armés depuis un an

Les affrontements à Tripoli ont démarré après l’arrestation lundi du colonel Mahmoud Hamza, commandant de la Brigade 444, par la Force al-Radaa – deux influents groupes armés dans la banlieue de la capitale libyenne
De la fumée s’élève au milieu d’affrontements entre des groupes armés affiliés au Gouvernement d’entente nationale basé à Tripoli, dans la capitale libyenne, le 15 août 2023 (AFP/Mahmud Turkia)
Par AFP

Des combats violents qui ont opposé de lundi jusqu’à mardi soir deux influents groupes armés – la Brigade 444 et la Force al-Radaa – dans la banlieue de la capitale libyenne ont fait au moins 55 morts et 146 blessés, selon un nouveau bilan communiqué mercredi par Malek Mersit, porte-parole du Centre de médecine d’urgence, à la chaîne libyenne Libya al-Ahrar. 

Selon la même source, 234 familles ont pu être secourues et extraites de zones de combats au sud de la capitale, ainsi que plusieurs dizaines de médecins ou infirmiers étrangers, bloqués.

Trois hôpitaux de campagne et une soixantaine d’ambulances ont été mobilisés pour secourir les blessés et évacuer les civils vers des zones plus sûres. Les vols ont dû être suspendus à l’aéroport de Mitiga, seul aéroport civil dans la capitale, et les avions évacués provisoirement du tarmac.

Les combats ont démarré après l’arrestation lundi du colonel Mahmoud Hamza, commandant de la Brigade 444, par la Force al-Radaa. Aucune information n’a été donnée sur les raisons de son arrestation.

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Tard mardi, le « conseil social », formé de notables et personnalités influentes de Soug el-Joumaa, secteur du sud-est de Tripoli et fief de la Force al-Radaa, a annoncé être parvenu à un accord avec le chef du gouvernement siégeant à Tripoli, Abdel Hamid Dbeibah, pour transférer le colonel Mahmoud Hamza à une « partie neutre », sans la nommer.

Dans un communiqué lu à la télévision par son doyen, ce conseil a indiqué qu’une désescalade et un cessez-le-feu suivront cette mesure, ce qui a permis un retour au calme dans la nuit de mardi à mercredi à Tripoli.

Les combats à l’arme lourde et à l’arme automatique avaient éclaté dans la nuit de lundi à mardi et se sont poursuivis jusqu’à mardi soir entre la Brigade 444 et la Force al-Radaa, dans plusieurs secteurs des banlieues sud-est de la capitale libyenne avec des tirs aveugles qui ont touché des zones habitées.

Ces deux groupes sont parmi les plus influents à Tripoli où siège l’un des deux gouvernements qui se disputent le pouvoir.

« L’ampleur des dégâts »

Accompagné de son ministre de l’Intérieur, Imed Trabelsi, le Premier ministre, Abdel Hamid Dbeibah, s’est rendu dans la nuit à Ain Zara, l’un des secteurs du sud-est de Tripoli les plus touchés par les affrontements.

Sillonnant à pied les rues plongées dans l’obscurité de ce quartier densément peuplé, Dbeibah a « constaté l’ampleur des dégâts » avant de donner des instructions pour que soient recensés les « dégâts matériels afin de dédommager les citoyens », selon le centre média du gouvernement sur Facebook. 

De son côté, le ministère de l’Intérieur a mis en place un dispositif de sécurité pour superviser le cessez-le-feu et déployer des forces dans les secteurs les plus tendus de la ville.

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Les vols commerciaux, déviés vers Misrata, à 200 km plus à l’est, n’avaient toujours pas repris mercredi matin à Tripoli.

La Libye tente de s’extraire de plus d’une décennie de chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par des divisions alimentées par la prolifération de groupes armés aux allégeances mouvantes et par les ingérences étrangères.

Deux gouvernements s’y disputent le pouvoir depuis plus d’un an : l’un installé à Tripoli (ouest) dirigé par Abdel Hamid Dbeibah et reconnu par l’ONU, l’autre dans l’est, soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar.

Mardi, la mission de l’ONU en Libye a dit, dans un communiqué, « suivre avec inquiétude » les événements et « leur impact sur les civils », appelant à une « désescalade immédiate », au « dialogue » et à « préserver les progrès accomplis sur le plan de la sécurité ces dernières années ».

Des communiqués des ambassades des États-Unis, du Royaume Uni, de la France, de l’Italie et de l’Union européenne ont fait écho aux appels de la Manul pour une cessation des hostilités.

Par Rim Taher à Tripoli.

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