Une enquête de l’ONU révèle que l’Union européenne a « aidé » les crimes contre l’humanité en Libye
Selon une mission d’enquête de l’ONU, l’Union européenne (UE) « a aidé et encouragé » les crimes des autorités libyennes contre les migrants.
Un nouveau rapport de l’ONU sera publié et présenté au Conseil des droits de l’homme cette semaine. Il révèle que des crimes contre l’humanité auraient été perpétrés contre des migrants dans des centres de détention.
Le rapport est basé sur des entretiens avec 400 personnes, dont des migrants et des témoins, ainsi que sur des photos et des vidéos.
On estime qu'environ la moitié des embarcations de migrants en Méditerranée centrale sont interceptées par les garde-côtes libyens, eux-mêmes financés et formés par l'Union européenne. Une fois ramenés en Libye, les migrants sont placés dans des prisons qui sont un enfer. 1/.. https://t.co/EDOBlCBamc
— François Gemenne (@Gemenne) February 21, 2022
« Bien que nous ne disions pas que l’UE et ses États membres ont commis ces crimes, le fait est que le soutien apporté a aidé et encouragé la commission des crimes », a déclaré Chaloka Beyani, l’un des membres de la mission indépendante.
L’UE et les États membres ont soutenu et formé les garde-côtes libyens, qui renvoient les migrants dans des centres de détention. Ils ont également financé des programmes de gestion des frontières libyennes.
La grande majorité des personnes qui tentent de traverser la Méditerranée passent par la Libye déchirée par la guerre. Selon Human Rights Watch (HRW), 32 450 personnes ont été interceptées par les forces libyennes en 2021 et « ramenées à la détention arbitraire et aux abus » dans le pays.
« Consolidation du pouvoir et de la richesse par les milices »
La mission de l’ONU a déclaré qu’elle transmettrait toute preuve de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à la Cour pénale internationale (CPI). Selon la mission, des milices ont commis des meurtres, des viols, des réductions en esclavage, des exécutions judiciaires et des disparitions forcées.
« Les violations et les abus sur lesquels enquête la mission étaient principalement liés à la consolidation du pouvoir et de la richesse par les milices et d’autres groupes affiliés à l’État », indique le rapport.
« La traite, l’esclavage, le travail forcé, l’emprisonnement, l’extorsion et le trafic de migrants vulnérables ont généré des revenus importants pour les individus, les groupes et les institutions étatiques. »
En 2022, l’UE a été critiquée pour avoir utilisé un drone pour aider les forces libyennes à intercepter des bateaux transportant des migrants en Méditerranée.
Le drone, qui opérait à partir de Malte, membre de l’UE, a joué un « rôle crucial » dans la détection des bateaux quittant la Libye, une information que l’agence frontalière de l’UE, Frontex, transmet ensuite aux garde-côtes libyens, a déclaré HRW.
« Frontex affirme que la surveillance est destinée à aider au sauvetage, mais les informations facilitent les interceptions et les retours en Libye... [malgré] des preuves accablantes de torture et d’exploitation de migrants et de réfugiés en Libye », a déclaré HRW dans un communiqué.
Traduit de l’anglais (original).
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