Libye : que reste-t-il du clan Kadhafi ?
L’un des fils de l’ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Saadi, un ex-footballeur à la réputation de playboy, détenu dans une prison de Tripoli pendant sept ans, a été libéré. Que reste-t-il du clan Kadhafi plus de dix ans après la révolution qui a chassé du pouvoir le dictateur ?
Dans le sillage du Printemps arabe et après 42 ans d’un pouvoir sans partage, Mouammar Kadhafi et ses proches sont tombés en 2011 sous le coup d’un soulèvement populaire, éliminés, emprisonnés ou forcés à l’exil.
Lancée en février 2011, la révolution libyenne, connaît son dénouement en octobre de la même année avec la mort du mégalomaniaque dictateur tué par des rebelles.
Sa chute entraîne celle de ses proches, acteurs clés de l’ex-régime. Trois de ses fils, Mouatassim, Saïf al-Arab et Khamis, sont tués pendant la révolution. Khamis avait joué un rôle important dans la répression de la révolte à Benghazi (est), berceau de la révolution.
Seul fils né du premier mariage du colonel et décrit comme influent et discret, l’aîné Mohamed, 51 ans, s’est réfugié en 2011 en Algérie voisine. Il s’est ensuite vu accorder l’asile à Oman, tout comme sa soeur Aïcha, une avocate de 45 ans.
Où sont les autres membres du clan ?
Son frère Saadi, 47 ans, un ex-footballeur à la réputation de playboy, a tenté sans succès une carrière professionnelle en Italie avant de diriger une unité d’élite de l’armée.
Réfugié au Niger après la révolte, il a été extradé en 2014 vers Tripoli où il a été emprisonné. Le dimanche 5 septembre, la justice a annoncé sa libération à la suite d’une décision de justice datant de plusieurs années, sans dire s’il a quitté la Libye.
Mais des médias locaux ont indiqué qu’il était déjà parti sur un vol en direction de la Turquie.
Hannibal, 46 ans, un rebelle excentrique qui a eu des démêlés judiciaires en France et Suisse dans les années 2000, s’est d’abord réfugié en Algérie avant d’aller au Liban pour rejoindre son épouse, une mannequin libanaise. Il a été arrêté en 2015 et y est emprisonné depuis.
Le sort de Saïf al-Islam, 49 ans, qui a longtemps fait figure de successeur à son père, reste un mystère.
Fin juillet dernier, il est réapparu pour la première fois depuis des années, lors d’une rare interview au New York Times au cours de laquelle il a évoqué une candidature à la présidentielle censée avoir lieu en décembre 2021.
Capturé en novembre 2011 par un groupe armé de Zintan, au sud-ouest de Tripoli, Saïf al-Islam a été condamné à mort en 2015 à l’issue d’un procès expéditif. Mais le groupe le détenant a refusé de le livrer aux autorités de Tripoli ou à la Cour pénale internationale (CPI), qui le recherche pour des accusations de crimes contre l’humanité.
Sa trace s’est évaporée après l’annonce en juin 2017 de sa libération, jamais confirmée, par le même groupe armé. La CPI a cependant déclaré l’avoir localisé à Zintan fin 2019.
Restée dans l’ombre de Mouammar Kadhafi, sa seconde épouse Safia s’est exilée à Oman où elle a régulièrement demandé à pouvoir regagner son pays. Des appels restés sans réponse, malgré l’influence de sa tribu en Cyrénaïque, la grande région de l’Est.
S’agissant de la tribu du dictateur, les Qadhadfa, répartie sur Syrte (nord-est) et un peu plus au sud, elle a « souffert » du régime Kadhafi et plusieurs de ses membres qui lui avaient exprimé leur opposition avaient fini en prison, selon le professeur de droit libyen Amani al-Hejrissi.
Par Rim Taher
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