L’influenceuse algérienne expulsée de Côte d’Ivoire, critiquée jusque dans son pays
« S’il vous plaît, dites-lui de retirer le maillot de l’Algérie », « On est assez mal vus [en tant qu’Algériens], n’en rajoute pas ! » ou encore « Elle fait honte aux Maghrébins ». Sur les réseaux sociaux ce week-end, les commentaires n’ont pas été tendres avec Sofia Benlemmane.
L’influenceuse algérienne a été expulsée de Côte d’Ivoire après la publication d’une vidéo où elle dénigre le pays organisateur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).
« Elle a été arrêtée à Bouaké [centre] mercredi [17 janvier] et conduite à Abidjan jeudi [18 janvier] où elle a été entendue avant d’être expulsée », a indiqué à l’AFP le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly.
@maeva_tv Sophia benlemmane insulte la cote d’ivoire . #maevatv #actu #can2023 #can2023🇨🇮 ♬ son original - Maeva TV
« Elle a reconnu et assumé tous ses propos », a-t-il ajouté, précisant que la procédure s’était faite en lien avec l’ambassade d’Algérie en Côte d’Ivoire.
Dans une vidéo publiée dimanche dernier, Sofia Benlemmane se filme, pour sa chaîne YouTube B Sofi Live, dans une rue d’une ville ivoirienne en déclarant notamment : « Il faut que les Algériens sachent comment ils vivent ici. Nous remercions Dieu d’avoir un pays comme l’Algérie. Normalement, l’Algérie devrait se situer entre le Portugal et l’Espagne. Parce qu’ici, ils vivent dans la misère. C’est pire que l’âge de pierre. »
La vidéo cumulait dimanche plus de 148 000 vues.
De nombreuses réactions indignées ont enflammé les réseaux sociaux, en Côte d’Ivoire mais aussi dans de nombreux pays africains, y compris en Algérie.
« Dans une Algérie déjà déprimée par le mauvais départ des Fennecs, tenus en échec par l’Angola lors de leur premier match [1-1], la sortie de la ''vache folle'', selon la formule d’une journaliste algérienne en colère, a suscité la nausée générale », commente Le Monde.
En 2001, elle interrompait un match France-Algérie
« C’est la CAN de l’hospitalité, mais dans un minimum de respect et de courtoisie », a affirmé vendredi Amadou Coulibaly.
À son arrivée à Alger jeudi, l’influenceuse a posté une nouvelle vidéo où elle s’est dit « très heureuse d’être rentrée en Algérie ».
Elle affirme que la Direction de la sûreté du territoire (DST) ivoirienne l’a « prise en charge pendant 50 heures ».
« Par mesure de sécurité, surtout la mienne, il fallait quitter le territoire. Ça a pris de l’ampleur, je n’ai pas compris ,j’ai juste constaté ce que j’ai vu », poursuit-elle.
Sofia Benlemmane est une supportrice très célèbre de l’équipe d’Algérie de football, qu’elle accompagne régulièrement en déplacement.
Elle s’était fait remarquer en 2022 pour avoir mené une véritable croisade contre l’arbitre gambien Bakary Gassama, accusé d’avoir favorisé le Cameroun au détriment de l’Algérie dans un match décisif pour la qualification au Mondial 2022 au Qatar.
Elle s’en était prise aussi à l’ancien international Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football, le menaçant de lui « casser les dents ».
« Une agitatrice qui vit de buzz, d’outrances verbales et de coups d’éclat », résume le magazine Jeune Afrique. « Politique, sport, football, faits de société, la dame a un avis sur tout, l’essentiel étant de l’exprimer avec outrance, vulgarité et insolence. »
Le 6 octobre 2001, elle avait provoqué l’interruption du match amical France-Algérie.
« À la 76e minute, une jeune fille ceinte d’un grand drapeau algérien saute la barrière et se met à courir sur la pelouse en criant des mots inintelligibles. Sofia Benlemanne, Lyonnaise de 19 ans, est aussitôt imitée par deux, puis trois individus qui pénètrent sur le terrain », raconte le magazine So Foot dans un article intitulé « Comment le match France-Algérie 2001 a complètement dégénéré ».
« Ils brandissent eux aussi les couleurs de l’Algérie. Les stadiers accourent en vain. Et c’est parti ! Des centaines de supporters algériens déferlent ensuite sur la pelouse dans un joyeux bordel, au milieu des joueurs médusés. »
Cette initiative vaudra à Sofia Benlemmane, qui était à l’époque chef d’agence France Télécom à Lyon et footballeuse de haut niveau, sept mois de prison avec sursis, une amende et trois ans d’interdiction de stade.
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