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Maroc : Benkirane menace de démissionner du PJD à cause de la loi sur la légalisation du cannabis thérapeutique

Le PJD traverse déjà des turbulences après, notamment, la normalisation avec Israël assumée par le gouvernement de Saâdeddine el-Othmani
L’ex-secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane (AFP)
L’ex-secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane (AFP)
Par MEE

L’ex-chef de gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, a menacé dans une lettre, lundi 1er mars, de geler sa qualité de membre du Parti de la justice et du développement (PJD, islamistes), si le secrétariat général du parti adoptait le projet de loi sur la légalisation du cannabis thérapeutique.

Il a également menacé de « quitter définitivement » le PJD, dont il était secrétaire général (de 2008 à 2017), si les parlementaires du parti votaient cette loi relative aux « utilisations légales du cannabis ».

Le gouvernement, dirigé par l’actuel secrétaire général du PJD, Saâdeddine el-Othmani, a examiné, « sans adopter sa mouture actuelle, le projet de loi 13-21 légalisant l’usage du cannabis à des fins médicales et industrielles », rappellent des médias marocains.

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« Plusieurs partis politiques marocains se sont prononcés en faveur de cette réglementation qui prévoit, si le texte est adopté par l’exécutif, la création de l’Agence nationale chargée de la gestion de cette culture. Selon le gouvernement, ce projet de loi devrait être renforcé par d’autres arrêtés et décrets liés notamment aux six zones qui seraient autorisées à cultiver le cannabis pour des raisons médicales », explique-t-on.

« En décidant d’encadrer cette culture pour des fins médicales et thérapeutiques, le Maroc s’est conformé à l’évolution de la situation internationale, surtout après la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de reclasser le cannabis et son déclassement par la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) dans l’annexe IV de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, telle que modifiée par le Protocole de 1972 », indique le site Les Éco.

« Stratégie de chantage »

Fin février, Benkirane a republié sur sa page Facebook son intervention devant des militants à Salé et datant d’avril 2016, où il critiquait les responsables du Parti authenticité et modernité (PAM) qui appelaient à la légalisation du cannabis.

« Le bien ne saurait provenir du mal [...] Ce sera une source de calamités pour le pays et une grave atteinte à son image », avait-il déclaré.

« On nous parle de vertus thérapeutiques alors que le kif destiné à un usage médical coûte 14 000 dirhams [1 300 euros] par hectare alors que celui destiné à la fabrication de la résine génère entre 40 000 [3 700 euros] et 50 000 dirhams [4 600 euros] », a-t-il ajouté.

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Selon le site Medias 24, Benkirane « adopte ainsi une stratégie de chantage comme alternative au débat politique. Sauf que cette stratégie va mettre le PJD dans l’embarras. Le projet de loi sur l’usage légal du cannabis émane de l’Exécutif et a été examiné en Conseil de gouvernement sous la présidence de Saâdeddine el-Othmani et le sera de nouveau jeudi 4 mars ».

« Abdelillah Benkirane a ainsi choisi, en solitaire, une voie pleine d’embûches, sachant que sa décision ne va pas manquer d’aggraver les tensions internes », a commenté le site d’information le360.

Le 25 février, un des dirigeants du PJD, Driss El Azami El Idrissi, a démissionné de la présidence du conseil national du parti et a quitté son secrétariat général.

« L’ex-numéro 2 du PJD regrette l’état actuel du parti, ses positions qu’il juge non conformes à ses principes, les désaccords internes relatifs à la direction que prend le parti, notamment au sein du gouvernement, et que les dirigeants du parti tentent de calmer au lieu d’impliquer les militants dans les prises de position et de décision », souligne Medias 24.

La normalisation avec Israël, actée et assumée par le gouvernement d’El-Othmani aurait motivé cette démission et les tiraillement au sein du parti islamiste au pouvoir.

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