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Salvator Mundi : le tableau de 450 millions de dollars n’est pas un de Vinci selon le musée du Prado

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a acheté ce tableau pour 450 millions de dollars en 2017 mais son authenticité est remise en question par le Prado de Madrid
Un visiteur prend des photos du Salvator Mundi qui doit être vendu aux enchères chez Christie’s à New York, le 15 novembre 2017 (AFP/photo d’archives)
Un visiteur prend des photos du Salvator Mundi qui doit être vendu aux enchères chez Christie’s à New York, le 15 novembre 2017 (AFP/photo d’archives)

Le tableau le plus cher du monde, détenu par l’Arabie saoudite, n’est pas l’œuvre de Léonard de Vinci selon un projet de recherche du prestigieux musée du Prado à Madrid, en Espagne.

Le Salvator Mundi a été acheté à New York en novembre 2017 pour 450 millions de dollars par un prince saoudien peu connu, qui aurait servi d’intermédiaire au prince héritier Mohammed ben Salmane.

À l’époque, il avait été mis aux enchères par Christie’s comme œuvre pleinement authentifiée du génie de la Renaissance italienne. 

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Cependant, le musée du Prado en Espagne a récemment remis en question son authenticité, une décision qualifiée d’intervention « la plus importante » depuis la vente il y a quatre ans. 

Ce déclassement, signalé par The Art Newspaper la semaine dernière, est survenu dans le cadre de l’exposition « Léonard de Vinci et la copie de la Mona Lisa. Nouvelles approches sur la pratique de l’atelier du maître » du Prado, visible jusqu’en janvier 2022. 

Celle-ci cherche à analyser le cercle intime de de Vinci et les méthodes d’enseignement au sein des studios italiens à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle.

Elle est organisée en collaboration avec le Louvre, le laboratoire d’archéologie moléculaire et structurale de la Sorbonne et la National Gallery de Londres, entre autres institutions. 

Dans le catalogue de l’exposition, les œuvres sont classées en deux grandes catégories : les « œuvres de Léonard de Vinci » et les « œuvres attribuées [à de Vinci], œuvres d’atelier, œuvres autorisées ou supervisées par Léonard de Vinci ». Le Salvator Mundi en possession des Saoudiens figure dans cette dernière catégorie. 

« Des détails d’une mauvaise qualité surprenante »

Ana González Mozo, conservatrice du projet, a écrit dans le catalogue que l’original était une « œuvre perdue » et que la version des Saoudiens n’était pas un prototype. Elle suggère qu’une autre version de l’œuvre était en réalité plus proche de l’original du maître. 

Ailleurs dans le catalogue, Vincent Delieuvin, conservateur de l’exposition de Vinci au Louvre en 2019, estime que l’œuvre à 450 millions de dollars comprenait « des détails d’une mauvaise qualité surprenante ». 

Le prince héritier saoudien refusait tout doute concernant l’authenticité de l’œuvre et voulait l’exposer à côté de La Joconde

En début d’année, un documentaire a expliqué que le Louvre n’avait pas exposé le Salvator Mundi parce que le gouvernement français ne voulait pas céder à la pression de Riyad pour le présenter comme « 100 % attribué à Léonard de Vinci ». 

Un haut responsable français prétendait que le prince héritier saoudien refusait tout doute concernant l’authenticité de l’œuvre et voulait l’exposer à côté de La Joconde sans autre explication. 

La localisation de l’œuvre fait l’objet de bien des mystères depuis son acquisition il y a quatre ans. 

En avril, un article du Wall Street Journal alléguait que l’œuvre la plus chère du monde avait été mise en péril après avoir été conservée sur le superyacht à 600 millions de dollars de Mohammed ben Salmane. 

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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