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Cinq des bibliothèques les plus impressionnantes du monde arabe

De la bibliothèque nationale du Qatar à la version moderne de la bibliothèque d’Alexandrie, zoom sur quelques-unes des plus grandes collections de la région
La lecture et la quête de savoir sont depuis longtemps considérées comme des vertus dans le monde arabe (AFP/Karim Sahib)
La lecture et la quête de savoir sont depuis longtemps considérées comme des vertus dans le monde arabe (AFP/Karim Sahib)

En matière de bibliothèques, le monde arabe dispose de références solides : Bagdad, la capitale irakienne, était un centre d’apprentissage dans le monde islamique médiéval et abritait la Maison de la sagesse (Bayt al-Hikma), une bibliothèque qui renfermait plus de 400 000 livres jusqu’à sa destruction par les Mongols en 1258.

Plus loin dans le temps, la bibliothèque d’Alexandrie (Égypte) abrita un nombre similaire de livres et de parchemins du IIIe siècle avant notre ère jusqu’à ce qu’elle succombe progressivement à de multiples incendies et batailles au début du Ier millénaire.

La lecture et la quête de savoir forment un impératif établi dès les premiers textes sacrés musulmans : la tradition islamique veut que le premier mot révélé au prophète Mohammed par l’archange Gabriel soit « lis ».

Les grandes bibliothèques ne sont pas seulement des vestiges de l’histoire, puisqu’il existe aujourd’hui plusieurs institutions impressionnantes aux quatre coins de la région. Middle East Eye présente ici cinq sites comptant parmi les plus importants :

1. Bibliotheca Alexandrina, Égypte

La bibliothèque d’Alexandrie renfermait l’une des plus grandes collections de parchemins et de livres de l’Antiquité. Sa disparition causée par le feu, la négligence et la guerre est considérée par certains historiens comme une tragédie qui fit reculer le progrès humain de plusieurs siècles.

Bien que la plupart des contenus de la bibliothèque appartiennent désormais à l’histoire, à la fin du XXe siècle, les autorités égyptiennes ont décidé de commémorer l’ancienne bibliothèque en construisant un équivalent moderne dans la ville septentrionale.

En 1974, un comité a été créé pour étudier la construction d’une nouvelle institution et en 1995, les travaux de la Bibliotheca Alexandrina ont débuté.

Le gouvernement égyptien, l’UNESCO et l’université d’Alexandrie ont uni leurs forces et collaboré tout au long de cette initiative, dans le but « de refaire d’Alexandrie l’un des grands centres intellectuels et culturels du XXe siècle ».

La Bibliotheca Alexandrina est un hommage moderne à la bibliothèque d’Alexandrie (AFP/Giuseppe Cacace)
La Bibliotheca Alexandrina est un hommage moderne à la bibliothèque d’Alexandrie (AFP/Giuseppe Cacace)

Construite avec un budget de 220 millions de dollars, la Bibliotheca Alexandrina a finalement été officiellement inaugurée en octobre 2002.

Avec des rayonnages pouvant contenir environ 8 millions de livres, une salle de lecture principale située sous un toit en verre perché à 32 mètres de hauteur et des murs sculptés de caractères issus de 120 écritures humaines, la bibliothèque est autant une attraction touristique qu’un paradis pour les amoureux des livres.

La collection de la bibliothèque est trilingue et comprend des ouvrages en arabe, en anglais et en français.

En 2010, elle a reçu un don de 500 000 livres de la Bibliothèque nationale de France, ce qui fait de la Bibliotheca Alexandrina la sixième plus grande bibliothèque francophone au monde.

Vue globale de l’intérieur de la Bibliotheca Alexandrina (AFP/Giuseppe Cacace)
Vue globale de l’intérieur de la Bibliotheca Alexandrina (AFP/Giuseppe Cacace)

Si elle est considérée comme une grande réussite culturelle et éducative pour l’Égypte, la bibliothèque fait également l’objet de nombreuses critiques.

Certains affirment qu’elle n’est qu’un projet vaniteux du gouvernement égyptien, que trop d’argent a été consacré à la construction de la bibliothèque plutôt qu’à sa collection de livres en tant que telle.

D’autres estiment que la bibliothèque n’est pas viable pour l’Égypte compte tenu du manque de financement et de ses rayonnages tentaculaires, dont une grande partie reste à remplir.

2. Bibliothèque al-Quaraouiyine (Maroc)

Alors que l’Égypte s’efforce de faire revivre son histoire littéraire, le Maroc s’attache davantage à la préserver – et pour cause : la ville marocaine de Fès abrite la plus ancienne bibliothèque en activité au monde. 

La bibliothèque al-Quaraouiyine fut fondée par une femme en 859. L’héritière tunisienne Fatima al-Fihri, fille d’un riche marchand, se servit de son argent pour ouvrir une université, qui abrite la bibliothèque.

Tout au long de l’histoire, l’université et sa bibliothèque ont joué un rôle important dans l’échange de culture et de connaissances entre les musulmans et les Européens.

Salle de lecture de la bibliothèque al-Quaraouiyine à Fès (Wikimedia)
Salle de lecture de la bibliothèque al-Quaraouiyine à Fès (Wikimedia)

Cependant, la bibliothèque n’était autrefois ouverte qu’aux érudits et aux chercheurs, ceci afin de protéger les livres et les manuscrits qu’elle détenait.

En 2016, lorsque la bibliothèque a été rénovée par l’architecte Aziza Chaounu, plus de 4 000 livres ont été mis à la disposition du public, y compris l’un de ses artefacts les plus importants, un Coran du IXe siècle écrit sur de la peau de dromadaire en caractères coufiques.

3. Bibliothèque Mohammed ben Rachid (Émirats arabes unis)

La bibliothèque Mohammed ben Rachid de Dubaï, l’une des plus récentes au monde, a été inaugurée en juin 2022 : elle n’est donc ouverte que depuis moins de trois mois.

Le design accrocheur de cet édifice s’inspire d’un livre ouvert posé sur un pupitre, tandis que le bâtiment lui-même offre une vue imprenable sur la crique de Dubaï.

Fidèle au style dubaïote, cette bibliothèque a tout de monumental, de sa taille à sa capacité.

La bibliothèque de Dubaï abritera à terme environ 4,5 millions de livres (Wikimedia/Leakingh)
La bibliothèque de Dubaï abritera à terme environ 4,5 millions de livres (Wikimedia/Leakingh)

Cette bibliothèque de sept étages, dont la construction a duré plus de six ans, a coûté plus de 270 millions de dollars et devrait accueillir environ 9 millions de visiteurs chaque année.

La bibliothèque Mohammed ben Rachid abrite 1 million d’ouvrages physiques et numériques, mais devrait contenir à terme 4,5 millions de livres imprimés, numériques et audio.

Outre l’abondance d’ouvrages, la bibliothèque de Dubaï devrait proposer plus d’une centaine d’événements culturels par an, ainsi qu’une galerie d’art permanente. 

4. Bibliothèque nationale du Qatar (Qatar)

Située à Education City, à Doha, la bibliothèque nationale du Qatar a été conçue par l’architecte de renommée mondiale Rem Koolhaas.

Ouverte en 2012, elle a été désignée dès 2015 en tant que Centre de préservation et de conservation (PAC) pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) par la Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (IFLA). 

Vue intérieure de la bibliothèque nationale du Qatar (AFP/Karim Jaafar)
Vue intérieure de la bibliothèque nationale du Qatar (AFP/Karim Jaafar)

Cependant, la bibliothèque nationale du Qatar n’a été officiellement inaugurée qu’en 2018, lorsque l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, a placé le millionième livre sur les étagères de la bibliothèque. 

La bibliothèque abrite notamment le contenu de la Heritage Library, un projet qatari vieux de plusieurs décennies visant à préserver des livres, manuscrits et autres documents rares liés à la civilisation arabe et islamique.

En 2012, la bibliothèque s’est associée à la British Library pour créer la Qatar Digital Library, qui vise à numériser les éléments de patrimoine qui rendent compte de l’histoire arabe et islamique et à les rendre ainsi facilement accessibles au public. Le projet a été lancé en 2014.

5. Ithra (Arabie saoudite) 

Situé dans la ville de Dhahran, dans l’Est de l’Arabie saoudite, le Centre du roi Abdelaziz pour la culture mondiale, ou Ithra, est autant un centre de divertissement qu’une bibliothèque dotée d’une collection d’ouvrages considérable.

Le mot ithra signifie « enrichissement » en arabe. Ouvert en 2018, ce centre abrite un cinéma et un musée, ainsi qu’une bibliothèque de quatre étages.

L’Ithra possède une collection de 270 000 titres en arabe et en anglais (Wikimedia)
L’Ithra possède une collection de 270 000 titres en arabe et en anglais (Wikimedia)

Créée dans le cadre d’une initiative du géant pétrolier public Aramco, la bibliothèque de l’institution est l’une des plus importantes du pays, avec une collection de 270 000 titres en arabe et en anglais.

Selon le site officiel de l’Ithra, la collection littéraire se compose à 60 % d’ouvrages en arabe et à 40 % d’ouvrages en anglais.

Le centre accueille également des expositions, notamment consacrées à l’histoire de l’islam, aux arts et au théâtre.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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