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MSF accusée par son personnel d’entretenir le suprémacisme blanc et le colonialisme

Au moins un millier d’employés (anciens et actuels) ont signé une lettre interne dénonçant le « racisme institutionnel » de Médecins sans frontières
Bien que 90 % du personnel de MSF soit embauché localement, la plupart des opérations sont dirigées par des cadres européens depuis l’un de ses cinq centres opérationnels en Europe occidentale (AFP)

L’ONG médicale Médecins sans frontières (MSF) est accusée de soutenir le suprémacisme blanc et le colonialisme, d’après une lettre interne signée par au moins un millier d’employés – anciens et actuels – de l’organisation.

Cette lettre accuse MSF de ne pas reconnaître le racisme qu’il perpétue via ses politiques et le fait que sa culture organisationnelle contribue à soutenir « la minorité blanche privilégiée » au sein de l’organisation.

La lettre demande une enquête indépendante sur le racisme au sein de l’organisation et la fin de « décennies de pouvoir et de paternalisme ».

« Le changement requiert une direction forte et courageuse et cela requiert le départ de nombreuses personnes blanches “de bonne volonté” qui ont du pouvoir »

- Shaista Aziz, employée de MSF

Parmi les signataires célèbres de cette lettre figurent Agnes Musonda, présidente du conseil pour l’Afrique australe, Florian Westphal, directeur général de MSF en Allemagne, et Javid Abdelmoneim, président du conseil de MSF Royaume-Uni. 

Shaista Aziz, ancienne travailleuse humanitaire auprès de MSF, qualifie cette lettre de « moment de vérité qui aurait dû avoir lieu il y a longtemps ».

« Le changement requiert une direction forte et courageuse et cela requiert le départ de nombreuses personnes blanches “de bonne volonté” qui ont du pouvoir », a-t-elle déclaré au Guardian.

Cette lettre survient après un grand débat interne au sein de l’organisation après la mort de George Floyd à Minneapolis et l’essor du mouvement Black Lives Matter

Le personnel de l’organisation s’est particulièrement inquiété, selon le Guardian, d’une déclaration publiée par MSF Italie, qui suggérait qu’il ne fallait pas utiliser le mot « racisme » et que tout le monde devrait débattre de « All Lives Matter » (« toutes les vies comptent »).

MSF est l’une des plus importantes organisations humanitaires mondiales, fournissant des services médicaux aux populations dans les pays pauvres et les zones de conflits à travers le monde. Son personnel travaille dans des conditions parmi les plus dangereuses et les plus difficiles au monde, et aide les populations dans les pays affligés par des conflits tels que la Syrie et le Yémen.

Bien que 90 % de son personnel soit embauché localement, la plupart des opérations sont dirigées par des cadres européens depuis l’un de ses cinq centres opérationnels en Europe occidentale. Un seul centre est situé dans le Sud, au Sénégal où il a ouvert l’année dernière 

Christos Christou, président international de MSF, a salué cette lettre, la qualifiant de « catalyseur » pour les réformes prévues de l’organisation. 

« Je considère cela comme une opportunité qui est née d’un événement tragique qui a suscité la colère et la discussion au sein de notre mouvement », a-t-il assuré. 

« Notre priorité, c’est d’apporter le processus décisionnel au plus près des besoins, et d’impliquer les patients et les communautés dans la conception des stratégies d’intervention. De réduire le pouvoir de décision de l’Europe pour le redistribuer au reste du monde. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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