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Netflix : Les Nageuses, l’histoire bouleversante de deux réfugiées syriennes

Disponible mercredi 23 novembre sur Netflix, ce film raconte la périlleuse traversée, sur un bateau pneumatique défaillant en Méditerranée, de Yusra Mardini, nageuse olympique, et de sa sœur Sarah
La nageuse syrienne Yusra Mardini lors de la présentation spéciale du film Les Nageuses, lors du BFI London Film Festival 2022 à Londres, le 9 octobre 2022 (AFP/Isabel Infantes)
La nageuse syrienne Yusra Mardini lors de la présentation spéciale du film Les Nageuses, lors du BFI London Film Festival 2022 à Londres, le 9 octobre 2022 (AFP/Isabel Infantes)
Par AFP à LONDRES, Royaume-Uni

Yusra Mardini a failli mourir noyée en fuyant la Syrie en guerre. Nageuse, la jeune réfugiée a ensuite participé aux Jeux olympiques et espère que le film retraçant son histoire aidera d’autres déplacés.

Pour l’athlète de 24 ans, le film Les Nageuses qui retrace sa périlleuse traversée de l’Europe en 2015 est « un super message » qui apportera « joie, espoir, larmes et tristesse » aux spectateurs.

Le film, actuellement diffusé dans quelques cinémas au Royaume-Uni, en Allemagne et aux États-Unis, avant sa sortie sur Netflix mercredi 23 novembre, raconte les dix dernières années de Yusra et de sa sœur Sarah, quittant parents et petite sœur en Syrie pour chercher refuge en Allemagne.

Là-bas, Yusra reprend les entraînements de natation jusqu’à se qualifier pour les Jeux olympiques de Rio en 2016, puis cinq ans plus tard à ceux de Tokyo au sein de l’équipe olympique des réfugiés.

« C’est très important que ce film montre ce qu’est un vrai réfugié. On veut être DJ, on veut être architecte, docteur, ingénieur, et on veut tout ça avant même de venir en Occident », a-t-elle rappelé lors d’une projection à Londres cette semaine.

Le film de 134 minutes raconte notamment la traversée des deux sœurs sur un bateau pneumatique défaillant en Méditerranée en 2015.

Entre la Turquie et l’île grecque de Lesbos, la petite embarcation avec à son bord quelque vingt migrants quand il était conçu pour six, menace de chavirer après l’arrêt du moteur.

Faisant partie des rares passagers à savoir nager, les deux sœurs sautent à l’eau pour alléger le bateau et nagent plusieurs heures avant de rejoindre la côte. Elles ont ainsi sauvé les passagers de leur embarcation en les guidant jusqu’au rivage.

Yusra Mardini, de l’équipe olympique des réfugiés, participe à l’épreuve féminine du 100 m papillon lors de l’épreuve de natation aux Jeux olympiques de Rio 2016 au Stade olympique aquatique de Rio de Janeiro, le 6 août 2016 (AFP/Martin Bureau)
Yusra Mardini, de l’équipe olympique des réfugiés, participe à l’épreuve féminine du 100 m papillon lors de l’épreuve de natation aux Jeux olympiques de Rio 2016 au Stade olympique aquatique de Rio de Janeiro, le 6 août 2016 (AFP/Martin Bureau)

« C’était vraiment, vraiment effrayant pour nous, même en étant des nageuses », a souligné Yusra, qui avait 17 ans à l’époque. « C’est la mer, ce n’est pas la piscine, on ne sait pas ce qu’on doit faire ».

On la voit dans le film dire à un autre réfugié : « La natation, c’est ma maison, c’est ce que je suis. »

Près d’un million de migrants ont traversé la Méditerranée entre la Turquie et la Grèce au cours de la crise migratoire de 2015.

Une fois à Berlin, Yusra Mardini rejoint un club de natation et rencontre l’entraîneur qui l’aidera à réaliser son rêve : participer aux Jeux olympiques.

Poursuivie en Grèce

« La piscine c’était mon refuge, même en Allemagne », a-t-elle expliqué devant le public venu l’écouter à Londres. « J’y ai rencontré tellement de gens qui sont devenus une sorte de famille. »

Les deux sœurs ont choisi le scénariste britannique Jack Thorne et la réalisatrice gallo-égyptienne Sally El Hoseini pour raconter sur écran leur histoire, avec pour actrices principales les deux sœurs franco-libanaises Nathalie et Manal Issa.

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« Elles sont Libanaises, elles comprennent ce qu’on a traversé, et je pense que c’était très important. Elles ont fait un travail formidable » a affirmé Yusra Mardini.

Depuis leur dangereux voyage, les sœurs Mardini ont retrouvé leurs parents et leur petite sœur qui vivent désormais en Allemagne.

Mais Sarah est l’objet d’une procédure judiciaire en Grèce car elle est accusée d’aide à « l’immigration illégale ».

Elle aussi ancienne nageuse de compétition, Sarah, 27 ans, était retournée à Lesbos en tant que bénévole humanitaire.  

« Elle encourt jusqu’à 25 années de prison. Pas seulement elle mais d’autres aussi. C’était juste des bénévoles », a déploré Yusra. « On essaye juste d’aider les réfugiés. C’est si triste. »

Contactée par l’AFP, l’ambassade grecque à Londres n’a pas commenté.

À Londres devant les spectateurs, Yusra Mardini a également révélé qu’elle avait hésité avant de rejoindre l’équipe olympique de réfugiés. Mais « j’ai réalisé que ce n’est pas seulement mon histoire. Il s’agit de représenter les réfugiés », a-t-elle ajouté.

« Ma voix a eu tellement plus d’écho et je me suis dit ‘’Pourquoi ne pas l’utiliser’’. »

Par Joe Jackson.

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