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Pessah : la Pâque juive en cinq questions

Pourquoi cette fête, qui commémore l’exode d’Égypte des Israélites réduits en esclavage, est-elle l’une des plus importantes de la religion juive ?
Plateau servi lors du séder, élément majeur de la Pâque juive symbolisant l’histoire de l’Exode (Reuters/USA Today)

Des millions de juifs à travers le monde se préparent à célébrer la Pâque, qui commémore l’histoire biblique de l’exode, lors duquel le prophète Moïse libéra les Israélites de l’esclavage en Égypte.

Cette fête comptant parmi les événements religieux les plus importants du judaïsme comporte un certain nombre de rituels distincts qui symbolisent les événements relatés dans la Torah. 

Coïncidant avec le début du printemps, cet événement se déroule dans une ambiance festive. Les familles se réunissent à l’occasion de cette fête, qui rappelle aux fidèles de faire preuve de gratitude pour leur liberté et célèbre la force et la détermination de leurs ancêtres. 

Middle East Eye répond à quelques questions importantes sur la Pâque juive :

Qu’est-ce que la Pâque et quand est-elle célébrée ? 

La Pâque, parfois appelée Pessah en hébreu, ou encore « fête des pains azymes », célèbre la libération des Israélites de l’esclavage en Égypte, une histoire relatée dans la Bible hébraïque, ou Tanakh.

Le nom de cette célébration annuelle qui a lieu chaque année au printemps fait référence à ceux qui sont « passés au-dessus » des difficultés. Elle a lieu le quinzième jour de nissan, le premier mois du calendrier juif. 

Des fidèles juifs se rassemblent devant le mur des Lamentations pour prier pendant la Pâque (AFP)
Des fidèles juifs se rassemblent devant le mur des Lamentations pour prier pendant la Pâque (AFP)

Le livre de l’Exode indique que la Pâque doit être célébrée du soir du 14e jour de nissan au soir du 21e jour. 

La date de la Pâque, qui dure sept jours (ou huit pour les juifs de la diaspora), varie légèrement d’année en année, dans la mesure où le calendrier juif ne correspond pas au calendrier grégorien couramment utilisé. 

Cette année, la Pâque commencera le soir du 15 avril. 

Quelles sont les origines et la signification religieuse de cette fête ?

La Pâque est mentionnée dans la Torah – nom donné aux cinq premiers livres de la Bible hébraïque –, où le mot pessah fait référence au sacrifice de la Pâque et à l’idée que Dieu passa « au-dessus » des maisons des juifs lorsqu’il infligea la dixième plaie d’Égypte à leurs oppresseurs.

Cette fête est centrée sur l’histoire de l’exode, lors de laquelle Pharaon réduisit en esclavage les juifs vivant en Égypte et ordonna le massacre des garçons nouveau-nés juifs.

Une famille juive se réunit autour d’une table pour célébrer la Pâque (AFP)
Une famille juive se réunit autour d’une table pour célébrer la Pâque (AFP)

Selon la croyance juive, l’enfant Moïse fut sauvé par sa mère, qui le déposa dans un panier au bord du Nil. Il fut ensuite découvert et adopté par la fille de Pharaon et élevé à la cour royale. 

Après avoir tué un esclavagiste et fui dans le désert, Moïse se retrouva devant le buisson ardent, où Dieu lui ordonna de libérer les juifs de l’esclavage.

Chaque fois que Pharaon rejetait les supplications de Moïse et refusait de laisser fuir les juifs, Dieu infligeait une plaie à l’Égypte.

À la dixième plaie, qui provoqua la mort des fils premiers-nés de chaque famille égyptienne, les Israélites s’enfuirent tandis que Pharaon et son armée se lancèrent à leur poursuite.

Lorsque les Israélites arrivèrent à la mer Rouge, Dieu ouvrit la mer en deux pour permettre aux juifs de gagner la terre de l’autre côté. Ils errèrent dans le désert aride pendant 40 ans, durant lesquels ils purent manger une nourriture céleste appelée « manne ».

Comment les juifs célèbrent-ils cette fête ? 

Le premier soir de la Pâque, les juifs organisent un repas de famille durant lequel se déroule le rituel du séder. Lors de ce repas familial, divers aliments ayant tous une signification symbolique sont servis. Des prières sont récitées et les membres de la famille chantent ensemble. 

Au cours du repas du séder, on sert notamment quatre coupes de vin, des légumes trempés dans de l’eau salée, des matsoth, des légumes amers accompagnés de harosset – une pâte composée de noix, de pommes, de poires et de vin – ainsi qu’un repas à base de poulet ou de poisson.

Le pain azyme symbolise la fuite des juifs de l’esclavage en Égypte. Dans leur précipitation, ils ne purent attendre que le pain lève (AFP)
Le pain azyme symbolise la fuite des juifs de l’esclavage en Égypte. Dans leur précipitation, ils ne purent attendre que le pain lève (AFP)

Les quatre coupes de vin représentent les quatre fois où, selon la croyance juive, Dieu promit la liberté aux Israélites. Le harosset rappelle aux juifs le mortier utilisé par les Israélites pour fabriquer des briques lorsqu’ils étaient esclaves en Égypte. 

Les « herbes amères » présentées sur le plateau, comme le harosset, symbolisent les souffrances endurées par les Israélites en tant qu’esclaves en Égypte. En général, les fidèles choisissent du raifort ou de la laitue comme herbes amères, appelées maror en hébreu. 

Les légumes trempés dans de l’eau salée sont un rappel de la récolte du printemps et des larmes des Israélites pendant leur esclavage. Un os d’agneau est également placé sur le plateau du séder pour représenter l’agneau qui fut sacrifié et apporté au temple la nuit précédant la libération des Israélites d’Égypte. 

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On y retrouve également un œuf dur, qui rappelle la destruction du Temple de Jérusalem ainsi que la force des juifs dans leur foi face aux épreuves. 

Les aliments sont disposés sur le plateau du séder, également appelé ka’arah. Pendant le repas, on lit à haute voix l’histoire de l’Exode dans la Haggadah (« récit »). 

Le repas du séder est important, l’objectif étant que les fidèles aient l’impression de quitter l’Égypte. Les aliments amers présentés sur le plateau symbolisent l’état de dénuement dans lequel se trouvaient les juifs lorsqu’ils quittèrent l’Égypte et les défis qu’ils rencontrèrent. 

Bien que l’occasion soit festive, les fidèles doivent respecter certaines règles. Il leur est par exemple interdit de consommer des aliments à base de levain, notamment du pain, des gâteaux et des pâtes, car selon la tradition juive, les juifs n’eurent pas le temps d’attendre que le pain lève pendant leur fuite d’Égypte. C’est de là que vient la tradition de manger de la matza, ou pain azyme. 

Avant le repas du séder, les juifs préparent leur foyer, notamment en procédant à un nettoyage de printemps et en retirant toute trace de produits à base de levain. 

Une autre tradition symbolique consiste à ouvrir la porte d’entrée du foyer familial pour recevoir le prophète Élie. Cet acte vise à permettre à son esprit d’entrer dans le foyer. Selon la tradition juive, Élie réapparaîtra pour annoncer la venue du Messie, qui aura lieu durant la Pâque. Dans certains foyers, des versets du livre des Psaumes sont également lus à haute voix.

Une famille juive se réunit pour la Pâque dans le New Jersey, aux États-Unis (AFP)
Une famille juive se réunit pour la Pâque dans le New Jersey, aux États-Unis (AFP)

Une tradition très appréciée, notamment par les enfants, consiste à chercher l’afikomane, le plus gros morceau de matza, qui est ensuite cassé en trois lors du séder, puis enveloppé dans un tissu et mis de côté.

À un moment donné au cours de la soirée, un adulte de la famille le cache et les enfants se lancent à sa recherche. Celui qui le retrouve obtient une récompense.

La recherche de l’afikomane peut durer de quelques minutes à plusieurs heures et constitue souvent l’un des moments les plus mémorables de la soirée. 

Pour de nombreux fidèles juifs, la Pâque est l’occasion de se souvenir des autres juifs vivant sous l’oppression et d’exprimer leur gratitude pour leur propre liberté. 

Certains passent leur temps à la synagogue, où des lectures spéciales ont lieu chaque jour de la Pâque. Les lectures portent sur des histoires bibliques, comme la remise du Décalogue à Moïse, l’ouverture de la mer Rouge et la traversée du Jourdain par les enfants d’Israël.  

Que mange-t-on durant la Pâque ?

Outre les aliments servis sur le plateau du séder, les juifs ont également pour habitude de déguster des repas traditionnels. 

Pour beaucoup, ces mets sont devenus indissociables de cette fête. Ils comportent une part de nostalgie aux yeux des fidèles qui ont grandi en savourant ces plats copieux en famille lors d’occasions festives. 

Parmi les aliments les plus couramment consommés durant la Pâque, on trouve le gefilte fish et la soupe aux boulettes de matzo.

La soupe aux boulettes de matzo est un plat couramment consommé durant la Pâque (AFP)
La soupe aux boulettes de matzo est un plat couramment consommé durant la Pâque (AFP)

En général, on sert également de la poitrine de bœuf ainsi que du tzimmes, un plat à base de patates douces, de carottes et de pruneaux. Une fois cuite à feu doux, la préparation est nappée de miel ou de sucre. Symbolisant par sa douceur les moments heureux, ce plat est servi pour souhaiter une année bénie. 

Un autre repas populaire à cette époque de l’année est le kugel casher, un plat cuit au four dans un moule, généralement à base de nouilles aux œufs ou de pommes de terre. Il est surtout consommé par les juifs ashkénazes et servi le jour du shabbat et à d’autres fêtes juives. 

Pour le petit-déjeuner, nombreux sont ceux qui optent pour le matzo brei, un plat réconfortant à base de matza et d’œufs brouillés. Il se consomme salé ou sucré avec divers accompagnements. Selon l’endroit où l’on se trouve dans le monde, on le complète avec différentes choses, qu’il s’agisse de crème aigre, de ciboulette ou de compote de pommes. 

Y a-t-il des jours fériés durant la Pâque ?

En Israël, le premier jour de la Pâque est férié, de même que le septième jour. 

Dans des pays tels que le Royaume-Uni ou la France, il n’y a pas de jour férié, mais les familles peuvent choisir de prendre un jour de congé ou de fermer boutique.   

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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