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Coupe du monde 2022 : cinq perles cachées du Qatar

À deux pas des principaux musées et des artères commerçantes du pays, voici cinq attractions touristiques souvent négligées par ceux qui visitent cet État du Golfe
L’installation artistique de Richard Serra dans la réserve naturelle de Brouq, à une heure en voiture à l’ouest de Doha au Qatar (AFP)
L’installation artistique de Richard Serra dans la réserve naturelle de Brouq, à une heure en voiture à l’ouest de Doha au Qatar (AFP)

Alors que la Coupe du monde bat son plein et que des supporters du monde entier ont afflué au Qatar, ce sont les stades, les plages aux eaux vertes et les lieux culturels qui attirent le plus l’attention des visiteurs.

Entre deux matchs, le 1,2 million de supporters dans le pays peut visiter des attractions touristiques telles que le Musée d’art islamique, le village culturel Katara ainsi que les cafés et restaurants du souk Waqif, tous facilement accessibles depuis le centre de Doha.

Cependant, pour les plus audacieux, le Qatar dispose d’un certain nombre de joyaux touristiques moins connus, des œuvres d’art d’artistes renommés aux musées modestes, en passant par des villages abandonnés. 

Middle East Eye se penche sur cinq lieux méconnus à visiter au Qatar.

1. Film City

Aussi appelé ville fantôme du Qatar, ce village artificiel abandonné était à l’origine un décor de film.

Dissimulés à environ 80 km de Doha, les bâtiments de Film City imitent les anciennes implantations bédouines et, à l’exception de quelques palmiers, un désert aride encercle la zone.

Le village a été construit au milieu de la péninsule de Zekreet, également connue sous le nom de péninsule d’Abrouq, dans l’ouest du Qatar.

Pour les géologues amateurs, la région offre de vastes paysages en grande partie épargnés par l’homme, notamment des marais salants et des plateaux rocheux.

L’architecture de style bédouin de Film City dans le désert de Dukhan au Qatar était un décor de film (Isabell Schulz/Flickr)
L’architecture de style bédouin de Film City dans le désert de Dukhan au Qatar était un décor de film (Isabell Schulz/Flickr)

Les explorateurs doivent garder les yeux bien ouverts s’ils veulent pouvoir observer les oryx sauvages et les autruches qui passent dans cette zone accessible uniquement en véhicule tout-terrain.

Sur le plateau de tournage lui-même, les visiteurs sont libres de s’essayer à la production de leurs propres films, car les bâtiments déserts et les rues vides ensablées fournissent une toile de fond parfaite pour les cinéastes.

En 2012, la série arabe Eyaal al-Theeb (fils du loup) a été tournée sur le site.

2. Les statues du Voyage miraculeux

Quatorze sculptures géantes en bronze sont alignées à l’intérieur d’Education City à Doha, un grand complexe abritant plusieurs universités et centres de formation américains, britanniques et français.

Les sculptures sont de l’artiste britannique Damien Hirst et se trouvent devant le Sidra Medical and Research Center, un hôpital spécialisé pour les femmes et les enfants.

Ce qu’on pourrait, à première vue, confondre avec une série de personnages extraterrestres s’avère rapidement une représentation des étapes de la gestation.

Damien Hirst capture le miracle de la naissance à travers ses sculptures de Doha (AFP)
Damien Hirst capture le miracle de la naissance à travers ses sculptures de Doha (AFP)

S’attendant à une controverse, Hirst avait déclaré au journal local Doha News que cette œuvre d’art était la première sculpture au Moyen-Orient représentant un corps humain nu.

Malgré le vif débat entourant la sculpture et sa nudité, la cheikha Al-Mayassa Hamad bint Khalifa al-Thani, commanditaire de l’œuvre et présidente des musées du Qatar, a déclaré au New York Times que c’était de l’art significatif : « Il y a un verset dans le Coran sur le miracle de la naissance. Cela ne va pas à l’encontre de notre culture ou de notre religion. »

Les visiteurs pourront certainement repérer les statues s’ils assistent à des matchs à l’Education City Stadium, l’un des huit sites accueillant des matchs du Mondial.

3. Sculpture Est-Ouest/Ouest-Est

Autre œuvre d’art spectaculaire : cette mystérieuse installation au milieu du désert créée par l’artiste américain Richard Serra.

Baptisée Est-Ouest/Ouest-Est, l’œuvre comporte quatre gigantesques panneaux d’acier, de plus de 14 mètres de hauteur, répartis sur 1 kilomètre dans la réserve naturelle de Brouq, à l’ouest de Doha.

Les interprétations de l’œuvre sont variées, mais l’une des plus communes est qu’elle représente la rencontre de différentes cultures.

L’installation artistique de Richard Serra dans la réserve naturelle de Brouq, à une heure en voiture à l’ouest de Doha au Qatar (AFP)
L’installation artistique de Richard Serra dans la réserve naturelle de Brouq, à une heure en voiture à l’ouest de Doha au Qatar (AFP)

Se rendre sur les lieux de l’installation est déjà une aventure en soi car il n’y a pas de cartes, de panneaux ou de routes pour la trouver, seulement des coordonnées GPS.

Beaucoup de ceux qui visitent le site disent éprouver un sentiment de tranquillité en raison de la taille des panneaux et du fait qu’il est entouré d’un paysage désertique si vaste.

Certains apprécient également les différentes teintes visibles sur les panneaux de près.

Serra aurait spécifiquement choisi l’acier allemand pour ses propriétés face à la rouille qui donnent au matériau une teinte brun brûlé lorsque le soleil tape sur les panneaux métalliques.

Cette installation rouillerait plus rapidement que les autres œuvres de Serra, en raison de la météo qatarie. Il est conseillé aux visiteurs de ne pas toucher l’œuvre en été, car l’acier chauffé pourrait provoquer des brûlures.

Serra est également l’homme derrière une autre œuvre d’art en métal le long de la corniche de Doha. Sept, faite de sept panneaux d’acier, est censée représenter l’importance de ce chiffre dans l’islam.

Les musulmans font sept fois le tour de la Kaaba pendant les pèlerinages à La Mecque et croient aussi que le paradis comporte sept niveaux.

4. Courses de chameaux sur l’hippodrome d’al-Shahaniya

Posséder des chameaux est considéré comme un signe de richesse dans de nombreuses régions du Golfe et ces animaux sont étroitement associés à la culture bédouine depuis des milliers d’années.

Ils sont également utilisés à des fins récréatives, notamment pour les courses. Les courses professionnelles ont commencé dans le pays en 1972, et al-Shahaniya était la piste principale pour ces événements.

À une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Doha, l’hippodrome accueille de nombreux tournois nationaux et internationaux entre octobre et février, chaque événement durant souvent plus d’une heure.

Alors que les enfants jockeys étaient autrefois courants dans le pays, en 2005, la pratique a été interdite et les courses sont menées par des robots jockeys plus légers sur le dos des chameaux.

Les courses de chameaux professionnelles ont commencé au Qatar dans les années 1970, mais plus récemment les enfants jockeys ont été remplacés par des robots (AFP/Karim Jaafar)
Les courses de chameaux professionnelles ont commencé au Qatar dans les années 1970, mais plus récemment les enfants jockeys ont été remplacés par des robots (AFP/Karim Jaafar)

Une ville virtuelle avec des chameaux se trouve autour de l’hippodrome, où les clients visitent les écuries des chameaux. Les jours où il n’y a pas d’événements, on peut s’approcher des chameaux et en apprendre davantage à leur sujet. 

Ceux qui veulent en savoir plus sur ce sport traditionnel peuvent s’y arrêter même lorsqu’aucune course n’a lieu.

5. Maison Bin Jelmood 

Faisant partie des musées Msheireb situés à Msheireb, dans le centre-ville de Doha, la maison Bin Jelmood sensibilise à l’histoire du Qatar, y compris son rôle dans la traite des esclaves.

Le bâtiment du musée était autrefois une maison pour les travailleurs manuels, dont le traitement a longtemps été critiqué par les militants des droits de l’homme.

La Maison Bin Jelmood se concentre sur la relation du Qatar avec l’esclavage et les travailleurs (Wikimedia Commons/Hufton Crow)
La Maison Bin Jelmood se concentre sur la relation du Qatar avec l’esclavage et les travailleurs (Wikimedia Commons/Hufton Crow)

Bien que son sujet soit peu réjouissant, l’exposition permet aux visiteurs de mieux comprendre la traite des esclaves et les horribles traitements que des êtres humains ont endurés dans le passé. 

Le musée retrace également les histoires de domestiques, de pêcheurs de perles et d’ouvriers dans le pays, remontant à l’époque précédant la découverte du gaz naturel.

Une partie de l’exposition est conçue pour sensibiliser à l’exploitation des êtres humains et montrer que l’islam exige un traitement humain et juste des travailleurs.

Le musée aborde également le système de la kafala ou parrainage utilisé pour les expatriés, que l’on trouve encore dans la plupart des pays du Golfe.

Dans le cadre de ce système, la résidence d’un ressortissant étranger est liée à son employeur. Bien qu’elle soit utilisée pour tout, des emplois hautement rémunérés en entreprise au travail manuel, la kafala a été exploitée par les employeurs au détriment des travailleurs.

En 2016, le Qatar a aboli la kafala mais des progrès restent à faire en matière de droits des travailleurs dans le pays, selon de nombreuses ONG.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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