Le footballeur gay Josh Cavallo a « peur » de participer à la Coupe du monde au Qatar
Josh Cavallo, le seul footballeur de haut niveau ouvertement gay au monde, affirme avoir « peur » de se rendre l’an prochain à la Coupe du monde au Qatar, où l’homosexualité est illégale.
Âgé de 21 ans, le joueur d’Adelaide United (Australie) a fait son coming out le mois dernier dans une vidéo publiée par son club. « J’ai quelque chose de personnel à partager avec vous. Je suis footballeur et je suis gay », a-t-il déclaré.
« J’ai lu quelque chose qui disait qu’au Qatar, ils condamnent à mort les homosexuels, donc c’est quelque chose dont j’ai très peur et qui ne me donne pas vraiment envie d’aller au Qatar »
– Josh Cavallo, footballeur professionnel gay
Depuis lors, Josh Cavallo se dit bouleversé par les réactions de soutien reçues à la suite de ses propos, mais également inquiet de ce qui l’attend.
Dans une interview accordée au podcast d’actualité quotidienne du Guardian, le footballeur a fait part de son malaise à l’idée que la Coupe du monde se déroule dans un pays où les homosexuels sont susceptibles d’être poursuivis.
« J’ai lu quelque chose qui disait qu’au Qatar, ils condamnent à mort les homosexuels, donc c’est quelque chose dont j’ai très peur et qui ne me donne pas vraiment envie d’aller au Qatar », a-t-il soutenu.
« Et cela m’attriste. En fin de compte, la Coupe du monde est au Qatar et l’un des plus grands succès en tant que footballeur professionnel est de jouer pour son pays. Savoir que c’est dans un pays qui ne soutient pas les homosexuels et menace leur vie, ça me fait peur et ça me pousse à m’interroger : est-ce que ma vie est plus importante que d’accomplir quelque chose de grand dans ma carrière ? »
Une liberté d’expression « limitée » pour la communauté LGBTQ+
Même si le bilan du Qatar en matière de droits de l’homme – en particulier le traitement réservé aux travailleurs étrangers et à la communauté LGBTQ+ – préoccupe depuis longtemps les organisations de défense des droits de l’homme, cela n’a pas empêché certaines superstars mondiales de collaborer avec la nation du Golfe.
Le mois dernier, l’ancien capitaine de la sélection anglaise David Beckham a signé un contrat de 175 millions d’euros pour devenir ambassadeur culturel du Qatar. Dans le cadre de ce contrat de dix ans, l’ex-footballeur sera également le visage de la Coupe du monde 2022.
L’accord conclu par David Beckham a été vivement critiqué par les défenseurs des droits de l’homme. Amnesty International a publié un communiqué exhortant la star à se renseigner au sujet du bilan du Qatar en matière de droits de l’homme, tout en soulignant les restrictions imposées à la liberté d’expression dans le pays, la criminalisation des relations homosexuelles et la situation critique des travailleurs immigrés.
Au Qatar, les relations sexuelles entre adultes consentants de même sexe dans la sphère privée sont considérées comme une infraction pénale.
Outre l’interdiction des relations sexuelles hors mariage pour les musulmans, le Qatar pénalise tout homme, musulman ou non, qui « pousse » ou « incite » un autre homme à commettre un acte de sodomie ou immoral, indique Human Rights Watch.
À l’approche de la Coupe du monde, les autorités qataries s’efforcent de rassurer les supporters LGBTQ+, leur affirmant qu’ils seront les bienvenus dans le pays et qu’ils « pourront s’exprimer – dans certaines limites ». Elles ont également promis à la FIFA, l’organe directeur du football mondial, que les drapeaux arc-en-ciel ne seraient pas retirés.
« Je souhaite assurer à tous les fans, quels que soient leur sexe, leur orientation [sexuelle], leur religion ou leur origine ethnique, que le Qatar est l’un des pays les plus sûrs du monde et qu’ils seront tous les bienvenus », a affirmé en 2019 le directeur général du tournoi, Nasser al-Khater, dans des propos relayés par le Guardian.
Interrogé quant à savoir comment les Qataris réagiraient si un couple d’homosexuels se tenait la main, Nasser al-Khater a répondu qu’ils seraient traités de la même manière qu’un couple hétérosexuel.
« Les manifestations publiques d’affection sont désapprouvées. Cela ne fait pas partie de notre culture, et cela s’applique à tout le monde. »
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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