Kawkabani, un dessin animé pour découvrir le Qatar avant le Mondial 2022
Avec son alien fan de foot arrivé par erreur deux ans avant la Coupe du monde, la série animée made in Qatar Kawkabani fait découvrir le pays hôte du Mondial 2022 à ses futurs visiteurs sans verser dans le panégyrique.
C’est la première série produite par le premier studio spécialisé du pays, Nefaish Animation (nefaish est un mot local désignant le pop-corn, en référence au bruit que fait le maïs quand il éclate), fondé en 2018.
Dans l’offre aujourd’hui disponible dans la région, « nous trouvions qu’il manquait de contenus de qualité qui représentent la culture qatarie », se remémore Amal al-Shammari, pointant des imprécisions dans la prononciation ou les tenues. « Il fallait un studio au Qatar qui prête attention à ces détails et représente la culture qatarie avec justesse. »
Kawkabani (mot désignant l’habitant d’une planète) en est la suite logique. Avec le Mondial du 21 novembre au 18 décembre, « nous nous sommes dit que beaucoup de personnes viendraient à Doha et nous voulions bien les accueillir, leur expliquer beaucoup de choses et partager notre culture », poursuit-elle. « C’est Hossein qui a eu l’idée de l’alien. »
Un extraterrestre à la découverte de la culture locale
Amal Al Shammari a imaginé le script et les personnages, lui les a dessinés et une équipe d’une trentaine de personnes disséminées à travers le Moyen-Orient les ont aidés à donner vie à leur histoire.
« C’est le manque d’artistes locaux qui nous a conduits à chercher dans la région, et uniquement dans la région, car nous voulions que les gens participant comprennent notre culture et l’importance de présenter la culture arabe au monde entier », explique Hossein Heydar.
Dans le premier épisode (sur un total de cinq, d’une dizaine de minutes chacun), diffusé le 2 mai sur YouTube et traduit en anglais, français, espagnol, hindi, mandarin et japonais, Kawkabani, petit alien violet curieux et amical, s’écrase dans le désert deux ans avant le coup d’envoi de la Coupe du monde.
Le visiteur est secouru par trois amis qui vont lui apprendre comment saluer les personnes qu’il rencontre ou encore signaler d’un geste de la main qu’il ne veut plus de café. Pourquoi trois ? Parce qu’ils représentent les trois composantes de la société qatarie, précise l’autrice de la série.
« Le bédouin, Faisal, représente le mode de vie nomade. Il est très fier, a tendance à s’emporter mais sera toujours là pour toi », décrit-elle. « Saad vient du bord de mer. Son mode de vie est plus moderne, il est ouvert à des cultures différentes. Enfin, vous avez Khalifa, sa mère est britannique et son père qatari, vous ressentez le mélange chez lui. »
Au fil des épisodes, l’extraterrestre découvre la culture locale avec ses hôtes et leurs proches, non sans autodérision. Comme dans le deuxième l’épisode, quand un matou errant invite ses amis à finir les restes d’un repas pantagruélique commandé pour trois convives seulement.
« Notre héritage est plein d’histoires, de personnages et de héros que nous voulons faire découvrir au monde »
- Hossein Heydar, directeur général de Nefaish Animation
« Le dessin animé essaye d’expliquer aux Qataris qu’à l’occasion [de la Coupe du monde] de nombreuses personnes de différents pays et cultures vont venir à Doha [et] qu’il faut accepter ces cultures, les aider à coexister et à comprendre la culture qatarie de manière fluide », confie Amal al-Shammari.
Habitué jusqu’alors aux projets commerciaux où « le client met toutes les limites », Hossein Heydar a apprécié d’avoir les coudées franches pour Kawkabani. « Nos sponsors [le Comité suprême d’organisation du Mondial, l’opérateur de télécommunications Vodafone et l’Institut du film de Doha] nous ont laissé toute la liberté de créer comme nous le voulions », assure-t-il.
Le dessinateur de 33 ans et la scénariste de 35 ans ont déjà les deux saisons suivantes en projet et ils ne comptent pas s’arrêter là.
« Notre héritage est plein d’histoires, de personnages et de héros que nous voulons faire découvrir au monde depuis le Qatar ou le monde arabe », se réjouit Hossein Heydar. « Kawkabani est la preuve que nous pouvons produire ce genre de contenu de qualité ».
Par Raphaëlle Peltier et Anne Levasseur.
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