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Sept anecdotes insolites à retenir de la Coupe du monde 2022 

Des messages politiques, des étreintes maternelles, des prouesses animalières… Alors que la Coupe du monde au Qatar s’est terminée, MEE revient sur les petites – et parfois curieuses – histoires qui ont marqué de près ou de loin ce tournoi
L’Argentine, sacrée championne du monde pour la troisième fois, a réussi dimanche 18 décembre à offrir à Lionel Messi (au centre avec le trophée) le grand titre qui lui manquait (AFP/Franck Fife)
L’Argentine, sacrée championne du monde pour la troisième fois, a réussi dimanche 18 décembre à offrir à Lionel Messi (au centre avec le trophée) le grand titre qui lui manquait (AFP/Franck Fife)
Par MEE

Lionel Messi soulève la Coupe du monde en bisht qatari

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, et l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, remettent le trophée de la Coupe du monde à Lionel Messi, à Doha, le 18 décembre 2022 (AFP/Paul Ellis)
Le président de la FIFA, Gianni Infantino, et l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, remettent le trophée de la Coupe du monde à Lionel Messi, à Doha, le 18 décembre 2022 (AFP/Paul Ellis)

Dans ce qui restera sans aucun doute dans l’histoire comme le couronnement de sa carrière, l’attaquant argentin Lionel Messi a, dimanche 18 décembre, fait son chemin vers ses coéquipiers en portant le trophée de la Coupe du monde, vêtu d’un traditionnel bisht arabe.

Ce manteau traditionnel lui a été présenté par l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani. Aussi connue sous le nom de mishlah, aba ou abaya, la tenue, qui descend jusqu’à la cheville, n’est pas unique au Qatar et peut être trouvée sous différentes formes à travers le Moyen-Orient.

Porté à l’origine pendant les mois les plus froids par les bédouins pour se protéger du froid hivernal, il est désormais réservé aux grandes occasions (mariage, cérémonies officielles).

Le bisht est également porté par les imams, en particulier dans le Golfe, lorsqu’ils dirigent les prières.

Les bishts de la meilleure qualité sont fabriqués à partir de poils de chameau filés, ce qui crée un tissu fin et doux semblable au cachemire.

D’autres sont en poils de chèvre ou en laine, tandis que des versions plus abordables sont fabriquées à partir de coton et de polyester. Le tissu est ensuite teint, la plupart du temps en noir, mais aussi en marron et blanc.

Une couture (zari) dorée qui suit généralement l’encolure ou les bords de la robe est brodée de fils généralement en soie ou en fils d’or et d’argent.

Une parure de valeur qui fait toutefois s’interroger le média français RMC Sports : « Reste à savoir ce qu’en pensera l’équipementier de l’Argentine, Adidas, dont ni le logo ni les célèbres bandes ne sont visibles sur les premiers clichés de Messi au sommet de la planète foot. »

L’équipe d’Iran n’a pas chanté son hymne national 

Le 21 novembre, les joueurs iraniens ont choisi de ne pas chanter leur hymne national avant leur match contre l’Angleterre (Reuters)
Le 21 novembre, les joueurs iraniens ont choisi de ne pas chanter leur hymne national avant leur match contre l’Angleterre (Reuters)

L’équipe nationale d’Iran n’a pas chanté son hymne national au début du match l’opposant à l’Angleterre, le 21 novembre, alors que les manifestations menées par les femmes continuent de secouer le pays.

Les manifestations déclenchées par la mort en garde à vue de Mahsa Amini (22 ans), arrêtée parce qu’elle aurait mal porté son hijab, se sont étendues à tout l’Iran et durent depuis maintenant plus de deux mois. La répression de ces manifestations par les autorités ont causé la mort d’au moins 458 personnes selon l’ONG Iran Human Rights (IHR). 

Le capitaine de l’équipe iranienne Ehsan Hajsafi a déclaré en conférence de presse : « Mes condoléances à toutes les familles en deuil en Iran… Nous sommes avec elles et partageons leur peine… Il nous faut admettre que les conditions dans notre pays ne sont pas justes et que notre peuple n’est pas heureux.

« Mon peuple est triste et notre présence ici ne signifie pas que nous ne pouvons pas être sa voix ou que nous ne devons pas le respecter », a-t-il déclaré.

« Nous devons nos vies à notre peuple et nous sommes ici pour travailler dur, lutter, faire de notre mieux et marquer des buts, et les dédier au peuple iranien endeuillé… J’espère que les choses vont s’améliorer et que tout le monde sera heureux. »

Les manifestants, emmenés par les femmes, réclament la fin de la loi sur le hijab en Iran et le démantèlement de la police des mœurs qui fait respecter le code vestimentaire imposé aux femmes.

Toby le manchot prédit des victoires mais se trompe sur le résultat de la finale

Toby le manchot réfléchit à sa prochaine prédiction à l’occasion du Mondial (réseaux sociaux)
Toby le manchot réfléchit à sa prochaine prédiction à l’occasion du Mondial (réseaux sociaux)

Après Paul le poulpe (lors de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, une pieuvre commune résidant à l’aquarium Sea Life d’Oberhausen en Allemagne qui avait fait sensation en prédisant le vainqueur des sept matchs de l’Allemagne), deux prétendants au trône sont apparus à l’occasion du Mondial 2022.

Le premier est une loutre cendrée de 8 ans appelée Taiyo : le mammifère a été érigé au rang de héros au Japon après avoir prédit la victoire 2-1 des Samourai Blue face à l’Allemagne.

Le second se trouve au Moyen-Orient : Toby est un manchot papou vivant à Ski Dubai, une station de ski indoor située dans l’un des plus grands centres commerciaux au monde. 

Toby, 12 ans, a prédit l’une des plus grosses surprises de l’histoire de la Coupe du monde : la victoire 2-1 de l’Arabie saoudite face à la puissante Argentine. 

Au lieu de retourner se reposer et de déguster des seaux de poissons pour célébrer son succès, Toby, décrit par son soigneur Ahmed comme le « plus intelligent » de tous les manchots dont il s’occupe, s’est remis au travail en prédisant le triomphe du Japon face à l’Allemagne.

« Il est très curieux et a toujours observé les choses autour de lui », a déclaré son soigneur à la presse. « Bien sûr, sa capacité d’attention est brève, mais il est très observateur. » 

Toby vit à Ski Dubai depuis trois ans et fait partie d’un programme d’élevage de manchots mis en place sur le site. Cette station de ski ouverte au cœur d’un centre commercial est une idée de l’homme d’affaires émirati Majid al-Futtaim, décédé en 2021. 

Malgré un taux de réussite élevé, toutes les prédictions de Toby ne se sont pas révélées exactes. Il avait notamment prédit, pour la finale, la victoire de… la France !

Traduction : « Nous sommes ravis de connaître le vainqueur de la #Coupedumonde… et Toby le pingouin aussi ! Commentez ci-dessous le drapeau du pays que vous encouragez ! N’oubliez pas de réserver vos billets maintenant sur… »

Ouganda : les gardiens de prison privés de téléphone pour éviter… les évasions

Les autorités ougandaises ont interdit lundi 21 novembre aux personnels pénitentiaires d’utiliser leurs téléphones portables durant la période de la Coupe du monde, avertissant que les détenus pourraient profiter de « l’enthousiasme » entourant la compétition pour organiser des évasions.

« Le début du tournoi de la Coupe du monde de football le 20 novembre 2022 et son enthousiasme pourraient donner lieu à des évasions des prisonniers », a déclaré le porte-parole du Commissaire général des prisons, Frank Mayanja Baine, dans un communiqué lundi.

« Le personnel ne doit pas se présenter au travail avec des téléphones car ils détournent l’attention et interfèrent avec le niveau de vigilance », ajoute le communiqué, ordonnant aux responsables des établissements pénitentiaires de renforcer la sécurité dans les zones « où les prisonniers peuvent regarder du football ».

Les évasions de prison à grande échelle sont fréquentes dans les prisons ougandaises, souvent surpeuplées.

En septembre 2007, plus de 200 détenus se sont évadés d’une prison de haute sécurité dans la région de Karamoja, dans le nord-est du pays. 

En 2006, 500 détenus se sont également fait la belle d’un établissement pénitentiaire d’Arua, dans la région du Nil occidental (nord-ouest).

L’Ouganda compte plus de 6 000 détenus dans ses établissements pénitentiaires, selon les registres officiels.

Nettoyage des stades : des supporters japonais donnent l’exemple

Comme le veut la tradition dans leur pays, les supporters japonais se sont levés pour nettoyer le stade, dès la fin du match de leur équipe nationale contre l’Allemagne, le 23 novembre.

En donnant l’exemple – car ils nettoyaient même quand le Japon ne jouait pas et en veillant à ce que les stades soient impeccables après les matches –, les supporters ont gagné le cœur et le respect des spectateurs du monde entier.

Grâce aux vidéos sur lesquelles on les voit, sacs jetables à la main, ramasser des déchets entre les sièges et dans les escaliers des stades, les internautes sur les réseaux sociaux ont diffusé le message, affirmant que d’autres devraient tirer des enseignements de l’initiative.

Les Japonais semblent en tout cas avoir influencé d’autres supporters lors de cette Coupe du monde : quelques jours plus tard, une vidéo montrait des supporters iraniens et sénégalais nettoyant également le stade.

Après son geste « plein d’humanité », un supporter arabe rencontre le sélectionneur du Brésil

Tite offre à Husam Saffarini un maillot dédicacé par les stars de la sélection brésilienne (réseaux sociaux)
Tite offre à Husam Saffarini un maillot dédicacé par les stars de la sélection brésilienne (réseaux sociaux)

À son retour du stade après avoir admiré la magie du football brésilien au Qatar, Husam Saffarini ne se doutait pas de la succession d’événements qu’il allait vivre après une simple bonne action envers une autre spectatrice.

Alors que des centaines de personnes rejoignaient le métro de Doha depuis le stade, après la victoire de la Seleção face à la Serbie (2-0) le 24 novembre, ce Palestino-Jordanien a proposé à une femme de l’aider en portant son enfant endormi.

Ce jeune garçon était en réalité le petit-fils du sélectionneur du Brésil, Adenor Leonardo Bacchi, dit Tite.

La vidéo montant le geste de Husam Saffarini, enveloppé d’un drapeau de la Palestine, a ému Tite ainsi que de nombreux autres internautes. Le technicien tenait à savoir qui était l’homme derrière ce geste « plein d’humanité » et à le remercier personnellement. 

« Le football nous offre tellement de belles choses », a déclaré Tite. « Je veux le rencontrer parce qu’il a fait preuve d’une solidarité qui transcende le football. »

Après une semaine de recherches, Husam Saffarini a été retrouvé et invité au camp de base de la Seleção.

Ce supporter du Brésil a eu l’honneur d’assister à l’entraînement de la sélection nationale. Tite lui a ensuite offert un maillot dédicacé par les stars de l’équipe.

« Cela vaut tout l’or du monde pour moi », a confié le supporter, ému, après une accolade chaleureuse avec Tite. « C’est quelque chose que je ne peux pas acheter. »

Sur la toile, l’histoire a conquis de nombreux internautes.

Le geste de Husam Saffarini a été salué, notamment par des supporters arabes et palestiniens, pour le fait qu’il illustre parfaitement la mentalité arabe.

« Beaucoup de gens avant la Coupe du monde avaient une fausse idée du monde arabe, mais maintenant, ils sont surpris par ce qu’ils voient », a tweeté un utilisateur.

Autres stars du Mondial, les mamans des joueurs marocains

Le défenseur marocain Achraf Hakimi retrouve sa mère à la fin du match contre la Belgique comptant pour le groupe F de la Coupe du monde, le 27 novembre 2022 au stade al-Thumama de Doha (AFP)
Le défenseur marocain Achraf Hakimi retrouve sa mère à la fin du match contre la Belgique comptant pour le groupe F de la Coupe du monde, le 27 novembre 2022 au stade al-Thumama de Doha (AFP)

Après avoir inscrit le tir au but victorieux pour le Maroc contre l’Espagne, le 6 décembre, il n’a pas fallu longtemps à Achraf Hakimi pour se précipiter vers sa mère. 

Le latéral né à Madrid de parents marocains avait déjà fait parler de lui quelques jours auparavant en embrassant sa mère, Saida Mouh, après la victoire des Lions de l’Atlas face à la Belgique.

« Je t’aime maman », avait-il tweeté en arabe à l’issue de ce match, avec un émoji cœur. 

Ce jour-là, les photographes étaient une fois de plus aux premières loges pour immortaliser l’accolade entre Saida Mouh et son fils après l’exploit du Maroc en huitièmes de finale de la Coupe du monde

Traduction : « Le joueur marocain Achraf Hakimi reçoit un baiser de sa mère après avoir éliminé l’Espagne de la Coupe du monde. »

Avant le Mondial, la Fédération royale marocaine de football a décidé, de concert avec le sélectionneur Walid Regragui, d’emmener les proches des membres de l’équipe au Qatar et de leur offrir un séjour tout compris. 

Ainsi, en plus d’être soutenus par des dizaines de milliers de supporters dans les stades à l’occasion du premier Mondial organisé dans un pays arabe, les Lions de l’Atlas ont été rejoints par leurs proches à leur camp de base situé dans le quartier de West Bay à Doha. 

Fatima, la mère du sélectionneur Walid Regragui en personne, fait partie de ceux qui ont saisi l’occasion de s’envoler pour le Qatar.

« Je vis en France depuis plus de 50 ans maintenant et c’est la première compétition pour laquelle j’ai quitté Paris », a-t-elle déclaré à la chaîne sportive marocaine Arryadia. 

« [Walid] va rendre fiers tous ceux qui les regardent. Aidez-le et il vous aidera », a-t-elle affirmé au journal Al-Mountakhab. 

« Ceux qui l’aiment, que Dieu les bénisse et ceux qui ne l’aiment pas, que Dieu les bénisse aussi.

« Je l’ai élevé de manière à ce qu’il atteigne l’excellence [islamique]. […] Que Dieu lui apporte, ainsi qu’à tous les autres, l’aisance et le confort. »  

« Dans cette liesse qui suit la victoire du Maroc, on oublie la naïveté tactique des Espagnols. Enrique n’a pas fait venir ces mamans arabes qui sont convaincues que leur fils est quoi qu’il arrive la meilleure chose sur terre », a plaisanté l’auteur Omar D. Foda. 

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