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Sahara occidental : tensions autour du prolongement du mandat de la MINURSO

Alger refuse catégoriquement de participer aux négociations directes en tant qu’observateur alors que Rabat se félicite du vote onusien prolongeant d’un an le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental
Le personnel de la MINURSO au point de passage de Guerguerat, entre le Maroc et la Mauritanie, le 25 novembre 2020 (AFP/Fadel Senna)
Le personnel de la MINURSO au point de passage de Guerguerat, entre le Maroc et la Mauritanie, le 25 novembre 2020 (AFP/Fadel Senna)
Par MEE

L’Algérie a exprimé, dimanche 31 octobre, son « profond regret » après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 2602.

Alger a qualifié de « partiale » cette résolution prévoyant le prolongement du mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).

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« L’Algérie ne soutiendra pas cette résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes de l’État [le Maroc] occupant, dont elle encourage l’intransigeance et les manœuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara occidental », a précisé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé « les parties » en conflit à reprendre les négociations « sans pré-conditions et de bonne foi », en votant une résolution qui prolonge d’un an le mandat de la MINURSO. La Russie et la Tunisie se sont abstenues.

Successeur nommé récemment, l’Italien Staffan de Mistura doit relancer la médiation onusienne à compter du 1er novembre.

Mais selon le représentant du Front Polisario à l’ONU, Sidi Omar, « la mission de M. de Mistura est d’ores et déjà vouée à l’échec, de telle sorte que les perspectives de réactiver le processus de paix seront sérieusement sapées ».  

Rabat tient au format de la table ronde

L’Algérie, qui a rompu fin août ses relations diplomatiques avec le Maroc, appelle au retrait des forces marocaines déployées dans la zone tampon de Guerguerat, dans l’extrême sud du territoire, après qu’un groupe de militants sahraouis a bloqué la seule route vers la Mauritanie, considérée comme illégale par le Polisario.

Alger a aussi marqué sa vive opposition à une reprise des négociations sous forme de tables rondes organisées en Suisse.

La dernière de ces tables rondes, réunissant le Maroc, le Front Polisario, ainsi que l’Algérie et la Mauritanie en tant qu’observateurs, s’était tenue au printemps 2019, peu avant que l’émissaire de l’époque, Horst Köhler, ne démissionne face à l’absence de percée.

« L’Algérie est tenue de s’impliquer de manière constructive et réaliste tout au long du processus de recherche d’une solution »

- Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères

Lors d’une conférence de presse à Rabat, le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita a souligné que « le Conseil de sécurité a[vait], au moins à quatre reprises, mentionné la table ronde comme cadre exclusif pour la poursuite du processus [politique] ».

« L’Algérie est tenue de s’impliquer de manière constructive et réaliste tout au long du processus de recherche d’une solution », a-t-il estimé. 

Pour le président de l’Institut marocain des relations internationales (IMRI), Jawad Kerdoudi, « la résolution 2602 du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara est favorable au Maroc ».  

Selon un diplomate cité par l’AFP, Moscou n’est « pas satisfait de certains paragraphes relatifs au processus politique » et appuie aussi le refus de l’Algérie de reprendre les tables rondes.

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Dmitri Polyanskiy, l’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, a déploré les nouveaux éléments de langage introduits ces dernières années dans les résolutions prorogeant le mandat de la MINURSO, citant les références dans ces textes à la nécessité de s’en tenir à une « approche réaliste » ou à « des compromis ».

« Les termes utilisés de ‘’démarches réalistes’’ et de ‘’compromis’’ prolongent l’ambiguïté et sapent les travaux du Conseil de sécurité, nuisant ainsi aux perspectives d’un dialogue direct entre les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, a expliqué la délégation russe », a rapporté l’agence d’information officielle algérienne (APS).

Selon l’APS, la résolution « déséquilibrée » présentée par les États-Unis est « marquée surtout par l’empreinte de la France ».

« Toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contre-productive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région », a conclu le ministère algérien des Affaires étrangères.

Les indépendantistes sahraouis ont rompu en novembre dernier une trêve conclue en 1991 avec le Maroc, après le déploiement de forces marocaines dans une zone tampon au Sahara occidental.

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