Soldats américains tués en Jordanie : vers une nouvelle escalade des tensions au Moyen-Orient
C’est la première fois depuis le début de la nouvelle phase du conflit israélo-palestinien, le 7 octobre, que des soldats américains sont tués au Moyen-Orient.
Dimanche 28 janvier, une attaque au drone a tué trois militaires américains et blessé 34 autres, sur des bases à la frontière jordano-syrienne où environ 350 membres de l’armée de terre et de l’air assurent des missions de soutien dans le cadre de la lutte contre le groupe État islamique.
Cette offensive fait de nouveau craindre une escalade des tensions sur fond de guerre larvée entre Israël et l’Iran.
Sami Abou Zahri, un porte-parole du Hamas, a déclaré que la mort des trois soldats « est un message à l’administration américaine » : « La poursuite de l’agression américano-sioniste à Gaza fait risquer une explosion régionale. »
Les autorités irakiennes ont condamné l’attaque appelant à « stopper la spirale de la violence » au Moyen-Orient.
« Nous savons que cela a été mené par des groupes de combattants radicaux soutenus par l’Iran opérant en Syrie et en Irak », a accusé Joe Biden. « N’ayez aucun doute : nous allons faire rendre des comptes à tous les responsables, quand et comme nous le voulons », a ajouté le président américain.
L’opération a été revendiquée par un groupe se faisant appeler Résistance islamique en Irak.
« Poursuivant notre démarche de résistance aux forces d’occupation américaines en Irak et dans la région, et en réponse aux massacres de l’entité sioniste [Israël] contre notre peuple à Gaza, les combattants de la Résistance islamique en Irak ont attaqué dimanche à l’aube par des drones quatre bases ennemies, dont trois en Syrie et le quatrième à l’intérieur de notre territoire palestinien occupé », a-t-il revendiqué sur l’application Telegram.
Vendredi, cette nébuleuse de combattants issus des groupes armés pro-Iran, s’était engagée à poursuivre ses attaques contre la coalition internationale.
Discussions prochaines sur l’avenir de la coalition
L’Irak et les États-Unis ont dévoilé jeudi 25 janvier des discussions prochaines sur l’avenir de la coalition dans le cadre d’une « commission militaire suprême ».
À terme, l’objectif serait de « formuler un calendrier précis déterminant la durée de la présence des conseillers de la coalition en Irak » et d’initier « une réduction progressive et étudiée de ces conseillers », selon la diplomatie irakienne.
Un haut responsable de la Défense américaine a lui assuré que le dispositif n’était « pas une négociation sur le retrait des forces américaines d’Irak ».
Les États-Unis déploient environ 2 500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie voisine.
Le feu vert donné par Washington à ces discussions « n’aurait pas été possible sans les frappes de la Résistance », selon un communiqué du groupe armé qui voit dans cet assentiment américain « une tentative de rebattre les cartes […] et de gagner du temps ».
« La réponse de la Résistance islamique sera de poursuivre ses opérations […] contre la présence étrangère », et cela « jusqu’à ce que soient avérés leurs véritables intentions et le sérieux de leur engagement à retirer leurs forces », d’après le communiqué.
Ce lundi 29 janvier, l’Iran a réfuté lundi toute implication dans cette attaque.
L’Iran « ne souhaite pas l’expansion du conflit au Moyen-Orient »
« La République islamique ne souhaite pas l’expansion du conflit au Moyen-Orient », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Nasser Kanani dans un communiqué, alors que le président américain Joe Biden a promis de répliquer après l’attaque.
Il a réaffirmé que Téhéran n’était « pas impliqué dans les décisions prises par les groupes de résistance sur la manière avec laquelle ils soutiennent la nation palestinienne » dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza après l’attaque du 7 octobre.
Ces groupes « ne prennent pas d’ordre de la République islamique » et « ils décident de leurs actions sur la base de leurs propres principes », a-t-il insisté.
Le porte-parole iranien a également estimé que « la répétition de ces accusations sans preuves » était « une conspiration de ceux qui voient un intérêt à entraîner les Américains dans une nouvelle bataille dans la région, à l’expansion et à l’escalade de la crise pour dissimuler leurs problèmes ».
Téhéran « n’a aucun lien et n’a rien à voir avec l’attaque sur la base américaine », a aussi affirmé la représentation permanente de l’Iran à l’ONU, décrivant un « conflit entre les États-Unis et les groupes de résistance dans la région », selon un bulletin de l’agence officielle iranienne Irna.
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