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Syrie : près de 60 morts dans des combats entre Hayat Tahrir al-Cham et des groupes proturcs

Les combats ont éclaté le 8 octobre, et en quelques jours, Hayat Tahrir al-Cham a pu prendre le contrôle total de la région d’Afrin, proche de la frontière turque
Des manifestants au point de passage de Bab al-Salama, tenu par l’opposition syrienne, à la frontière avec la Turquie dans la province d’Alep, au nord, le 18 octobre 2022 (AFP/Bakr Alkasem)
Des manifestants au point de passage de Bab al-Salama, tenu par l’opposition syrienne, à la frontière avec la Turquie dans la province d’Alep, au nord, le 18 octobre 2022 (AFP/Bakr Alkasem)

Près d’une soixantaine de personnes ont été tuées lors de combats qui ont opposé la principale organisation islamiste armée du nord de la Syrie à des groupes proturcs au cours des dix derniers jours, ont rapporté mardi une ONG et un correspondant de l’AFP.

Ces affrontements, les plus meurtriers depuis des années, ont permis au groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ex-branche syrienne d’al-Qaïda, de gagner du terrain dans les zones d’influence d’Ankara, proches de la frontière avec la Turquie, selon ces sources. 

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Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, 28 combattants de HTC et vingt autres des factions proturques ont été tués, ainsi que dix civils.

« Nous sommes alarmés par l’incursion récente de HTC, une organisation terroriste désignée, dans le nord [de la province] d’Alep », a réagi mardi l’ambassade américaine en Syrie sur Twitter, appelant au retrait immédiat des forces du groupe HTC de cette région.

Les combats ont éclaté le 8 octobre. En quelques jours, HTC a pu prendre le contrôle total de la région d’Afrin, proche de la frontière turque, ont indiqué le correspondant de l’AFP et le porte-parole d’un groupe armé proturc local.

Selon l’OSDH, un accord a été conclu entre les belligérants, stipulant que HTC administrera Afrin, y sera chargé de la sécurité et se déploiera aux postes de contrôle séparant cette zone des régions tenues par le régime syrien et les Kurdes.

L’accord devait s’étendre à d’autres régions proches de la frontière turque, mais les combats ont repris lundi soir, après une brève accalmie, près de la ville voisine d’Azaz, bastion d’un groupe proturc, Al Jabha al-Chamia.

« Crimes de guerre »

Mardi, l’armée turque, présente dans la région, s’est déployée pour la première fois pour s’interposer entre les belligérants près d’Azaz, sans que HTC ne se retire, selon l’OSDH et un correspondant de l’AFP.

Selon le chef de l’OSDH Rami Abdel Rahmane, « HTC n’aurait pas pu entrer dans cette région sans l’accord de la Turquie ».

La Turquie, qui s’est opposée au régime de Bachar al-Assad au début de la guerre, a commencé à déployer des troupes dans le nord de la Syrie en 2020 où elle contrôle des zones avec ses supplétifs syriens. 

« HTC n’aurait pas pu entrer dans cette région sans l’accord de la Turquie »

- Rami Abdel Rahmane, chef de l’OSDH

Une trentaine de factions syriennes, regroupées au sein de « l’Armée nationale syrienne » fidèle à Ankara, se partagent le contrôle d’une zone frontalière qui s’étend de Jarablus, au nord-est d’Alep, à Afrin, au nord-ouest d’Alep, en passant par des villes comme Al Bab et Azaz.

Ces groupes sont accusés d’exactions par les habitants, dont des arrestations arbitraires et la confiscation de terres et de biens. Amnesty International a même accusé certaines factions d’avoir commis des « crimes de guerre ».

Depuis l’offensive de HTC, des centaines de personnes ont manifesté dans plusieurs villes de la région contre ce groupe.

Cette organisation contrôle la moitié de la province d’Idleb, dernier grand bastion de rebelles et d’islamistes armés en Syrie, où la guerre a fait près d’un demi-million de morts depuis 2011.

HTC, qui a annoncé sa rupture avec al-Qaïda en 2016 et cherche à polir son image auprès de la communauté internationale, contrôle le point de passage de Bab al Hawa, avec la Turquie.

Mais des questions se posent cependant quant à un éventuel rôle qu’Ankara pourrait accorder à HTC en cas de nouvelles opérations militaires turques contre les groupes armés kurdes, la bête noire de la Turquie, qui contrôlent le reste de la bande frontalière plus à l’est.

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