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Tunisie : arrestation du président par intérim d’Ennahdha Mondher Ounissi

L’arrestation de Mondher Ounissi survient quelques jours après celle d’un autre haut responsable du parti d’opposition tunisien, l’ancien Premier ministre Hamadi Jebali
Mondher Ounissi, alors vice-président d’Ennahdha, s’exprime lors d’une conférence de presse au siège du parti à Tunis, en Tunisie, le 17 avril 2023 (Reuters)
Par MEE

La police tunisienne a arrêté Mondher Ounissi, président par intérim du parti d’opposition Ennahdha, a déclaré mardi un responsable de la formation politique à Reuters.

Ounissi a été vice-président d’Ennahdha jusqu’à ce que le chef de ce parti d’opposition, Rached Ghannouchi, ne soit arrêté plus tôt cette année.

Cette détention est la dernière en date d’une série d’arrestations qui ont eu lieu ces derniers jours.

Hamadi Jebali, l’ancien Premier ministre du pays, a été arrêté à la suite d’une perquisition à son domicile dans la ville de Sousse, a annoncé lundi son épouse. Et Karim Harouni, un autre haut responsable d’Ennahda, a été assigné à résidence par les autorités tunisiennes, a indiqué samedi le parti.

L’avocat de Harouni a déclaré samedi qu’il n’y avait aucun « détail sur les raisons de l’assignation à résidence ».

Le président tunisien Kais Saied a suspendu unilatéralement le Parlement et dissous le gouvernement en juillet 2021, une décision qu’il a présentée comme une étape vers une « vraie démocratie », qui impliquerait une rupture nette avec la classe politique, les institutions et les « élites corrompues ».

Ses détracteurs ont qualifié ce coup de force, dont les détails avaient été annoncés pour la première fois par Middle East Eye en mai 2021, de coup d’État.

Depuis sa consolidation du pouvoir, les autorités tunisiennes ont ciblé les opposants de Saied, notamment les membres du parti Ennahdha, qui constituait le plus grand bloc au sein du Parlement désormais suspendu.

En avril, la police tunisienne a arrêté Ghannouchi, l’un des critiques les plus virulents de Saied.

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La campagne de détention lancée par Saied après son coup de force a conduit à une société de plus en plus répressive. Par ailleurs, l’aggravation de la crise économique a entraîné une augmentation du nombre de personnes fuyant le pays par de dangereuses voies de contrebande.

Malgré les promesses visant à corriger la trajectoire économique du pays, une inflation galopante et des pénuries de produits de première nécessité ont été observées sous la présidence Saied.

La semaine dernière, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a ordonné au gouvernement tunisien d’informer les détenus politiques, leurs familles et leurs avocats des raisons de leur maintien en détention, afin notamment de leur fournir « des informations et des faits adéquats relatifs à la base juridique et factuelle de leur détention ».

La Cour a donné au gouvernement tunisien quinze jours pour « éliminer toutes les barrières » auxquelles sont confrontés les prisonniers politiques. Il a estimé que leur maintien en détention pourrait entraîner un « préjudice irréparable » et qu’ils se trouvaient dans une situation de « danger imminent ».

La Cour a également jugé que « les procédures suivies pour l’arrestation et l’emprisonnement des [détenus] n’[étaient] pas claires, notamment en ce qui concerne la clarification des accusations auxquelles ils font face ».

Traduit de l’anglais (original).

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