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Tunisie : plus de 50 000 participants à une consultation nationale controversée

Cette consultation veut collecter les avis des citoyens sur des questions diverses dans les domaines politique, social, et économique. Les détracteurs du président Kais Saied dénoncent des « méthodes populistes »
Le 13 décembre 2021, Kais Saied annonce l’organisation d’un référendum en juillet 2022 pour amender la Constitution et la rendre plus « présidentielle » (AFP)

Plus de 50 000 personnes ont participé à la consultation nationale voulue par le président tunisien Kais Saied avant un référendum constitutionnel prévu l’été prochain, en seulement cinq jours de fonctionnement véritable, ont annoncé mercredi les autorités.

Le portail www.e-istichara.tn avait été lancé le 1er janvier mais pour une phase « d’essai » menée dans 24 régions du pays. Le lancement effectif a eu lieu samedi 15 janvier.

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« Nous sommes au cinquième jour et le nombre de participants a atteint 52 000, c’est bien. Nous allons intensifier la campagne de sensibilisation », a déclaré devant la presse le ministre des Technologies, Nizar Ben Néji. 

Pour adresser leurs remarques, les internautes y compris les Tunisiens de l’étranger  s’inscrivent avec leur numéro de carte d’identité et reçoivent un code secret. 

Alors que seulement 45 % des foyers disposent d’une connexion internet, la « consultation populaire » électronique exclut déjà une partie significative des Tunisiens, dénoncent les détracteurs du chef de l’État. Mais selon les autorités, plus de neuf millions des douze millions de Tunisiens ont accès à internet (par ordinateur ou téléphone) et pour les autres, des ordinateurs seront à leur disposition dans les plus de 270 maisons de jeunes du pays.

Chaque participant doit répondre par oui ou non – avec une partie de commentaire libre – à des questions sur la politique, l’économie, les problèmes sociaux, la transition numérique, la santé, la qualité de la vie, l’éducation et la culture. Elles ont été préparées par des experts pour que « toute personne ordinaire puisse comprendre », selon le ministre de la Jeunesse, Kamel Deguiche.

Les deux ministres se sont félicités que jusqu’à présent, « la tranche d’âge des 30 à 50 ans ait fortement participé » mais ke lancement officiel de la consultation intervient au milieu d’appels de boycott lancés par les forces politiques qui rejettent les mesures de Kais Saied.

Une gouvernance par décrets

Depuis le 25 juillet 2021, arguant de blocages multiples, Kais Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs en suspendant le Parlement, dominé par le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, sa bête noire.

Depuis, il gouverne par décrets malgré les protestations d’opposants et d’ONG nationales et internationales.

Le 13 décembre, M. Saied a dévoilé une feuille de route prévoyant un référendum en juillet 2022 pour amender la Constitution et la rendre plus « présidentielle », avant des législatives en décembre 2022.

La « consultation populaire » doit s’étaler jusqu’au 20 mars et ses conclusions servir à préparer les réformes politiques, un procédé qui illustre, selon ses détracteurs, les « méthodes populistes » de Kais Saied, dont la popularité a reculé depuis son élection en 2019 avec quasi 73 % des voix, tout en restant solide.

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