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Tunisie : des centaines de personnalités arabes et musulmanes exigent la libération de Rached Ghannouchi

Les signataires d’une lettre ouverte affirment que l’arrestation de Ghannouchi fait partie d’une « répression généralisée » en Tunisie en cours depuis février 2023
Rached Ghannouchi à son arrivée dans un commissariat de Tunis, le 21 février 2023, à la suite de la convocation d’un juge d’instruction (AFP)
Rached Ghannouchi à son arrivée dans un commissariat de Tunis, le 21 février 2023, à la suite de la convocation d’un juge d’instruction (AFP)
Par MEE

Des centaines de personnalités influentes du monde arabe et musulman ont exigé, vendredi 28 juillet, la libération de Rached Ghannouchi, incarcéré depuis 100 jours, et d’autres détenus politiques tunisiens.

Selon les signataires d’une lettre ouverte aux autorités tunisiennes, l’arrestation du leader d’Ennahdha, principal parti d’opposition du pays, fait partie d’une « répression généralisée » contre la dissidence qui s’est intensifiée depuis février 2023.

Plus d’une douzaine de personnalités de l’opposition ont été arrêtées, dont des juges, des hommes politiques, des militants et des hommes d’affaires.

Traduction : « Des centaines de personnalités influentes du monde arabe et musulman ont exigé la libération de Rached Ghannouchi et d’autres détenus politiques en Tunisie, 100 jours après son arrestation. »

« Leur seul crime est de défier les tentatives de faire reculer les acquis démocratiques de la Tunisie, de rétablir la dictature, et d’arrêter les progrès réalisés par les dirigeants de l’opposition vers la construction d’une alliance large et diversifiée pour défendre la démocratie », indique la lettre.

Parmi les signataires figurent des dirigeants, des universitaires et des personnalités influentes du monde musulman, comme Abdel Rahman ben Farhat, membre du Parlement algérien ; Abderrahim Chikhi, ancien président du Mouvement unicité et réforme (MUR) au Maroc ; et Hussein Ghazi al-Samarrai du Conseil irakien du Fiqh (considéré comme la plus influente autorité sunnite d’Irak).

Ghannouchi a été arrêté le 17 avril sur ordre d’un juge tunisien. Il faisait l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent et incitation à la violence, accusations qu’il nie et que ses partisans qualifient de « politiques ».

Escalade de la répression

« Tous les partisans des valeurs de liberté doivent se tenir aux côtés des démocrates tunisiens alors qu’ils résistent à l’assaut contre la démocratie tunisienne, source d’espoir et d’inspiration dans les mondes arabe et musulman, qui ne peut se transformer en une autre source de désespoir », ajoute la lettre.

Le 15 mai, Ghannouchi a été condamné par contumace à un an de prison dans le cadre d’une escalade de la répression autoritaire, qui a fini par toucher des personnalités très connues, depuis l’entrée en fonction du président Kais Saied.

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Ghannouchi était aussi le président du Parlement, élu par des voies démocratiques, avant sa dissolution par Kais Saied.

Il a dirigé un parti islamiste centriste qui visait à trouver un terrain d’entente avec les factions laïques tunisiennes au sein de l’administration.

Le leader politique a été condamné pour « apologie du terrorisme » dans une affaire liée à une affaire dans le cadre de laquelle il avait été entendu en février par le pôle judiciaire antiterroriste avant d’être libéré.

Son audition faisait suite à une plainte déposée par un syndicat de policiers qui l’accuse d’inciter les Tunisiens à s’entretuer, pour avoir affirmé début 2022 lors des obsèques d’un responsable d’Ennahdha que le défunt « ne craignait pas les dirigeants ni les tyrans ».

Kais Saied, ancien professeur de droit constitutionnel, a été démocratiquement élu président en 2019, s’engageant à éliminer la corruption et à briser le chaos politique.

Mais en 2021, il a dissous le Parlement et a commencé à consolider son pouvoir. Il a arrêté des journalistes, des militants et des opposants politiques, dans ce qu’Amnesty International a qualifié de « chasse aux sorcières à motivation politique ».

En mai, dans une lettre publiée en ligne, des universitaires d’Europe et d’Amérique du Nord ont appelé à la libération de Rached Ghannouchi et de tous les prisonniers politiques en Tunisie, décrivant cette campagne de répression comme un « démantèlement féroce » de la transition démocratique « autrefois prometteuse et inspirante en Tunisie ».

Il ont averti que la Tunisie était sur le point de revenir aux « époques les plus sombres de la dictature » après les gains durement gagnés du Printemps arabe de 2011.

Traduit de l’anglais (original).

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