Tunisie : le président Saied va modifier la structure de l’autorité électorale avant le scrutin national
Le président tunisien Kais Saied a annoncé mercredi que la commission de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) superviserait les prochaines élections législatives, prévues pour le 17 décembre, après une modification de sa structure.
Le chef de l’État, qui a dissous le Parlement la semaine dernière, a longtemps remis en question le rôle de l’ISIE, créée après le soulèvement de 2011 en Tunisie pour surveiller la transition démocratique du pouvoir et les élections dans le pays.
L’ISIE est composée de neuf membres. Elle compte 27 antennes dans le pays pour surveiller les élections et six antennes destinées aux expatriés tunisiens – quatre en Europe, une au Canada et une aux Émirats arabes unis.
Les détracteurs de Saied l’accusent de tenter de revenir sur près d’une décennie d’un renforcement des institutions initié par Ennahdha et d’autres partis politiques depuis 2011.
« Le président modifie illégalement et arbitrairement les règles du jeu, décide de qui doit jouer et choisit également l’arbitre », a tweeté Saïd Benarbia, directeur du programme MENA de la Commission internationale de juristes, à propos de la décision de Saied, avant de dénoncer « un étalage d’autoritarisme effréné et débridé ».
Saied s’est exprimé mercredi lors d’une visite au mausolée de l’ancien président Habib Bourguiba : « Le dialogue avec les organisations nationales n’est que le début et nous [le] poursuivrons avec les partis, mais il n’y aura pas de dialogue avec les voleurs et les putschistes », a-t-il déclaré, en référence aux partis d’opposition.
« Ingérence »
Ce n’est pas la première fois que Saied emploie un langage désobligeant à l’encontre de ses opposants, qu’il accuse de conspirer contre l’État.
La semaine dernière, son gouvernement a demandé à la brigade antiterroriste de convoquer plusieurs députés, dont le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, pour les interroger.
Les députés avaient convoqué une session parlementaire en ligne la semaine dernière pour voter sur les mesures controversées prises par Kais Saied en juillet dernier, notamment la suspension du Parlement et le limogeage du Premier ministre, ainsi que la confiscation des pouvoirs judiciaire et législatif.
Saied a riposté en prononçant la dissolution du Parlement et en excluant la tenue d’élections anticipées.
Mercredi, il a indiqué que les prochaines élections se dérouleraient en deux tours et que les listes de partis seraient remplacées par un vote direct pour des candidats individuels.
« Le dialogue national a été lancé et la consultation nationale sera la base du dialogue. Une nouvelle Constitution sera préparée et le dernier mot sera donné au peuple via un référendum », a-t-il ajouté.
Mercredi également, la Tunisie a convoqué l’ambassadeur de Turquie pour dénoncer ce que la Tunisie a qualifié d’« ingérence » après que le président Recep Tayyip Erdoğan a critiqué Saied pour avoir dissous son Parlement.
Erdoğan a déclaré lundi : « Nous espérons que ces événements ne nuiront pas au processus de transition vers un retour de la légitimité démocratique et nous accordons une grande importance à la mise en application de la feuille de route sur la tenue d’élections. »
Le ministère tunisien des Affaires étrangères a exprimé dans un communiqué sa « surprise » face aux propos d’Erdoğan et fustigé « une ingérence inacceptable » dans les affaires intérieures de la Tunisie.
Le ministre tunisien des Affaires étrangères Othman Jerandi s’est entretenu par téléphone avec son homologue turc Mevlüt Çavuşoğlu avant de convoquer l’ambassadeur d’Ankara mercredi en signe de protestation.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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