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En Tunisie, le soutien aux Palestiniens est aussi l’occasion de rejeter la normalisation avec Israël

Ce dimanche, Tunis a envoyé en Égypte un avion chargé d’aide humanitaire. Pour l’État tunisien comme pour la population, le soutien à la cause palestinienne est ancré dans l’histoire
Des Tunisiens manifestent sous un immense drapeau de la Palestine, le 13 octobre à Tunis (AFP/Fethi Belaid)
Des Tunisiens manifestent sous un immense drapeau de la Palestine, le 13 octobre à Tunis (AFP/Fethi Belaid)
Par MEE

Douze tonnes de matériel de soin, antibiotiques, médicaments d’urgence, lait pour enfant : un avion chargé de produits alimentaires et de médicaments au profit des Palestiniens a décollé dimanche 15 octobre de la base militaire de l’Aouina, à Tunis.

Cette aide sera remise aux Croissant-Rouge palestinien et égyptien par la porte-parole du Croissant-Rouge tunisien et la vice-présidente de l’Ordre des pharmaciens.

Abdellatif Chabou, le président du Croissant-Rouge tunisien, a qualifié la situation dans la bande de Gaza de « punition collective de milliers de citoyens désarmés ».

Les autorités médicales en Palestine ayant également exprimé le besoin en équipes médicales spécialisées en chirurgie et médecine générale, le responsable tunisien a précisé que des spécialistes avaient été recensés et qu’ils attendaient que les conditions permettent l’entrée de ces équipes dans les territoires occupés.

« L’élan de solidarité avec le peuple palestinien frère ne doit pas faiblir », a-t-il soutenu, expliquant que les aides collectées par l’organisation sont conséquentes et que leur acheminement vers les territoires occupés demande du temps et de la coordination étant donné l’encombrement que connaît l’aéroport d’Al Arich en Égypte, point le plus proche du passage de Rafah.

Salut au drapeau palestinien

Mustafa Ferjani, ministre conseiller auprès du président Kais Saied, a assuré que d’autres aides seraient acheminées vers les territoires occupés, réaffirmant que la Tunisie soutenait le droit des Palestiniens à un État indépendant avec Jérusalem comme capitale.

La Tunisie, qui a abrité de 1982 à 1994 l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat après son départ du Liban, a toujours eu une position de ferme soutien à la cause palestinienne.

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Mardi, à l’initiative du ministère de l’Éducation, les élèves ont salué le drapeau palestinien.

En octobre 1985, l’aviation israélienne avait procédé à un bombardement massif du quartier général de l’OLP à Hammam Chatt, à 25 km au sud de Tunis, tuant 50 Palestiniens et 18 Tunisiens.

Kais Saied a chargé son ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, de formuler une réserve sur les décisions de la réunion extraordinaire du Conseil de la Ligue arabe qui s’est tenue mercredi 11 octobre au Caire.

« La Palestine n’est pas un dossier ou une affaire dans laquelle il y a un plaignant ou un défendeur, mais c’est plutôt le droit du peuple palestinien qui ne peut être prescrit ou annulé par l’occupation sioniste par le meurtre, le déplacement et la coupure des éléments les plus fondamentaux de la vie, comme l’eau et les médicaments, la nourriture et l’électricité et ciblant les personnes âgées, les femmes et les enfants innocents, les maisons, les hôpitaux et les équipes de secours et d’ambulance », a tenu à souligner la présidence tunisienne.

Le communiqué condamne « le meurtre de civils des deux côtés », soulignant « la nécessité de libérer les civils ainsi que tous les otages et les détenus ».

La normalisation, un « crime »

Jeudi 12, ce sont les Tunisiens qui sont descendus dans le centre de Tunis par milliers – syndicalistes, représentants de la société civile, militants politiques, avocats et lycéens – pour manifester leur soutien au peuple palestinien et réclamer la criminalisation de toute normalisation des relations avec Israël.

En septembre, un projet présumé de normalisation entre la Tunisie et Israël avait été évoqué par Alger, qui avait accusé les Émirats arabes unis de peser sur Tunis.

Mais dans ses discours, le président Saied a qualifié à plusieurs reprises de « crime » une normalisation avec Israël et une commission parlementaire doit examiner prochainement un projet de loi visant à pénaliser un tel processus.

Dénonçant les frappes israéliennes contre la bande de Gaza, les manifestants, brandissant le drapeau palestinien, se sont rassemblés devant le siège de la centrale syndicale, l’UGTT, avant de défiler jusqu’à l’avenue Habib Bourguiba.

Les manifestants ont aussi dénoncé le soutien de la France et des États-Unis, devenus « des alliés dans l’attaque contre les Palestiniens ».

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