Le château millénaire de Gaziantep, victime patrimoniale du séisme en Turquie
Pendant plus de 2 000 ans, le château de Gaziantep, l’une des plus anciennes villes du Moyen-Orient toujours habitées, a tenu bon. Sa structure était restée intacte malgré les diverses vagues d’invasion et de conquête et les changements de mains.
Mais hier matin, le tremblement de terre dévastateur qui a frappé le sud de la Turquie a porté l’estocade au monument, situé dans le centre de Gaziantep.
Ce séisme d’une magnitude de 7,8 survenu à l’aube, suivi de plusieurs répliques – dont l’une de 7,5 lundi à la mi-journée et une autre de 5,5 mardi avant l’aube –, a frappé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie, tuant plus de 5 000 personnes et en blessant des milliers d’autres.
Connu localement sous le nom de Gaziantep Kalesi, ce château historique fut à l’origine un point d’observation construit par l’Empire hittite au second millénaire avant notre ère.
Le château devint une forteresse majeure et fut utilisé aux IIe et IIIe siècles par l’Empire romain.
Sur internet, des photos montrent le château et ses barrières en fer effondrées tandis que la presse locale signale que les murs de la mosquée Sirvani, à côté du château, se sont également partiellement écroulés.
Le château est un monument célèbre figurant sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO. Les dommages sont encore en cours d’évaluation mais le séisme a d’ores et déjà provoqué l’effondrement de milliers de bâtiments et la plupart des victimes se trouvent dans la province de Hatay, où se situe la ville de Gaziantep.
Le château comportait douze tours et était auparavant entouré de douves. À travers l’histoire, le site fut conquis et reconquis.
Fortifié par les Romains, le château échut aux Byzantins après la partition de l’Empire romain, quand l’Empire romain d’Orient était dirigé depuis Constantinople (aujourd’hui Istanbul).
Sous Justinien Ier, empereur issu d’une famille paysanne du centre des Balkans et qui s’avéra l’un des plus importants dirigeants byzantins, le château de Gaziantep fut agrandi et rénové, doté de douves sèches et d’une galerie souterraine pour se défendre contre les envahisseurs.
En 661, le château passa aux mains de la dynastie omeyyade, originaire de La Mecque. Il demeura entre les mains des musulmans jusqu’en 962 et sa reconquête par les Byzantins.
En 1067, l’Empire seldjoukide l’arracha aux Byzantins avant que les croisés chrétiens ne s’en emparent en 1098. Il tomba ensuite entre les mains des Ayyoubides, dynastie fondée par le grand conquérant kurde Saladin (Salah ad-Din), premier sultan de Syrie et d’Égypte.
— Xavi Ruiz (@xruiztru) February 6, 2023
Traduction : « La château de Gaziantep, 2 200 ans, détruit par le séisme en Turquie. Avant/après. »
Des siècles de conquêtes successives s’ensuivirent, jusqu’à ce que le château de Gaziantep soit pris par l’Empire ottoman en 1516.
Selon des inscriptions sur le château, il fut en grande partie reconstruit en 1557, sous le règne de Soliman le Magnifique (1520-1566). Préservé par les Ottomans, le site s’est départi de son importance militaire.
Lors du siège d’Aïntab, durant lequel s’affrontèrent les forces nationales turques et l’armée française au Levant qui occupait la ville d’Aïntab lors de la guerre d’indépendance, Gaziantep reçut le préfixe honorifique signifiant « guerrier » après que les habitants eurent défendu leur ville contre les Français.
Avant sa destruction dans le séisme, le site abritait le musée panoramique de la Défense et de l’Héroïsme de Gaziantep et attirait de nombreux visiteurs.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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