Aller au contenu principal

Cinq des plus anciennes villes du Moyen-Orient toujours habitées

Les premières villes du monde sont apparues il y a un peu moins de 10 000 ans dans ce qui est aujourd’hui la Turquie, l’Irak et la Syrie
Les archéologues ont trouvé des preuves de peuplement de Damas qui remontent à 8 000 ans (AFP/Louai Beshara)
Les archéologues ont trouvé des preuves de peuplement de Damas qui remontent à 8 000 ans (AFP/Louai Beshara)

Avec l’avènement de l’agriculture il y a environ 11 000 ans, les populations du Moyen-Orient se sont sédentarisées et ont petit à petit abandonné le mode de vie des chasseurs-cueilleurs.

Des excédents de nourriture résultaient souvent de l’agriculture et de la domestication des animaux. Par conséquent, les populations avaient moins besoin de se déplacer à la recherche de nouvelles sources d’alimentation.

Les petits ensembles de peuplement basés sur l’agriculture se sont finalement transformés en villages et en villes, posant ainsi les éléments constitutifs de la civilisation.

La déesse mère, les Amazones et autres légendes féminines de l’histoire anatolienne
Lire

Les premières villes du monde ont vu le jour au Moyen-Orient, notamment à Çatal Höyük, près de Konya en Turquie moderne, qui a été habitée vers -7400 et abandonnée environ deux millénaires plus tard.

À Çatal Höyük, les chercheurs ont découvert des spécimens anciens d’art, sous forme de peintures murales domestiques, ainsi que des preuves de pratiques spirituelles, telles que des statues de divinités, y compris la femme assise de Çatal Höyük, considérée comme une représentation de la « déesse mère » préhistorique

Bien que la ville ait finalement été abandonnée, peut-être à cause des conséquences de maladies, de la surpopulation et du changement climatique, certaines des premières villes du Moyen-Orient sont toujours habitées à ce jour.

Middle East Eye passe en revue cinq villes qui ont résisté à l’épreuve du temps.

1. Gaziantep, Turquie

La ville aujourd’hui connue sous le nom de Gaziantep en Turquie est probablement habitée depuis le IVe siècle avant notre ère, comme en témoigne la découverte de fragments de poterie.

La ville est nichée près de la frontière syrienne entre les collines calcaires et de nombreuses sources d’eau douce. Divers empires se sont disputés Gaziantep pendant des millénaires, des Hittites à la fin du deuxième millénaire avant notre ère aux Ottomans au Moyen Âge et à l’époque moderne.

Cette image montre une vue générale de la ville de Gaziantep, qui se trouve à la frontière avec la Syrie (AFP/Ozan Kose)
Cette image montre une vue générale de la ville de Gaziantep, qui se trouve à la frontière avec la Syrie (AFP/Ozan Kose)

Les racines du nom de la ville sont débattues : il pourrait être dérivé du mot arabe et araméen ain, qui signifie « printemps », ou du mot khantap, qui signifie « terre du roi » en langue hittite.  

L’ancienne ville se situait par ailleurs sur une route commerciale entre les hauts plateaux anatoliens et l’Égypte, et a donc attiré une population diverse au fil des millénaires.

Gaziantep reste une ville agricole importante dans la Turquie d’aujourd’hui : elle produit des pistaches, des olives et est riche en vignobles.  

2. Byblos (Jbeil), Liban

Selon les archéologues, Byblos, ou Jbeil comme on l’appelle aujourd’hui, est habitée depuis environ 7 000 ans.

Située sur la côte méditerranéenne du Liban, la ville a survécu pendant des milliers d’années à de nombreux empires, tombant sous la domination des anciens Égyptiens, Assyriens, Romains et Arabes, entre autres civilisations.

Son importance réside dans sa proximité avec la mer et son rôle historique de point d’étape pour les commerçants voyageant à travers la Méditerranée.

Les Phéniciens, qui habitaient la ville il y a 2 500 à 4 500 ans, ont acquis la réputation d’être des marins aguerris, établissant des colonies tout au long de la Méditerranée jusqu’en Espagne.

Tableaux exposés dans un souk de la ville portuaire libanaise de Byblos (AFP/Joseph Eid)
Tableaux exposés dans un souk de la ville portuaire libanaise de Byblos (AFP/Joseph Eid)

La ville était en fait appelée Gebal, ce qui signifie « source de Dieu », par ceux qui l’ont créée. Les Grecs l’appelleront plus tard Byblos, ce qui veut dire « livre », en raison du rôle de la ville dans l’exportation du papyrus.

Byblos est reconnue par l’UNESCO, l’agence culturelle de l’ONU, comme étant un site de « valeur universelle exceptionnelle ».

Des maisons ottomanes et des structures croisées ont survécu à l’histoire et restent visibles dans la ville.

3. Erbil, Irak

Capitale de la région kurde d’Irak, Erbil est habitée depuis environ -2300, certaines estimations faisant remonter les débuts de la ville à environ 6 000 ans.

Un nom ressemblant au mot « Erbil » apparaît dans des sources sumériennes il y a environ 5 000 ans et les Akkadiens de langue sémitique mentionneront plus tard un endroit appelé Arba-ilu, ce qui signifie « quatre dieux ».

Une vue aérienne montre la citadelle d’Erbil, capitale de la région kurde d’Irak (AFP/Safin Hamed)
Une vue aérienne montre la citadelle d’Erbil, capitale de la région kurde d’Irak (AFP/Safin Hamed)

La ville moderne est toujours centrée autour de la citadelle de la ville antique, qui a probablement au moins 4 000 ans.

Au carrefour entre l’Anatolie au nord, l’Iran à l’est et le Levant à l’ouest, Erbil a été disputée par divers empires à travers l’histoire. Elle a été administrée par les Babyloniens, les Perses, les Romains, les Arabes et les Turcs, entre autres.

La citadelle est reconnue comme un site du patrimoine par l’UNESCO et les autorités locales investissent massivement dans le développement des musées et du tourisme.

4. Damas, Syrie

Damas est mentionnée pour la première fois sous le nom de Ta-ms-qu au deuxième millénaire avant notre ère, à une époque où les empires égyptien et hittite se disputaient le contrôle du Levant.

Au premier millénaire, le nom avait évolué pour devenir le reconnaissable Dimashqu, un nom araméen, proche du Dimashq arabe d’aujourd’hui.

La ville a été créée il y a environ 4 300 ans, mais les chercheurs ont trouvé des preuves de présence humaineremontant au huitième-dixième millénaire av. J-C. dans la région de Tell Ramad, à sa périphérie.

Une vue d’ensemble prise le 30 juin 2015 qui montre un quartier de Damas, la capitale syrienne (AFP/Louai Beshara)
Une vue d’ensemble prise le 30 juin 2015 qui montre un quartier de Damas, la capitale syrienne (AFP/Louai Beshara)

Damas figure à la fois dans l’Ancien et le Nouveau Testament de la Bible, plus connue comme étant la destination de Paul lorsqu’il rencontre Jésus ressuscité, ce qui conduit à sa conversion au christianisme.

« Trouver son chemin de Damas » signifie aujourd’hui se convertir à une doctrine ou simplement trouver sa voie : Paul avait été un persécuteur des chrétiens jusqu’à sa rencontre avec Jésus, après quoi il est devenu un évangéliste.

Plus tard, après la naissance de l’islam et l’établissement du califat omeyyade, le calife Muawiya a fait de la ville sa capitale, consolidant son statut continu comme l’une des villes les plus importantes du Moyen-Orient et du monde islamique. C’est une réputation qui survit malgré dix ans de guerre civile en Syrie.

5. Jéricho, Cisjordanie occupée

Appelée Ariha par les Palestiniens, Jéricho est sans doute la plus ancienne ville habitée en permanence dans le monde, elle l’est depuis environ 11 000 ans.

Ce nom vient du mot cananéen « reah » qui signifie « parfumé », un mot apparenté aux noms arabe et hébreu (Yariho) de la ville.

Située dans la vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée, la ville a une histoire mouvementée, impliquant divers empires, en plus d’être la toile de fond de l’un des épisodes les plus célèbres de la Bible.

Vue du monastère chrétien orthodoxe grec de la Tentation près de la ville de Jéricho en Cisjordanie (AFP/Ahmad Gharabli)
Vue du monastère chrétien orthodoxe grec de la Tentation près de la ville de Jéricho en Cisjordanie (AFP/Ahmad Gharabli)

Selon le récit de la bataille de Jéricho dans le Livre de Josué, les envahisseurs israélites ont assiégé les habitants cananéens de la ville, qui étaient protégés par un mur fortifié.

Selon la tradition, Dieu a ordonné à Josué, le chef des assaillants et successeur de Moïse, d’encercler les murs avec ses troupes une fois par jour.

Le septième jour, les Israélites ont sonné leurs trompettes, faisant tomber les murs protégeant la ville et massacrant par la suite tous ses habitants.

Malgré son importance historique et religieuse, Jéricho s’était réduite à un village à l’époque ottomane, mais sa population a augmenté à partir de la période du mandat britannique.

Outre son histoire, Jéricho a la particularité d’être la ville habitée la plus basse du monde à 240 mètres sous le niveau de la mer.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].