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« Où est ma maman ? » : sous la neige et la pluie, les secours s’acharnent pour extraire les corps avalés par le séisme

Les bilans des victimes n’ont cessé de s’alourdir et devraient augmenter au fur et à mesure des recherches. L’Organisation mondiale de la santé a dit redouter « des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux »
Un officier de police embrasse sa fille après l’avoir sauvée des décombres à Hatay, dans le sud de la Turquie, le 6 février 2023 (AFP/Bulent Kilic)
Un officier de police embrasse sa fille après l’avoir sauvée des décombres à Hatay, dans le sud de la Turquie, le 6 février 2023 (AFP/Bulent Kilic)
Par AFP à HATAY, Turquie

L’aide internationale doit arriver ce mardi 7 février en Turquie et dans le nord de la Syrie où la course contre la montre et le froid se poursuit pour extirper des survivants des violents séismes qui ont ravagé la région la veille. 

Selon le dernier bilan officiel, qui risque de s’alourdir, près de vingt heures après la première des trois secousses, d’une magnitude de 7,8 ressentie jusqu’au Liban, à Chypre et dans le nord de l’Irak, plus de 5 000 personnes ont trouvé la mort.

Les secours se sont acharnés dans le froid, sous la pluie battante ou la neige, parfois à mains nues, pour sauver chaque vie qui pouvait l’être, comme cette enfant de 7 ans sortie des ruines à Hatay (sud), à la frontière syrienne, sous les yeux de l’AFP, après plus de vingt heures de terreur, le pyjama maculé de poussière. « Où est ma maman ? », a-t-elle demandé au secouriste qui la tenait dans les bras.

Le mauvais temps qui plane sur l’Anatolie complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés.

Traduction : « Un enfant sauvé des décombres et une famille coincée au troisième étage de leur maison après l’effondrement de certaines parties, à Afrin, dans le nord de la campagne d’Alep, après minuit la nuit dernière. »

L’aide internationale à la Turquie doit commencer à arriver mardi avec les premières équipes de secouristes, de France et du Qatar notamment. 

Le président américain Joe Biden a promis à son homologue Recep Tayyip Erdoğan « toute l’aide nécessaire, quelle qu’elle soit ».

Traduction : « La réponse de la protection civile européenne à la Turquie : 17 pays européens ensemble avec la Turquie et la Syrie ont offert 25 équipes de recherches et de sauvetages et 2 équipes médicales d’urgence. 1 155 sauveteurs et 72 chiens de recherche se dirigent vers la Turquie. Les premières équipes sont arrivées hier. »

Les Français envisageaient de se rendre en particulier à Kahramanmaraş, épicentre du premier séisme, région difficile d’accès et profondément meurtrie ensevelie sous la neige.

Deux détachements américains de 79 secouristes chacun se préparaient lundi à se rendre sur place, selon la Maison-Blanche.  

La Chine a annoncé mardi l’envoi d’une aide de 5,9 millions de dollars, incluant des secouristes spécialisés en milieu urbain, des équipes médicales et du matériel d’urgence, selon un média d’État à Beijing.

Selon le président turc, 45 pays ont proposé leur aide.

Évasion de prisonniers de l’EI

En revanche en Syrie, l’appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours « dans les prochaines heures », alors que selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours. 

L’ONU a également réagi, mais en insistant que l’aide fournie irait « à tous les Syriens sur tout le territoire », dont une partie n’est pas sous le contrôle du gouvernement.

EN IMAGES : La course contre la montre des sauveteurs en Syrie et en Turquie
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Dans ces zones tenues par les rebelles, frontalières de la Turquie au nord-ouest de la Syrie, au moins 700 morts ont été dénombrés.

Profitant du chaos créé par le tremblement de terre, une vingtaine de combattants présumés du groupe État islamique (EI) se sont évadés d’une prison militaire à Rajo, contrôlée par des rebelles pro-turcs.

Les bilans de part et d’autre de la frontière n’ont cessé de s’alourdir et compte tenu de l’amplitude des dégâts, ils devraient augmenter au fur et à mesure des recherches. 

Rien qu’en Turquie, les autorités ont dénombré près de 5 000 immeubles effondrés. Et la chute radicale des températures fait courir un risque supplémentaire d’hypothermie aux blessés, coincés dans les ruines.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit elle-même s’attendre au pire et redouter « des bilans huit fois plus élevés que les nombres initiaux ».

Dans la journée de lundi, pas moins de 185 répliques ont été enregistrées, consécutives aux deux premières secousses : l’une de 7,8 survenue en pleine nuit (4 h 17 locales), l’autre, de magnitude 7,5, à la mi-journée, les deux dans le sud-est de la Turquie.

Le mauvais temps qui plane sur l’Anatolie complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés (AFP/Bulent Kilic)
Le mauvais temps qui plane sur l’Anatolie complique la tâche des secours et rend le sort des rescapés plus amer encore, grelottant sous des tentes ou autour de braseros improvisés (AFP/Bulent Kilic)

Plusieurs répliques ont été enregistrées dans la nuit, mardi avant l’aube. La plus forte, de magnitude 5,5, a été enregistrée à 6 h 13 locales à 9 km au sud-est de Gölbaşi (sud).

Des dortoirs ont été ouverts par les autorités locales dans les gymnases ou les collèges ou même dans les mosquées afin d’héberger les rescapés. Mais par crainte de nouveaux séismes, nombre d’habitants ont préféré passer la nuit dehors, comme à Şanlıurfa, dans le sud-est turc.

« Qui n’a pas peur ? Tout le monde a peur ! », assurait Mustafa Koyuncu, 55 ans, entassé avec sa femme et ses cinq enfants dans la voiture familiale.

Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17 000 personnes, dont un millier à Istanbul.  

Le chef de l’État turc a décrété un deuil national de sept jours et la fermeture des écoles pour la semaine.

Par Bulent Kilic et Kadir Demir.  

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