La technologie des drones chinois envahit le marché au Moyen-Orient
Selon une étude réalisée par un think tank spécialisé dans la défense et la sécurité basé à Londres, la politique du gouvernement chinois consistant à vendre des drones armés à tout gouvernement qui le souhaite contribue à la prolifération des armes au Moyen-Orient.
Sept gouvernements de la région utilisent désormais des véhicules aériens sans pilote (UAV), selon cette étude, et un certain nombre d’entre eux les ont utilisés pour assassiner des ennemis en dehors de leur propre territoire.
Toutefois, le rapport du Royal United Services Institute (RUSI), intitulé « Armed Drones in the Middle East » ( « Drones armés au Moyen-Orient »), publié le 17 décembre, conclut que le prestige et le statut nationaux constituent la raison principale pour laquelle la plupart des États décident d’acquérir ces armes.
L’étude révèle que la Jordanie, l’Irak, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) ont importé des drones depuis la Chine. L’Arabie saoudite envisage d’en fabriquer 300 autres sous licence chinoise, tandis qu’Israël, la Turquie et l’Iran produisent tous leurs propres drones.
Alors que la technologie des États-Unis est toujours à la pointe en matière de drones militaires, la politique d’exportation extrêmement sélective de Washington donne l’opportunité à la Chine de combler les lacunes sur le marché, indique le rapport.
« La Chine a souvent été décrite comme un exportateur de drones ne posant pas de questions », expliquent les auteurs du rapport. La Chine fournit également facilement des munitions, mais il est difficile de savoir si le gouvernement chinois fournira à ses clients achetant des drones des capacités de contrôle par satellite.
L’acquisition de drones n’a pas eu un grand impact sur l’utilisation de la puissance aérienne par la plupart des États, mais « l’Iran, les EAU et la Turquie ont mené des frappes extraterritoriales dans le cadre de missions d’assassinats secrets et/ou dirigés par des agences, qui n’auraient probablement pas été considérées comme acceptables en termes de risque politique si elles avaient été effectuées par un avion avec pilote. »
« Pour ces acteurs, l’acquisition de drones a modifié les perceptions politiques et opérationnelles sur la manière de projeter leur puissance à l’aide de la puissance aérienne. »
L’Iran a produit deux types de drones différents, dont l’un sur le modèle d’un UAV israélien. Ces armes sont perçues comme une compensation face au vieillissement de la force aérienne du pays et ont été utilisées pour attaquer des cibles en Irak et en Syrie.
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Des drones iraniens ont également violé à plusieurs reprises l’espace aérien israélien depuis des bases en Syrie, indique le rapport. De plus, un certain nombre d’entre eux auraient été fournis au Hamas, au Hezbollah ainsi qu’aux Houthis au Yémen.
Les drones turcs ont participé à des opérations contre les forces kurdes en Turquie et en Syrie, visant des citoyens turcs et étrangers, et Ankara aurait rapidement élargi sa flotte produite localement.
Selon les auteurs du rapport, les EAU auraient acquis des drones chinois, tout d’abord pour des raisons de prestige, mais aussi pour persuader les États-Unis de lui fournir des UAV plus sophistiqués fabriqués aux États-Unis.
« Contrairement aux autres pays de la région, les EAU ont été très discrets sur l’achat, le déploiement et l’utilisation de drones armés », indique le rapport.
À la différence de l’Arabie saoudite, les Émirats auraient utilisé des drones lors de frappes aériennes au Yémen et ils les auraient également déployés en Libye selon le rapport.
Alors qu’Israël est l’un des plus grands opérateurs de drones de la région, le rapport indique que le « nombre précis d’UAV israéliens est extrêmement difficile à trouver ».
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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