Aux Émirats arabes unis, les catholiques attendent avec impatience le pape François
Comme des centaines de milliers de ses coreligionnaires, Ray Erwin, un catholique philippin qui vit aux Émirats arabes unis (EAU), attend avec impatience la visite du pape François à Abou Dabi, une « chance unique », s’enthousiasme-t-il.
Ce travailleur philippin assistera, comme 135 000 autres fidèles, à la messe historique qui sera célébrée mardi par le pape dans un grand stade d’Abou Dabi.
Près d’un million de catholiques, originaires pour la plupart des Philippines et d’Inde, vivent aux Émirats
Âgé de 44 ans, Ray Erwin, vit aux Émirats arabes unis depuis deux décennies, avec sa femme et ses deux filles de 19 et 22 ans. Il dit s’y sentir comme chez lui.
« Nous sommes très redevables », affirme-t-il à l’AFP en évoquant la « chance unique » que représente la possibilité de voir le pape François, surnommé affectueusement « Lolo Kiko » (Grandpa Francisco) aux Philippines.
Près d’un million de catholiques, originaires pour la plupart des Philippines et d’Inde, vivent aux Émirats, selon le Vicariat apostolique d’Arabie du sud, qui couvre ce pays, Oman et le Yémen.
Selon la CIA, l’agence de renseignements américaine, 76 % des 9,7 millions d’habitants des Émirats est musulmane, tandis que les chrétiens représentent environ 9 %.
Les migrants originaires de pays asiatiques constituent environ 65 % de cette population et ils sont employés dans tous les secteurs, du bâtiment aux services en passant par l’hôtellerie et autres.
À l’approche de la visite historique du pape, l’église Sainte-Marie de Dubaï, décorée de drapeaux du Vatican et d’un grand portrait de François, est en effervescence.
Des fidèles patientent longuement pour retirer les autorisations permettant d’assister à la messe d’Abou Dabi. D’autres se font remettre des cadeaux souvenirs comme des tee-shirts et des casquettes.
Pour Irène Anne Tomi, une Indienne de 16 ans, la visite du pape donnera lieu à « un grand moment religieux ».
« Je pense que ce sera une révélation pour tous les chrétiens et les musulmans des Émirats », affirme l’adolescente, venue célébrer la messe du vendredi en famille.
Conférence sur le dialogue entre les religions
L’église, qui peut accueillir 2 500 fidèles, ne peut contenir tout le monde ce jour-là. Beaucoup se tiennent debout contre les murs et d’autres suivent la messe sur des écrans géants installés à l’extérieur.
« Nous sommes tous des humains, et je crois que nous sommes liés par un seul fil : celui de la foi », poursuit Irène, qui veut devenir médecin.
Elle est active au sein de sa congrégation et dit s’inspirer du pape pour surmonter les difficultés de la vie. L’adolescente se félicite du fait que les Émirats lui ont garanti à elle et à sa famille « le droit de prier » dans leurs églises.
Les Émirats arabes unis vantent un climat de tolérance religieuse et de diversité culturelle régnant selon eux dans le pays, qui compte le plus grand nombre d’églises catholiques dans la région, soit huit.
Oman, le Koweït et le Yémen comptent quatre églises chacun, tandis que le Qatar et Bahreïn en ont une.
L’Arabie saoudite, royaume ultra-conservateur, ne compte elle que des mosquées et interdit toute autre pratique religieuse que celle de l’islam.
La visite du pape sera largement consacrée au thème du dialogue interreligieux.
Le chef du Vatican participera lundi à une conférence sur le dialogue entre les religions et rencontrera cheikh Ahmed al-Tayeb, le grand imam d’Al-Azhar, institution phare de l’islam sunnite.
Mardi, plus de 2 000 bus transporteront gratuitement des fidèles de tout le pays jusqu’à Abou Dabi pour la messe. Selon les médias locaux, ce rassemblement devrait être le plus important jamais organisé aux Émirats.
Ruthcel Fermana, une nourrice originaire des Philippines qui vit à Dubaï depuis plus de cinq ans, dit avoir sauté de joie en apprenant qu’elle avait reçu l’autorisation d’assister à la messe.
« Tôt le matin, quand je me suis réveillé, que j’ai ouvert mon téléphone et que j’ai vu le message indiquant que mon nom était sur la liste, j’ai dit ‘’Merci Seigneur, merci seigneur, merci seigneur’’, a-t-elle confié à l’AFP, avant de conclure : « Tout arrive pour une raison ».
par Dana Moukhallati
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