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Ce jour où Alger fit libérer les otages américains détenus en Iran

C’est grâce à la médiation de l’Algérie, représentant des intérêts de l’Iran, blacklisté aux États-Unis, que la crise des otages américains en Iran a pu être résolue 
Le secrétaire d’État américain adjoint, Warren Christopher, et le négociateur en chef algérien, le ministre des Affaires étrangères Mohamed Seddik Benyahia, lors de la signature de l’accord à Alger, le 19 janvier 1981 (Facebook/@USEmbassyAlgiers)
Par MEE

Le 19 janvier 1981, un accord est conclu entre Téhéran et Washington grâce à une médiation algérienne : le lendemain, les 52 derniers otages américains retenus dans l’ambassade américaine à Téhéran depuis le 4 novembre 1979 sont libérés. Le jour même de l’investiture de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis.

Le négociateur en chef côté américain est le secrétaire d’État adjoint, Warren Christopher, et côté algérien, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia.

Traduction : « Ce 4 novembre marque le 40e anniversaire de l’attaque de l’ambassade américaine à Téhéran, ce qui a provoqué la crise des otages. 52 diplomates américains y ont été séquestrés durant 444 jours. Leur libération n’aurait pas été possible sans la médiation algérienne. Les États-Unis demeureront reconnaissants envers l’Algérie pour cet exploit. Durant cette crise, l’Algérie a démontré son attachement aux valeurs humanistes et a présenté au monde entier un exemple unique de l’art de la diplomatie »        

« En 1980-1981, l’Algérie intervient en tant que médiateur dans la crise. Warren Christopher a fait la navette entre Alger et Washington et a finalement négocié un accord en vertu duquel les otages seraient libérés en échange d’un dégel des biens iraniens et d’une levée des sanctions contre l’Iran », témoigne l’ambassade américaine à Alger, le 3 août 2017, en rendant hommage à Redha Malek, ancien chef de gouvernement et un des diplomates engagés dans ces difficiles négociations, à l’époque ambassadeur d’Algérie à Washington. 

Le 3 novembre 1981, Téhéran annonce que le gouvernement Iranien a chargé l’Algérie « de faire les démarches de l’Iran à l’étranger »

Le 3 novembre 1981, Téhéran annonce que le gouvernement Iranien a chargé l’Algérie « de faire les démarches de l’Iran à l’étranger ».

Dès le 2 novembre 1980, le Parlement iranien a entériné les « quatre conditions » de l’imam Khomeini (engagement de non-ingérence, restitution des avoirs iraniens gelés et de la fortune du shah, annulation des poursuites judiciaires).

Le texte officiel des conditions iraniennes est remis au département d’État par l’ambassadeur d’Algérie aux États-Unis.

L’accord d’Alger de 1981 préconise, en plus de la libération des 52 otages américains, plusieurs autres points qui font curieusement écho avec l’actualité de la crise entre Washington et Téhéran : les États-Unis n’interviennent pas dans les affaires intérieures iraniennes, la levée du gel des avoirs iraniens aux États-unis et l’interdiction de sanctions économiques contre l’Iran, le paiement des dettes iraniennes auprès d’institutions américaines, etc.

Débloquer les fonds iraniens aux États-Unis

Pour rappel, l’Algérie représente, à l’époque, les intérêts américains en Iran. Les États-Unis se sont donc engagés à verser quelque neuf milliards de dollars sur des comptes ouverts par l’Algérie à la Banque d’Angleterre : sur cette somme, l’Iran ne reçoit immédiatement qu’un peu moins de trois milliards, car l’autre partie des avoirs iraniens reste bloquée pour assurer la contrepartie des emprunts que l’Iran a cessé de rembourser.

Les États-unis acceptent également de bloquer les avoirs de la famille de l’ex-shah qui sont encore sur leur territoire afin de les restituer à l’État iranien.

Du matériel et des photographies du personnel diplomatique américain exposés dans l’ancienne ambassade des États-Unis transformée en musée à Téhéran (AFP)

« Je voudrais exprimer publiquement aux Algériens mes remerciements pour le travail extraordinaire qu’ils ont réalisé en agissant avec équité et minutie entre nous et les dirigeants iraniens », déclare à l’époque le président sortant Jimmy Carter.

De son côté, un des négociateurs algériens, l’ambassadeur à Washington, Redha Malek, explique à son homologue iranien pendant les négociations : « Vous avez un différend avec le gouvernement américain et non avec le peuple américain. Pourquoi le retournez-vous contre vous ? ».

Le 20 janvier, au lendemain de cet accord, et quelques minutes après le discours inaugural du nouveau président Ronald Reagan, un Boeing d’Air Algérie atterrit à Alger avec à bord les 52 otages et six médecins algériens, ainsi qu’un journaliste de l’agence officielle algérienne.

444 jours de détention

C’est le secrétaire d’État américain, Warren Christopher, et le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia, qui accueillent, dans le salon d’honneur de l’aéroport d’Alger, les désormais ex-otages après 444 jours de détention. 

Le 25 novembre, ils partent pour les États-Unis. Deux jours plus tard, Behzad Nabavi, ministre d’État et principal négociateur iranien dans l’affaire des otages, se félicite de la levée des sanctions économiques appliquées par la plupart des pays occidentaux et annonce que l’Iran s’adressera désormais « surtout aux pays européens » pour ses échanges commerciaux. 

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