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Le Tunisien Rached Ghannouchi pris dans « les troubles arabes » à Davos

La 50e édition du Forum de Davos s’est ouverte mardi sans Rached Ghannouchi. Le leader d’Ennahdha a renoncé à participer à un débat controversé sur le bilan des révoltes arabes
À la dernière minute, le président du Parlement tunisien a annulé sa participation au forum de Davos (AFP)
Par Amin Djazairy à ZURICH, Suisse

Fidèle participant du forum de Davos et proche de Klaus Schwab, fondateur et président du Forum économique mondial (WEF), le Tunisien Rached Ghannouchi ne foulera pas des pieds cette année la neige de la station des Alpes suisses.

À la dernière minute, le président du Parlement tunisien, fraîchement élu, a annulé sa participation à cette 50e édition. Pour l’heure, Rached Ghannouchi est toujours inscrit au programme en tant qu’invité de marque et en sa qualité de « penseur musulman et chef d’Ennahdha, un des grands mouvements islamistes dans le monde arabe », affirme sa fiche.

Les organisateurs de Davos disent toujours que le président du Parlement tunisien devrait prendre part jeudi à un débat sur les contestations populaires qui touchent plus d’un tiers des pays du monde arabe. 

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Intitulée « Le retour des troubles arabes », la conférence a pour ambition de faire le bilan de près d’une décennie de Printemps arabe.

C’est aussi une prise de température alors que les Libanais, les Algériens, les Soudanais, les Irakiens se mobilisent contre la mauvaise gouvernance et la corruption qui nuisent à l’émergence de leurs pays sur les plans économique, politique et social.

La rencontre devait aussi décoder ce nouvel éveil de la rue arabe et esquisser une feuille de route politique et économique avec un panel de choc constitué notamment du controversé ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et du patron émirati Hussain Sajwani, qui dirige la société immobilière Damac.   

Officiellement, Rached Ghannouchi a renoncé à participer à Davos pour des raisons d’agenda politique chargé. Surtout que le président de l’Assemblée des représentants du peuple tunisien a entamé une série de rencontres à Carthage avec le président tunisien, Kais Saied, pour discuter Parlement et futur gouvernement.  

Pyromane

Selon des indiscrétions recueillies par Middle East Eye auprès de participants au forum, Rached Ghannouchi aurait pris ses distances avec la conférence de Davos après avoir découvert la campagne lancée dimanche sur les réseaux sociaux de plusieurs Libanais outrés par la participation du ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil, en le taguant du hashtag : « ministre illégitime à Davos ». 

« Inviter Gebran Bassil à s’exprimer sur les soulèvements dans le monde arabe, c’est comme inviter un pyromane à un panel sur la lutte contre les incendies », commentent les réseaux sociaux.

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Beaucoup de Libanais sont scandalisés par le choix de Bassil, par ailleurs marié à la plus jeune fille du président Michel Aoun et accusé de jouer avec la haine communautaire dans un Liban fragile, comme expert et intervenant sur les « troubles arabes ». « Gebran Bassil est un ministre illégitime dont le peuple libanais réclame la démission depuis presque cent jours », soulignent les activistes libanais sur la toile.

Peut-être que Rached Ghannouchi a aussi pris connaissance trop tard de la biographie de l’autre orateur de la conférence sur « les troubles arabes : Hussain Sajwani.  

Ce promoteur immobilier de luxe basé à Dubaï a fait fortune en assurant les services de catering et de restauration aux différentes bases de l’armée américaine au Koweït, en Irak, en Arabie saoudite et dans le reste de la région, selon la publication américaine Forbes.

Hussain Sajwani est aussi l’associé du président américain Donald Trump. Ils développent ensemble des hôtels et terrains de golf, sous la marque Trump à Dubaï. Sajwani est aussi connu pour son extravagance en offrant parfois des Lamborghini à ses clients et amis.

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