Les Houthis provoquent un choc pétrolier et avertissent l’Arabie saoudite de l’imminence d’opérations encore plus « douloureuses »
Opération « Équilibre de la dissuasion 2 » : c’est le nom que les Houthis ont donné à la spectaculaire attaque menée avec dix drones, samedi 14 septembre, contre deux des plus grands sites pétroliers de l’Arabie saoudite, à Abqaiq et Khurais, dans l’est du royaume.
Ces attaques ont pour conséquence immédiate de priver l’Arabie saoudite de la moitié de sa capacité de production de pétrole. Les Saoudiens parlent de « la suspension provisoire de la production » sur les deux sites touchés.
L’infrastructure énergétique saoudienne a déjà été touchée à de nombreuses reprises par les Houthis mais cette attaque est d’une autre ampleur : elle a ciblé la plus grande usine de traitement d’Aramco, la compagnie nationale d’hydrocarbures, située à Abqaiq, et l’un des principaux champs pétroliers du groupe à Khurais.
La production de pétrole suspendue représente environ 50 % de la production totale d’Aramco. Ces installations temporairement mises à l’arrêt produisent en temps normal 5,7 millions de barils par jour, soit environ 5 % de la production mondiale de brut quotidienne.
La chaîne de télévision des Houthis, Almasirah, basée à Beyrouth, a diffusé des extraits d’un communiqué lu par le porte-parole militaire du groupe yéménite, où il affirme que « les prochaines opérations seront d’une plus grande ampleur et auront un impact bien plus douloureux. L’Arabie saoudite n’a d’autre choix que d’arrêter la guerre et le siège contre notre pays ».
Le communiqué militaire des Houthis décrit des raids menés après une méticuleuse opération de préparation, « de renseignement et de surveillance » et « grâce à l’aide des honorables à l’intérieur du royaume ».
Le choc et les contrecoups de cette attaque qui a visé le cœur de la production pétrolière de l’Arabie saoudite vont certainement affecter les prix du pétrole à la réouverture des marchés lundi.
Ils causent déjà une flambée d’accusations contre l’Iran, pointé du doigt par les États-Unis, dont le secrétaire d’État, Mike Pompeo, a affirmé que les drones n’ont pas été envoyés à partir du Yémen.
Traduction : « Téhéran est derrière une centaine d’attaques contre l’Arabie saoudite, tandis que [le président Hassan] Rohani et [son ministre des Affaires étrangères, Mohamad Javad] Zarif prétendent s’engager sur la voie diplomatique. Au milieu de tous ces appels à une désescalade, l’Iran vient de lancer une attaque sans précédent contre l’approvisionnement énergétique de la planète. Il n’existe pas de preuve que les attaques viennent du Yémen »
Les Iraniens ont immédiatement rejeté les accusations américaines, que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, considère comme « insensées » et « incompréhensibles ». Pour Moussavi, ces remarques sont destinées à « écorner la réputation d’un pays afin de créer un cadre pour de futures actions contre lui ».
« Les États-Unis condamnent fermement l’attaque d’aujourd'hui contre d’importantes infrastructures énergétiques. Des actions violentes contre des zones civiles et des infrastructures vitales pour l’économie mondiale ne font qu’aggraver les conflits et la méfiance » , a pointé la Maison-Blanche après un appel téléphonique entre le prince saoudien Mohamed ben Salmane et le président américain Donald Trump.
L’attaque a provoqué de gigantesques incendies à l’intérieur des installations pétrolières mais elle n’a fait aucune victime humaine, selon le général Mansour al-Turki, porte-parole du ministère saoudien de l’Intérieur.
De leur côté, les Houthis revendiquent régulièrement des tirs de drones contre des cibles en Arabie saoudite et les revendiquent comme des ripostes aux bombardements aériens de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite contre le Yémen depuis 2015.
Traduction : « Les Houthis ont publié une vidéo rare d’une attaque au drone contre l’aéroport international d’Abou Dabi aux Émirats arabes unis (touchant le Terminal 1) le 26 juillet 2018. Ce sont les premières images d’une attaque au drone diffusées par les Houthis, pour qui cette attaque a été effectuée par un Samad-3 UAV [Unmaned Aerial Vehicle]»
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