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Attaque de l’Iran contre Israël : ce qu’il faut retenir

L’Iran a appelé dimanche Israël à ne pas réagir militairement à son attaque inédite lancée dans la nuit, présentée comme une riposte justifiée à la frappe ayant détruit son consulat à Damas
Un système anti-missile en action après que l’Iran a lancé des drones et des missiles vers Israël, vu d’Ashkelon, le 14 avril (Reuters/Amir Cohen
Un système anti-missile en action après que l’Iran a lancé des drones et des missiles vers Israël, vu d’Ashkelon, le 14 avril (Amir Cohen/Reuters)

Le chef des forces armées iraniennes a affirmé dimanche 14 avril que l’attaque menée dans la nuit contre Israël avait « atteint tous ses objectifs », en précisant qu’aucun centre urbain ou économique n’avait été visé par les drones et missiles iraniens. 

Une réponse à l’attaque du consulat. L’Iran a lancé samedi 13 avril, peu après 23 h, des dizaines de drones et de missiles en direction de sites militaires sur le territoire israélien.

Cette « action militaire de l’Iran est une réponse à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas », a expliqué la mission iranienne à l’ONU. Elle a été « menée sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense », selon elle.

Le 1er avril, un raid sans précédent a été mené contre la section consulaire de l’ambassade iranienne à Damas. Imputée à Israël, cette attaque a fait treize morts dont le plus haut gradé iranien en Syrie, Mohammad Reza Zahedi, et six autres membres des Gardiens de la révolution.

Des Iraniens célèbrent l’attaque de la nuit, à Téhéran le 14 avril (Reuters/Majid Asgaripour/WANA)
Des Iraniens célèbrent l’attaque de la nuit, à Téhéran le 14 avril (Reuters/Majid Asgaripour/WANA)

Israël « sera giflé », avait ainsi prévenu le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Israël est depuis la révolution de 1979 l’ennemi juré de la République islamique. Mais, jusqu’à présent, Téhéran s’était gardé de l’attaquer frontalement, préférant soutenir les actions menées par les autres membres de l’« axe de la résistance », dont le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza le 7 octobre.

Quelques heures avant les frappes, l’Iran a saisi samedi un porte-conteneurs accusé d’être « lié » à Israël avec 25 membres d’équipage à bord dans les eaux du Golfe. « Un acte de piraterie », a dénoncé Washington.

Les États-Unis derrière Israël. Joe Biden a déclaré samedi soir que les forces américaines avaient contribué à abattre « presque tous » les drones et missiles tirés par l’Iran sur Israël.

Le président américain a dit, dans un communiqué, qu’il convoquerait dimanche ses homologues du G7, groupe des pays les plus industrialisés, afin de coordonner une « réponse diplomatique unie » à l’attaque « éhontée » de l’Iran.

Il a indiqué s’être entretenu au téléphone dans la soirée avec Benyamin Netanyahou afin de lui réaffirmer « l’engagement inébranlable des États-Unis en faveur de la sécurité d’Israël ».

« Je lui ai dit qu’Israël avait fait preuve d’une capacité remarquable à se défendre contre des attaques sans précédent et à les déjouer, envoyant ainsi un message clair à ses ennemis : ils ne peuvent pas menacer efficacement la sécurité d’Israël », a-t-il ajouté selon le communiqué.

Selon des responsables militaires israéliens, environ 170 drones, 30 missiles de croisière et 120 missiles balistiques ont été tirés vers Israël. Si la plupart ont été lancés depuis l’Iran, certains provenaient aussi d’Irak et du Yémen, selon ces mêmes responsables.

Les drones et missiles iraniens ont été interceptés par Israël, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Jordanie.

Des vidéos sur les réseaux sociaux ont montré que les systèmes israéliens Arrow et Dôme de fer ont déjoué les menaces aériennes.

L’Arrow, développé en collaboration avec les États-Unis, est un système de missile sol-sol qui opère en dehors de l’atmosphère pour repousser les missiles de longue portée. Son objectif est d’intercepter les missiles avant qu’ils ne descendent vers une cible.

En novembre, Israël a utilisé le système de défense Arrow pour intercepter avec succès des missiles balistiques lancés par les Houthis au Yémen.

Israël possède également un système appelé Fronde de David, qui intercepte les missiles de moyenne portée.

Le Dôme de fer, qui abat des missiles de courte portée, a été utilisé tout au long de la guerre pour intercepter les roquettes tirées par le Hamas et le Hezbollah.

Des responsables américains ont déclaré que plus de 70 drones et trois missiles balistiques avaient été interceptés par leur marine et leurs avions militaires.

Des responsables ont déclaré à CNN que la marine avait abattu les missiles balistiques en utilisant le système de défense antimissile Aegis à bord de deux destroyers lance-missiles en Méditerranée orientale.

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Les forces américaines ont également abattu des drones iraniens au-dessus des provinces syriennes de Sweida et Deraa, dans le sud de la Syrie, près de la frontière jordanienne, ont indiqué à Reuters des sources sécuritaires.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a confirmé dimanche que la Royal Air Force (RAF) avait abattu « un certain nombre de drones d’attaque iraniens » et envoyé des avions supplémentaires dans la région.

Les responsables israéliens ont déclaré que la France était également impliquée dans le blocage de l’attaque iranienne.

« La France dispose d’une très bonne technologie, d’avions à réaction, de radars, et je sais qu’ils contribuaient aux patrouilles de l’espace aérien », a déclaré Hagari sans donner plus de détails.

La France a également procédé à « des interceptions » de missiles et drones iraniens visant Israël à la demande de la Jordanie, a confirmé lundi Emmanuel Macron qui veut « tout faire pour éviter l’embrasement » au Moyen-Orient.

« Nous avons une base aérienne en Jordanie […] L’espace aérien jordanien était violé par ces tirs. Nous avons fait décoller nos avions et nous avons intercepté ce que nous devions intercepter », a déclaré le président français sur les chaînes BFMTV-RMC. 

En décidant de « frapper Israël » depuis son sol, l’Iran a provoqué « une rupture profonde » et « ce qui s’est ouvert est très dangereux en termes de réaction », a-t-il estimé.

La France parle « à tous les pays de la région […] Ce qu’on essaie d’être, c’est une puissance médiatrice », a ajouté le président français qui va reparler dans la journée au Premier ministre israélien.

Mais ce sont « les Américains qui ont un rôle très important à jouer pour contenir l’Iran », a-t-il commenté.

La Jordanie a également participé à l’interception de missiles iraniens, selon des sources sécuritaires citées par Reuters, près de la vallée du Jourdain et le long de la frontière jordano-syrienne.

« Des éclats d’obus sont tombés à plusieurs endroits pendant cette période sans causer de dégâts importants ni de blessures aux citoyens », indique un communiqué du cabinet jordanien.

L’activation des systèmes de défense a coûté à Israël plus d’un milliard de dollars, selon un ancien conseiller financier de l’armée israélienne, le général de brigade Reem Aminoach dans une interview accordée au site israélien Ynet News.

L’expert a souligné que le prix faramineux contraste avec le montant relativement faible que l’Iran a dépensé pour lancer son assaut, que certaines estimations évaluent à moins de 10 % de ce qu’il a coûté à Israël pour arrêter l’attaque.

Une jeune fille palestinienne blessée. Le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hagari, a déclaré que 99 % des menaces aériennes avaient été interceptées.

Aucun des 170 drones n’a atteint le territoire israélien, a-t-il précisé, tandis que 25 des 30 missiles de croisière ont été abattus par Israël.

Un petit nombre de missiles balistiques ont traversé les défenses israéliennes et ont touché la base aérienne de Nevatim, dans le sud d’Israël.

« La base est toujours en activité et les pistes sont utilisées pour des atterrissages et des décollages », a-t-il précisé.

Traduction : « L’armée israélienne a publié des images montrant des ingénieurs de l’armée de l’air israélienne en train de réparer un cratère sur la piste de la base aérienne de Nevatim, dans le désert du Néguev, au sud d’Israël, qui aurait été la cible principale d’une attaque iranienne à grande échelle la nuit dernière, plusieurs missiles balistiques à moyenne portée ayant touché la base, mais ne causant que des dégâts mineurs. »

Une jeune fille bédouine palestinienne a été grièvement blessée lorsque des éclats d’obus d’un missile balistique intercepté ont frappé sa maison familiale près d’Arad, dans la région du Néguev.

Il est fort probable que les drones soient des munitions de type Shahed, qui transportent environ 20 kg d’explosifs, selon l’expert en armes basé aux États-Unis Jeffrey Lewis.

Bien qu’on ne sache pas encore quels missiles ont été utilisés samedi, l’Iran dispose de plusieurs types de missiles de croisière dans son arsenal, dont le Kh-55, un missile à capacité nucléaire d’une portée allant jusqu’à 3 000 km.

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Téhéran possède également le Khalid Farzh, un missile antinavire avancé pouvant transporter 1 000 kg d’ogives nucléaires et ayant une portée de 300 km.

Menace envers les États-Unis. Dans la nuit, Téhéran a mis en garde les États-Unis, les exhortant à « rester à l’écart » de son conflit avec Israël. 

« Toute menace émanant du gouvernement terroriste américain et du régime sioniste […] entraînera une réponse réciproque et proportionnée de la part de la République islamique d’Iran », ont averti les Gardiens de la révolution tôt dimanche.

« Si nécessaire », Téhéran « n’hésitera pas à prendre des mesures défensives pour protéger ses intérêts contre toute action militaire agressive », a renchéri le ministère des Affaires étrangères.

« La prochaine gifle sera plus violente », a prévenu la nouvelle fresque murale dévoilée dans la nuit sur la place Palestine à Téhéran, où quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans la nuit en criant « Mort à Israël » et « Mort à l’Amérique ».

Plusieurs pays, dont la Russie et la France, ont demandé à leurs ressortissants de « s’abstenir » de se rendre en Iran et en Israël.

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