Aller au contenu principal

L’inauguration d’une « place de Jérusalem » à Paris indigne

En « oubliant » les deux autres religions monothéistes et en « important le conflit israélo-palestinien » en France, la maire de Paris Anne Hidalgo a pris une décision irresponsable, selon l’Association France Palestine Solidarité
« La place de Jérusalem » devrait être inaugurée ce dimanche 30 juin en présence de la maire de Paris (AFP)
Par MEE

Le Conseil municipal de la ville de Paris a décidé, mercredi 12 juin, d’attribuer la dénomination « place de Jérusalem » à un square de la capitale situé dans le XVIIe arrondissement.

Une décision qui aurait pu éclairer sur la situation politique de cette ville et de ses habitants palestiniens, victimes d’une violation du droit international par Israël, qui occupe la partie orientale de Jérusalem depuis 1967. Sauf que ce n’est pas le cas, d’après Bertrand Heilbronn, président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS).

Dans une lettre ouverte adressée à la maire de Paris, ce dernier s’indigne de cette mesure. Se basant sur un échange de lettres entre Anne Hidalgo et le président du Consistoire, Joël Mergui, Bertrand Heilbronn déplore que pour la maire de Paris, Jérusalem « n’aurait d’importance que pour le judaïsme ».

« Des répercussions énormes » : qu’implique la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël ?
Lire

La future « place de Jérusalem » se trouve à l’endroit où sera prochainement inauguré le Centre européen du judaïsme, conformément au souhait exprimé par le président du Consistoire lors de la réception du président israélien Rivlin à l’Hôtel de Ville en janvier dernier.

Se faisant, la maire de Paris oublie « les deux autres religions monothéistes qui la considèrent comme une ville sainte », estime le président de l’AFPS. « D’où vient cette primauté d’une religion sur les autres exprimée par la maire de la capitale de la France, État laïc ? », s’interroge-t-il.

L’emplacement de la « place de Jérusalem », dont l’inauguration se fera en présence du maire de Jérusalem, l’Israélien Moshe Lion, a été révélé et salué par Joël Mergui dans un communiqué dans lequel il qualifie la ville de « capitale d’Israël ».

Par la voix de son président, l’Association France Palestine Solidarité dénonce une décision qui fait « abstraction de la réalité politique de l’annexion illégale de Jérusalem » et « met à mal l’idéal laïc » de la France en « pratiquant la confusion entre une religion (le judaïsme représenté par le président du Consistoire) et la notion contestable de communauté (la ‘’communauté juive’’) ».

« En associant cette ‘’communauté’’ à un État tiers (l’État d’Israël) qui viole tous les jours le droit international et les droits de l’homme, vous importez en France le conflit israélo-palestinien et vous rendez un bien mauvais service à cette ‘’communauté’’ », prévient Bertrand Heilbronn.

Pour l’AFPS, cette décision, placée « sous le signe exclusif de ‘’l’amitié avec Israël’’, vient « cautionne[r] l’annexion de Jérusalem par Israël », à l’instar de celle du président américain Donald Trump de transférer l’ambassade des États-Unis en Israël de Tel Aviv à Jérusalem.

Sur les réseaux sociaux, les réactions d’indignation n’ont pas tardé. Taoufiq Tahani, chercheur et enseignant à l'Éducation nationale, a qualifié cette décision de « honte pour Paris et pour la France ».

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=2402560523364569&set=a.1436803226606975&type=3&theater

Pour le journaliste Alain Gresh, Anne Hidalgo « ‘’oublie’’ que la ville est sainte aussi pour les musulmans et les chrétiens ».

https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=573722686490395&id=100015580067558

L’Association France Palestine Solidarité appelle Anne Hidalgo à « renoncer à cette décision qui divise, qui viole le droit international et qui va à l’encontre de la politique de la France ». Paris considère Jérusalem-Est comme un territoire annexé et occupé illégalement par Israël et estime que son statut doit être décidé d’un commun accord entre Israéliens et Palestiniens.

« La place de Jérusalem » devrait être inaugurée ce dimanche 30 juin en présence de la maire de Paris.

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].