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Maroc : les enseignants contractuels maintiennent leur grève

Depuis trois semaines, les enseignants contractuels protestent contre la précarité de leur statut et demandent à être assimilés à la fonction publique
Manifestation nocturne des enseignants contractuels à Rabat le 24 mars (AFP)
Par Margaux Mazellier à CASABLANCA, Maroc

Plus de 10 000 enseignants contractuels ont de nouveau manifesté, dimanche 24 mars, dans les rues de Rabat. Quelques heures plus tôt dans la nuit, la police avait fait usage de canons à eau pour disperser un précédent rassemblement.

En grève depuis trois semaines, ces derniers protestent contre la précarité de leur statut et réclament leur assimilation à la fonction publique en tant que fonctionnaires de l’Éducation nationale. Si le statut de contractuel leur donne droit aux mêmes salaires que les permanents – soit 5 000 dirhams (460 euros) par mois – ils n’ont pas les mêmes droits pour la retraite ni la même stabilité de l’emploi.

« Ce type de contrat est beaucoup plus précaire. Il donne à l’employeur la possibilité de limoger l’employé facilement après simple accord du directeur de l’établissement et du directeur provincial », déplore Abderrazak Drissi, secrétaire général de la FNE, un des cinq principaux syndicats enseignants.

Le recrutement par contrat (CDD) est entré en vigueur en 2016 dans le cadre de la régionalisation. Les enseignants contractuels dépendent, non pas du ministère de l’Éducation, mais des différentes Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF). Il s’agit de structures publiques indépendantes financièrement et administrativement. 

Régime de retraite désavantageux 

Depuis 2016, sur les 240 000 enseignants que compte le pays, 55 000 ont été embauchés sur la base de ce contrat.

S’exprimant jeudi 28 février à l’issue du Conseil de gouvernement, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi a affirmé que le recrutement par contrat vise à « renforcer la régionalisation avancée ainsi que la déconcentration, à répondre aux besoins des régions en terme de cadres enseignants et à encourager la stabilité des régions ». 

Pour Abderrazak Drissi, être rattaché à une académie représente un vrai handicap : « Ils n’ont pas le droit à la même mobilité que les fonctionnaires puisqu’ils ne peuvent être recrutés que dans l’académie où ils ont été formés ». 

Mais la principale revendication des contractuels concerne le régime de retraite. Les enseignants contractuels sont gérés par le Régime collectif d’attribution des retraites (RCAR), qui couvre le personnel contractuel de droit commun, tandis que les fonctionnaires sont gérés par la Caisse nationale des retraites, chargée du régime des pensions civiles (fonctionnaires de l’État). « La RCAR est clairement moins avantageuse », souligne Abderrazak Drissi.

Le 9 mars dernier, le ministre de l’Éducation, Saïd Amzazi, suite à une première rencontre avec les syndicats enseignants, a annoncé plusieurs amendements allant dans le sens des revendications des manifestants. Jugeant ces réformes insuffisantes, les syndicats ont appelé à maintenir la grève. 

Des marches jusqu’au 28 mars

Une seconde réunion entre les syndicats et le ministre s’est tenue ce lundi 25 mars. Cette fois encore, les deux parties ne sont pas parvenues à un accord définitif. « Il ne nous a rien proposé de nouveau. Nous appelons donc tous les enseignants contractuels à maintenir la grève et les manifestations », affirme Abderrazak Drissi.

Dans un communiqué conjoint publié le même jour, les syndicats ont donc annoncé le maintien de la grève. Du 26 au 28 mars, plusieurs marches de protestations sont prévues dans tout le pays.

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