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Tentative d’assassinat contre le Premier ministre soudanais : l’ancien parti au pouvoir accusé

Des personnalités politiques ont accusé des éléments de l’« ancien régime » d’être derrière l’attaque contre le convoi d’Abdallah Hamdock
Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdock (AFP)
Par Mohammed Amin à KHARTOUM, Soudan

Les islamistes soudanais ont nié toute implication dans la tentative d’assassinat contre le convoi du Premier ministre Abdallah Hamdock et ont rejeté les allégations selon lesquelles ils tentent de déstabiliser le pays et de renverser le gouvernement de transition.

Des témoins oculaires rapportent à Middle East Eye que l’attaque s’est produite aux alentours de 9 h – heure locale – lundi, au moment où le convoi composé de quatre voitures s’apprêtait à passer sous le pont Kober qui relie le nord de Khartoum au centre-ville.

Ces témoins affirment que le convoi semblait avoir été visé par le haut, les assaillants ayant dissimulé leur identité avec des « masques ».

« Nous n’avons rien à voir avec la violence et nous sommes persuadés que le gouvernement fait circuler ces allégations pour ouvrir la voie à la répression et à la discrimination à notre encontre »

- Muhanad al-Cheikh

Un membre de l’entourage d’Abdallah Hamdock a été légèrement blessé, selon un communiqué du gouvernement.

Le Premier ministre, 64 ans, a dit être en « bonne forme » après avoir survécu à l’attentat à la bombe ajoutant que celui-ci « ne bloquerait pas la voie du changement ».

À la suite de cet attentat, le ministre de l’Information, Faisal Salih, a déclaré que les tentatives d’attentats et le démantèlement de l’ancien système politique étaient des sujets qui seraient fermement traités.

« La police et les forces de sécurité se tiennent prêts pour protéger le pays et ses citoyens et une enquête a débuté pour identifier ces criminels », a déclaré à MEE le porte-parole de la police Omer Abdul Majid. 

« Nous n’avons rien à voir avec la violence »

Muhanad al-Cheikh, membre dirigeant du parti aujourd’hui interdit de l’ancien président Omar el-Béchir, a déclaré que le mouvement islamiste n’avait joué aucun rôle dans cette tentative d’assassinat.

Le PCN de Béchir était dominé par les islamistes avant que le dirigeant soit renversé l’année dernière après des mois de manifestations et remplacé par un gouvernement de transition en août.

« Nous rejetons cette allégation. Nous n’avons rien à voir avec la violence et nous sommes persuadés que le gouvernement fait circuler ces allégations pour ouvrir la voie à la répression et à la discrimination à notre encontre », a déclaré Muhanad al-Cheikh à MEE.

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« Le gouvernement de transition doit assumer la responsabilité de la sécurité et soulager la souffrance économique du peuple, au lieu de lancer des accusations contre nous pour établir une dictature au Soudan comme dans d’autres pays de la région. »

Abdallah Hamdock dirige un gouvernement de transition en vertu d’un accord de partage de pouvoir entre l’armée et les organisations civiles qui doit durer jusqu’à la fin 2022.

Ces derniers mois, les autorités de transition ont pris des mesures pour affaiblir les partisans de Béchir, notamment les éléments au sein des services de sécurité qui étaient proches de l’ancien homme fort.

Mi-janvier, des agents de sécurité armés liés à Béchir ont combattu des soldats à Khartoum pendant plusieurs heures, après une querelle concernant les indemnités de départ.

« Ce qui s’est produit ne bloquera pas le la voie du changement, ce ne sera rien d’autre qu’une motivation supplémentaire pour les puissantes vagues de la révolution », a déclaré Hamdock après l’attaque de lundi.

« Protéger la période de transition »

Les Forces de la liberté et du changement (FFC), coalition de forces civiles rassemblées pendant les manifestations contre Béchir, ont également accusé l’ancien parti au pouvoir et ses partisans d’avoir orchestré cet attentat. 

« Cette attaque terroriste est un parfait exemple du pouvoir de la contre-révolution pour faire avorter notre révolution », a déclaré le FFC dans un communiqué. « Dans cette période critique, nous appelons le peuple à descendre dans les rues afin de dénoncer cet attentat , de soutenir et de protéger la période de transition. »

Ashraf Abdul Aziz, analyste politique soudanais, explique à MEE que cette attaque pouvait servir à unir les citoyens contre les anciennes puissances dirigeantes et combler le fossé entre la FFC et l’armée.

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Les relations entre les civils et l’armée ont été tendues, en particulier alors que les groupes armés tels que les Forces de soutien rapide (RSF) – actuellement représentés au Conseil de transition – sont accusés de crimes de guerre contre les civils au Darfour dans les années 2000 et d’avoir réprimé brutalement les manifestations en 2019.

Le gouvernement a également encouragé la résistance tandis qu’il tente de mettre en place des réformes économiques.

« La contre-révolution veut faire obstruction au changement politique et effrayer le peuple par des actions violentes, mais cette attaque unit les partisans de la démocratie » estime Ashraf Abdul Aziz.

Salah Aldoma, professeur soudanais en sciences politiques, abonde dans son sens, accusant les islamistes d’être derrière cette attaque. 

« Si vous voulez savoir qui est derrière cet incident, il faut regarder qui en tire profit : l’ancien régime et son parapluie politique des Frères musulmans. Si Hamdock n’est plus sur la scène politique, ils en seront les premiers bénéficiaires », a-t-il affirmé.

« Ils [les islamistes] veulent entraîner les Soudanais vers la violence comme ce fut le cas dans d’autres pays de la région, mais la révolution soudanaise a surmonté de nombreux obstacles et des défis sérieux. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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