INTERVIEW – Adina Bar Shalom : « La paix est possible »
JERUSALEM - Fondatrice du Haredi College à Jérusalem, Adina Bar Shalom contribue fortement aux progrès de l'enseignement supérieur au sein de la minorité ultra-orthodoxe d'Israël, puissante et de plus en plus nombreuse, qui représente maintenant plus de 10 % de la population israélienne et 21 % du nombre d'élèves dans l'enseignement primaire.
Elle est une figure politique importante, courtisée par les Premiers ministres de droite comme de gauche. L'année dernière, une campagne a été lancée pour élire Bar Shalom au poste honorifique de Présidente d'Israël. Toutefois, après avoir envisagé de se porter candidate, Bar Shalom s'est finalement rétractée.
A l'occasion d'une interview exclusive avec David Hearst, Bar Shalom évoque la différence entre les ultra-orthodoxes et les sionistes religieux, et explique comment les juifs et les Arabes, le judaïsme et l'islam, peuvent partager le même territoire.
MEE : Comment Israël traite-t-il sa minorité juive orthodoxe ?
AB : J'utiliserai un terme fort ici : le racisme des haredim [juifs ultra-orthodoxes] réside dans leur refus d'épouser une personne qui n'est pas juive, qu'elle soit arabe, chrétienne ou autre. Les haredim se distancient de toute personne qui n'est pas juive, et cet état d'esprit a des racines profondes qui remontent à l'Holocauste et même avant, pendant la diaspora.
Les haredim ne sont pas appréciés, en particulier par les laïcs, qui les considèrent comme une génération obsolète : contre le progrès, contre le modernisme, contre l'intégration, contre le travail. Contre tout. Nous [les haredim] avons contribué à créer ce sentiment.
Les haredim ont très peur de la profanation, c'est-à-dire du non-respect de la Torah et de ses préceptes. C'est dans la nature humaine que de vouloir être comme ses amis ; ainsi, ils se cloîtrent dans un quartier, ou dans leur maison. Leur vie sociale est séquestrée au sein de leur propre groupe. Leur seule préoccupation est de mener leur vie dans cette société fermée. Les politiciens haredis se focalisent sur l'amélioration de cette vie, en particulier à l'aide de financements. Les laïcs voient cela comme de l'extorsion, qui consiste à vivre sur le dos des autres. Etant donnée la difficulté de l'existence en tant qu'haredi, les haredim ne s'intéressent pas à la vie en dehors de ce cadre étroit.
Il est question de difficultés financières, mais également de leur existence dans un certain cadre de lois. Tout ce qui est en dehors de ce cadre ne les intéresse pas.
Aujourd'hui, les rabbins haredim ont été surpris par deux phénomènes. Le premier est l'abandon des jeunes, c’est-à-dire que ces derniers ne veulent pas aller dans les yechivas (écoles religieuses) pour étudier la Torah ; ils ne veulent pas étudier dans ce système fermé. Les tentations du monde extérieur les intéressent grandement. La société haredie a très peur de cela.
Lorsque cela a commencé, les rabbins pensaient que s'ils ouvraient des écoles pour eux et les consolidaient au sein de leur propre société, ils pourraient mettre fin à ce déclin progressif, mais ils ont été très déçus de constater que les choses ne fonctionnent pas de cette manière.
L'autre phénomène est la voix des femmes haredim. La voix des femmes est entendue dans toutes les sphères, à la différence des hommes qui restent très conservateurs ; les femmes sont beaucoup plus ouvertes et s'intéressent beaucoup plus à d'autres choses. Elles regardent vers l'extérieur, d'une façon très différente que les hommes.
Il est intéressant de voir que les femmes n'occupent pas encore de positions de leadership, mais qu'elles sont déjà devenues membres de commissions traitant de la condition des femmes. Il y a huit ans, elles montaient déjà des refuges pour femmes battues. Le mouvement pour l'ouverture de l'enseignement supérieur à ces femmes n'a que dix ans, mais cette percée ressemble à un bond d'un siècle.
MEE : Comment les haredim voient-ils la paix avec les Palestiniens ?
AB : Si nous voulons susciter plus d'intérêt pour un dialogue entre nous [les juifs] et les Arabes qui vivent en Eretz Yisraël (la terre d'Israël), nous devrions comprendre qu'une bonne séparation implique deux Etats pour deux peuples, car cela serait utile à la fois pour Israël et pour les Palestiniens. Quel mal y aurait-il à cela ?
Dans la mesure où ils n'ont jamais servi dans l'armée, les haredim ne sont pas sur la ligne de front entre nous et les Palestiniens, pas même en tant que gardes. Rien du tout.
Et même les haredim qui rejoignent l'armée le font pour apprendre un métier et trouver du travail. Ils se lancent dans le domaine des logiciels informatiques et ainsi de suite. Ils ne sont pas sur le terrain et ne voient pas ce que l'occupation nous fait en tant que juifs. Ils ne regardent pas la télévision, donc ils ne sont pas exposés à ce qui se passe.
Les femmes, par contre, sont curieuses et veulent en savoir plus sur tout cela, mais jusqu'à présent, [ce développement s'observe seulement chez] des individus isolés car nous ne sommes pas encore organisées. Si son mari la soutient et la situation à la maison le lui permet, une femme peut repousser d'elle-même les limites aussi loin que possible.
Lorsque nous avons ouvert le programme sur les sciences politiques et les médias [au Haredi College de Jérusalem], les femmes ne voulaient pas s'y inscrire, ni au programme en résolution des conflits. Je devais rester assise là en tant qu'étudiante dans la classe, et m'occuper des jeunes femmes qui disaient qu'elles n'étaient pas intéressées, qu'elles ne voulaient pas de cela. Les femmes ne voulaient pas être dans la salle de classe. C'était parce que les enseignants couvraient la situation ici avant la création d'Israël en tant qu'Etat.
Les femmes disaient que cela ne les intéressait pas, que c'était leur terre et qu'elles ne voulaient pas entendre quoi que ce soit d'autre. Notre position [quant à ce programme] est que même si nous croyons que cette terre est la nôtre, il est toujours préférable, au nom de la paix, et pour arrêter l'effusion de sang entre les deux peuples, que nous laissions aller et attendions aussi longtemps qu'il le faudra la venue du Messie, de sorte que [dans le] même temps, toutes les nations puissent peut-être vivre ici ensemble, en paix.
Ici réside en fait la différence essentielle entre nous et les sionistes. Nous croyons tous que le Saint, béni soit-Il, a donné cette terre au peuple d'Israël. La différence est que nous, en tant qu’haredim, sommes préparés à partager la terre pour éviter l'effusion de sang. Mais ils [les sionistes] disent : « Nous sommes ici et ceux qui ne sont pas juifs doivent quitter cette terre et partir. »
La chose la plus terrifiante, à mon avis – et je n'en ai pas encore vraiment discuté avec mes proches –, venait du programme Uvda [un programme d'enquêtes populaire diffusé sur Channel 2]. Dans ce programme, [la journaliste] Ilana Dayan a demandé à Yehuda Glick [l'activiste qui a survécu à une tentative d'assassinat l'an dernier] s'il voulait que les juifs continuent d'aller au Mont du Temple, même au prix du sang versé. Il a répondu que oui.
Puis quand elle a réitéré sa question concernant sa position en particulier, il a essayé de se défiler, mais a finalement répondu : « J'aime la vie et je veux vivre. »
Cela m'horrifie. La vie des autres a-t-elle moins d'importance que la sienne ?
J'espère que les gens qui ont vu cet extrait se réveilleront et comprendront la contradiction dans le discours de Glick : que, d'une part, il s'inquiète pour lui et sa propre vie, tandis que d'autre part, il appelle les juifs à monter au Mont du Temple.
J'espère que tous ceux qui verront cette vidéo comprendront que ces « fidèles du Mont du Temple » ne se soucient pas de la valeur de la vie des autres ; ils ne se soucient pas du fait que quelqu'un dans la rue puisse se faire poignarder ou tuer.
Cela ne signifie pas qu'ils pensent que c'est correct de nous tuer. Ou de tuer ceux qui s'opposent à l'idée d'aller au Mont du Temple. Ceux qui ont été tués dans la yechiva de Har Nof [l'année dernière par deux Palestiniens] appartenaient à la communauté qui s'oppose à l'idée de monter au Mont du Temple.
Cela m'attriste de constater que les haredim et les sionistes religieux sont perçus comme étant la même chose. De notre côté, en tant qu'haredim, notre tradition nous interdit de monter au Mont du Temple. Car le Mont du Temple est considéré comme trop sacré. Les deux grands rabbins, dont mon frère (David Yossef), ont toujours dit cela.
Quand mon père Ovadia Yossef était vivant, seule une petite minorité allait au Mont du Temple. Cette folie a commencé seulement l'année dernière...
MEE : Pensez-vous que le gouvernement israélien utilise le Mont du Temple à ses propres fins politiques ?
AB : Oui, évidemment, je n'en doute absolument pas. Il sert de monnaie d'échange pour les négociations.
MEE : Quels groupes de Palestiniens avez-vous rencontrés ?
AB : Généralement, ce sont des groupes qui s'organisent par accident, que ce soient des artisans de la paix, des Arabes israéliens [des citoyens palestiniens d'Israël] ou des personnes qui viennent pour en apprendre un peu plus sur nous. Il y a eu peu de continuité et c'est regrettable, car il est difficile d'apprendre lors de rencontres brèves qui ne durent que quelques jours. On ne peut pas vraiment se connaître les uns les autres ou devenir amis.
MEE : Excluriez-vous des personnes de ce dialogue, comme le cheikh Raed Salah (chef de la branche nord du Mouvement islamique en Israël) ?
AB : Je serais ravie de le rencontrer, mais l'occasion ne s'est pas présentée. Je suis allée deux fois à la rencontre d'Abou Mazen [le Président palestinien Mahmoud Abbas], que les gens considèrent comme le plus grand ennemi : c'est parce qu'il est plus confortable pour nous de justifier uniquement nos propres politiciens. Mais j'y suis allée quand même. Je n'ai pas peur.
MEE : Comment le judaïsme et l'islam peuvent-ils partager la même terre ?
AB : Le seul moyen est une division en deux terres pour deux peuples. Il n'y a pas d'autre moyen. Je veux leur donner [aux Palestiniens] le droit de vivre dans leur propre Etat... Je veux leur donner le droit de vivre leur vie comme ils l’entendent. Je ne veux pas me montrer arrogante envers eux et si nous vivons ensemble, ce sera toujours le cas : les juifs [continueront de] les prendre de haut.
Nous sommes un peuple arrogant ; les juifs d'Europe sont arrogants envers les juifs mizrahim [les juifs d'Orient], alors imaginez ce qui se passerait avec les Arabes. Ils ont le droit d'être autonomes et de vivre leur vie comme ils le souhaitent, sans que les juifs les prennent de haut.
MEE : Les Palestiniens ont été divisés physiquement les uns des autres et se retrouvent dans des enclaves séparées en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem-Est et en Israël. Comment pensez-vous les réunir ?
AB : En temps de paix, je ne vois aucun problème à vivre ensemble. Les frontières peuvent se mélanger entre elles, comme en Europe. Je n'y vois aucun problème. Au contraire, nous préférons la coopération ; tout le Moyen-Orient pourra s'épanouir.
Dans cette situation, lorsqu'une menace existentielle pèse sur chacun de nous, tout ce que nous faisons, c'est verser plus de sang, et nous ne nous développons pas. Ni au niveau de l'économie, ni du commerce, ni de quoi que ce soit.
Une très grande proportion des habitants de la bande de Gaza, qui travaillaient ici [en Israël] avec nous, sont nostalgiques de cette époque. C'est pourquoi je soutiens que mon appel à une partition ne reflète pas un souhait de renforcer les frontières et les murs, mais de permettre la possibilité de vivre en voisins.
Je tiens à dire que les juifs sionistes considèrent que je suis naïve et ne croient pas que les Arabes arrêteront de se livrer au terrorisme. Ils pensent que je vis dans une sorte d'utopie. Je crois que si les Palestiniens ont leur propre Etat, ils arrêteront les violences. J'aime ainsi parler à des personnes influentes comme vous, car au moment où nous aurons deux Etats ici, nous aurons besoin de personnes capables de nous aider à nous sentir suffisamment en sécurité pour aller de l'avant. Ce travail doit être fait maintenant, et cela ne peut pas attendre.
MEE : Etes-vous contre l'usage de la force, les expulsions de Jérusalem-Est et le programme de transferts de population du ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman ?
AB : Je pense que les gens ne doivent pas être déplacés de l'endroit où ils vivent ; de même, je ne pense pas qu'il faut créer plus de colonies. Il faut que les Arabes continuent de vivre là où ils vivent et reçoivent également plus de terres, à titre de compensation pour les terres que nous leur avons prises pour les colonies.
Je suis évidemment contre les expulsions qui se poursuivent à Jérusalem-Est. Il ne doit pas y avoir de transferts... Nous devons arrêter de construire dans les territoires arabes. Aujourd'hui, cela ne fait que brouiller les frontières, et il nous sera bien plus difficile de parvenir à des accords avec eux.
Confier le ministère des Infrastructures à une figure politique aussi extrême que le ministre Uri Ariel [qui appartient au Foyer juif, parti d'extrême-droite] a été beaucoup plus préjudiciable qu'utile.
MEE : Envisagez-vous de vous présenter à la Knesset ou de former votre propre parti ?
AB : Je ne suis pas prête à avoir mon propre parti. Il est très difficile de rejoindre un parti politique dans la communauté haredie. Le judaïsme haredi ne me permet pas d'adhérer à un parti comme [le Parti travailliste] de Bouji [Isaac] Herzog, même si toutes mes idées sont proches des siennes, qu'il s'agisse de l'allocation des ressources ou de la question politique et de la paix entre nous et les Palestiniens.
Sur chaque question, je suis plus proche de lui, mais si je rejoignais son parti, ils me tueraient, pas physiquement, mais tout ce que j'ai construit dans la communauté serait détruit.
Et bien entendu, me rallier à Bibi [le Premier ministre Benjamin Netanyahou] serait contraire à mes idées : d'un point de vue idéologique, nous sommes très éloignés. Bibi n'est pas bienveillant. Il a cultivé le capitalisme et accordé beaucoup de liberté aux économistes. Il n'a aucune idée de ce qu'est un salaire minimum. Son programme économique est destructeur, tout comme son approche politique.
Que ferais-je donc là-bas ? Renoncer à mes valeurs pour m'asseoir à la Knesset ? Cela n'en vaut pas la peine. A propos, Bibi m'a promis la pleine liberté de voter selon ma conscience sur un sujet de mon choix si je me ralliais à lui.
MEE : Pensez-vous que les mizrahim (les juifs d'Orient) ont quelque chose à proposer dans les efforts de paix que les ashkénazes (les juifs d'Europe) ne sont pas parvenus à conclure ?
AB : Eli Yishaï [ancien chef du parti ultra-orthodoxe Shas, qui n'a pas réussi à être élu au Parlement] et moi étions en bons termes lorsque je suis allée voir Abou Mazen la première fois. Il m'a dit : « Vous faites une erreur ; pourquoi y allez-vous ? Rien n'en ressortira. »
J'ai répondu : « Je ne me fais pas d'illusions, rien ne ressortira de cela ; mais j'y vais pour entendre ce qu'il a à dire. » J'avais la bénédiction de mon père, le rabbin Ovadia Yossef. La seconde fois que je suis allée à sa rencontre, il [Yishaï] ne s'y est pas opposé. En dépit de ses opinions extrêmes, Eli Yishaï était prêt à accepter le point de vue de mon père sur la Torah.
Nous devrions nous asseoir autour d'une table avec Aryeh Deri [l'actuel leader du parti Shas], même s'il s'oppose [aux pourparlers de paix], et lui faire comprendre ce qui se passe aujourd'hui avec les négociations. Nous n'obtenons rien d'une source primaire ; nous sommes seulement nourris par les médias et par les divers cris de la propagande.
Je crois que ce que nous faisons sera utile, pas du jour au lendemain, mais le travail doit être fait, continuellement, jour après jour.
MEE : Que pensez-vous du projet de loi sur l'Etat nation du peuple juif ?
AB : Nous [dans la communauté haredie] y étions tous opposés ; même le Shas s'est prononcé contre cette loi. Nous avons un Etat indépendant et c'est suffisant. Y a-t-il quelqu'un dans le monde qui doute qu'il s'agit d'un Etat juif ? Pourquoi faut-il une loi pour cela ? Pour humilier les autres. On n'adopte pas une loi pour ce genre de raison.
MEE : En 1972, votre père a rendu une décision religieuse, lorsqu'il était le grand rabbin d'Israël. Pouvez-vous nous en dire plus ?
AB : Mon père, le rabbin Ovadia, a statué en 1972 qu'en vertu de la Halakha (la loi juive), des parties de la Terre d'Israël devaient être restituées [aux Palestiniens] en échange de la paix, sous forme de cadeau pour éviter l'effusion de sang.
Il a dit : « Une goutte de sang ne vaut pas tout l'Eretz Yisraël. »
MEE : Ovadia Yossef avait de nombreux adeptes. Comment expliquez-vous le fait qu'il n'a pas pu influencer les politiques du gouvernement ?
AB : Il y a bien une influence. Il n'y a pas l'impact qu'il souhaitait, certes, mais au moment des accords d'Oslo [dans les années 1990], le Shas ne s'y était pas opposé. Le Shas avait à l'époque plus d'un demi-million d'électeurs, et il disait : « Nous comptons sur lui pour qu'il sache ce qui est mieux pour nous. Personne ne s'est disputé avec lui. »
Le judaïsme sioniste a un lobby très puissant dans le monde entier. Ils travaillent de façon exceptionnelle. Ils viennent partout en tant que professeurs dans toutes les écoles [juives] et inculquent leurs valeurs partout dans le monde. Un enfant qui apprend ces valeurs grandira dans une atmosphère anti-pacifique et favorable au Grand Israël, ainsi qu'à l'expulsion des Arabes et à toutes les choses que nous trouvons désagréables. C'est très difficile de se battre avec eux.
Quand je parle, ils disent que je ne suis pas normale et que je ne suis pas réaliste. Mais sachez que je ne parle pas contre nous. Je parle pour nous. Cela nous sera bénéfique. Le judaïsme ne se rapporte pas à des choses matérielles ; il n'est pas question de contrôler les biens des autres. Notre judaïsme, c'est aimer son prochain comme soi-même.
Nulle part est-il écrit : « Tu aimeras un autre juif comme toi-même. » Le judaïsme parle de la dignité humaine, pas de la dignité juive. Les sionistes ont tout bouleversé. Je vois cela comme un culte des idoles.
Traduction de l'anglais (original) par VECTranslation.
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