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En Belgique, le rapatriement des membres de l’EI détenus en Syrie fait débat

Le sort des étrangers partis combattre aux côtés du groupe État islamique est sur toutes les lèvres depuis que Donald Trump a exhorté les pays européens à rapatrier leurs ressortissants pour qu’ils soient jugés. Qu’en est-il en Belgique ?
Selon des organisations de défense des droits de l’homme, 160 mineurs belges seraient piégés dans des zones de conflit en Syrie (AFP)
Par MEE

Les pertes de l’État islamique (EI) en Syrie et les déclarations du président américain Donald Trump appelant les Européens à rapatrier leurs ressortissants ont contraint ces derniers à trancher sur le sort des combattants étrangers détenus dans les zones de conflit.

Depuis le début du conflit syrien en 2011, la Belgique a été, avec la France, un des tout premiers pourvoyeurs de membres étrangers de l’EI.

Selon les chiffres de l’OCAM (Organe de coordination pour l’analyse de la menace) dévoilés par le quotidien belge Le Soir, sur les 422 Belges partis combattre en Syrie, 130 sont déjà rentrés en Belgique et 142 sont officiellement décédés. Théoriquement, la Belgique serait donc contrainte de gérer le retour de 150 Belges détenus en Syrie.

À présent, une seule certitude : au moins quatre Belges ralliés à l’EI se trouvent actuellement dans des prisons kurdes au nord de la Syrie, a indiqué Koen Geens, ministre belge de la Justice. Aucune information officielle n’a été communiquée sur les 146 autres.

Pour Bruxelles, le retour de ces Belges n’est pas encore envisageable. Le Premier ministre Charles Michel s’est en effet déclaré favorable au « jugement des djihadistes belges dans le pays où ils se trouvent », tout en invoquant la possibilité de créer « une juridiction européenne, voire internationale », chargée de traiter de la question du retour de ces personnes.

Du côté des nationalistes flamands, le débat est tranché : ils militent pour la déchéance de la nationalité des Belges partis combattre en Syrie. L’ex-secrétaire d’État à l’Asile et aux Migrations, Theo Francken, a affirmé qu’il n’était pas question de les rapatrier. « Il faut leur retirer la nationalité. Alors, ils ne seront plus Belges et ce ne sera plus notre problème », a-t-il déclaré.

Traduction : « À moins que ce ne soit la toute dernière option pour empêcher leur libération, nous ne voulons pas que les combattants belges en Syrie reviennent. Notre première proposition est de leur retirer la nationalité belge. Notre deuxième proposition est de les juger et de les placer en détention là-bas ».

Priorité aux enfants de moins de 10 ans

À l’heure actuelle, la question prioritaire pour le gouvernement belge est d’aider au rapatriement des enfants de combattants belges âgés de moins de 10 ans à la demande d’un membre de la famille resté en Belgique.

Selon Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant, environ 160 mineurs belges, enfants et adolescents, sont encore retenus en zone de conflit.

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Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a affirmé que la Belgique avait décidé de faire revenir les enfants de moins de 10 ans « dès que ça sera possible en fonction des conditions, puis d’examiner tous les autres cas, dossier par dossier ».

Début février, deux enfants âgés de 2 et 4 ans, dont la mère est actuellement détenue en Turquie, ont ainsi pu retourner en Belgique. Les autorités belges et turques avaient accordé les documents nécessaires pour leur retour.

Les Affaires étrangères belges ont en outre indiqué que quinze à vingt enfants de combattants belges de l’État islamique étaient déjà revenus sur le territoire.

Ce mercredi, la cour d’appel de Bruxelles a annulé en appel une décision ordonnant au gouvernement le rapatriement de six enfants de combattants belges retenus avec leur mère dans un camp de réfugiés contrôlé par les autorités kurdes en Syrie.

Le 26 décembre 2018, le juge des référés du tribunal néerlandophone de Bruxelles avait estimé qu’au nom des intérêts des enfants, l’État belge devait prendre « toutes les mesures nécessaires et possibles » pour les faire revenir d’al-Hol, dans la région à majorité kurde de la Syie. La décision avait été saluée par les défenseurs des droits.

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