L’Union européenne doit cesser de financer l’industrie israélienne de la défense
Un rapport publié en décembre 2019 montre que l’Union européenne (UE) verse des millions d’euros provenant des contribuables à des fabricants d’armes israéliens.
Alors que la résolution du conflit israélo-palestinien semble de plus en plus hors d’atteinte, le rôle de l’UE en tant que médiateur crédible prend de plus en plus d’importance. Ces révélations mettent ce rôle en danger.
L’UE doit cesser de financer l’industrie israélienne de la défense et rétablir sa position d’arbitre impartial dans ce conflit.
Un jeu dangereux
Le rapport, publié par la Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine, montre que l’UE a versé 2 millions d’euros au fabricant d’armes privé Elbit Systems et plus de 7 millions d’euros à la société publique Israel Aerospace Industries (IAI) entre 2014 et 2019. Ces sociétés ont reçu des subventions dans le cadre d’Horizon 2020, le programme de financement de la recherche de l’UE.
Il est inacceptable que l’argent des contribuables européens soit acheminé vers des fabricants d’armes israéliens et finance ainsi l’oppression des Palestiniens
Alors que l’administration Trump se range fermement du côté d’Israël depuis qu’a été transférée l’ambassade américaine à Jérusalem, et continue de fournir à l’armée israélienne plusieurs milliards de dollars d’aide chaque année, l’importance de l’UE en tant que médiateur impartial et digne de confiance ne cesse de croître.
Le fait que les contribuables européens financent le complexe militaro-industriel israélien met cela en péril.
Dans le rapport 2018 de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm sur les plus grands fabricants d’armes du monde, Elbit s’est classé 28e, tandis qu’IAI est arrivé 41e. Le financement européen à deux des plus grandes entreprises militaires au monde est extrêmement douteux sur le plan éthique.
Ce problème d’éthique est encore aggravé si l’on constate qu’Elbit et IAI fournissent à l’armée israélienne une grande partie de son matériel, ce qui les rend sans l’ombre d’un doute complices de l’oppression des Palestiniens et des violations des droits de l’homme résultant de l’occupation des territoires palestiniens par Israël.
Des lignes directrices éthiques
Les représentants de la Commission soutiennent qu’ils suivent les lignes directrices éthiques d’Horizon 2020 lorsqu’ils accordent des subventions à Elbit et IAI. Je ne rejoins pas ce jugement, à la fois pour des raisons éthiques et parce qu’il est incompatible avec d’autres politiques de l’UE.
L’UE est inflexible dans sa défense du droit international et a condamné fermement à de nombreuses reprises les agissements d’Israël à l’égard des Palestiniens. Cette position est fondamentalement compromise par le financement de sociétés complices de l’oppression des Palestiniens.
La Commission européenne soutient également que les projets financés sont de nature civile. Parmi eux figurent des subventions pour le développement de drones et de technologies de surveillance.
Pourtant, dans la mesure où les participants aux projets d’Horizon 2020 sont propriétaires des résultats obtenus, rien ne garantit que la technologie développée à des fins civiles ne sera pas utilisée dans des systèmes et plateformes militaires commercialisés par ces mêmes sociétés – ou dans la surveillance illégale des Palestiniens dans les territoires occupés, d’ailleurs.
Le moment de revoir sa copie
Il y a une dizaine d’années, le fabricant de drones renommé IAI a participé au projet Oparus financé par l’UE. Ce projet a notamment permis d’améliorer les drones de moyenne altitude et longue endurance et depuis lors, cette gamme de drones d’IAI connaît toujours un succès commercial.
Sur le site web d’IAI, ces drones principalement axés sur la surveillance sont présentés comme étant « robustes et éprouvés au combat », ce qui met en évidence l’opacité de la frontière entre usage civil et militaire.
Le fait que l’UE verse des millions d’euros au complexe militaro-industriel israélien met en péril la réputation de l’UE en tant que défenseur des droits de l’homme et du droit international.
Cela compromet les efforts déployés par l’UE pour s’imposer comme un partenaire crédible et digne de confiance pour les deux parties au conflit israélo-palestinien, ne laissant que peu de médiateurs impartiaux.
La Commission européenne doit revoir sa copie quant aux entités israéliennes en mesure de participer aux programmes de l’UE. Il est inacceptable que l’argent des contribuables européens soit acheminé vers des fabricants d’armes israéliens et finance ainsi l’oppression des Palestiniens.
L’UE doit cesser de financer l’industrie israélienne de la défense et rétablir sa position de médiateur crédible et impartial dans le conflit israélo-palestinien.
- Gina Dowding est députée au Parlement européen pour le nord-ouest de l’Angleterre depuis juillet 2019 et membre de la commission des affaires étrangères, de la commission des transports et de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie. Elle est également active au sein des délégations parlementaires en Israël et en Palestine et s’est rendue dans la région, y compris dans les territoires occupés, en août 2019, dans le cadre d’une visite d’étude organisée par des organisations de la société civile.
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Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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