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La mission impossible de Mohammed ben Zayed

Le prince héritier d’Abou Dhabi veut transformer son mini-État en un autre Israël
Le prince héritier d’Abou Dabi Mohammed ben Zayed a étendu la portée des Émirats arabes unis à travers la région, dans des conflits allant du Yémen à la Libye (AFP)

Le soulèvement qui a eu lieu dans le monde arabe en 2011 et la brève apparition de la démocratie en Égypte ont déclenché une vague d’interventions militaires, de coups d’État et de guerres civiles qui ne montre toujours pas de signe d’épuisement après une décennie.

Les cibles de cette campagne sont soit mortes, soit en prison, soit en exil – les Frères musulmans en Égypte, al-Qaïda et le groupe État islamique en Syrie et en Irak sont tous des forces diminuées. Bien qu’elles s’excluent mutuellement, ces forces ne font qu’un aux yeux de la contre-révolution.

Le mentor

L’islamisme, sous quelque forme que ce soit, politique ou violent, n’est qu’une fraction de la force qu’il était en 2011 et, dans un avenir prévisible, demeurera incapable de rassembler des centaines de milliers de personnes dans les rues et de renverser des régimes, comme il l’a fait en Tunisie, en Égypte et au Yémen.

L’islamisme, sous quelque forme que ce soit, politique ou violent, n’est qu’une fraction de la force qu’il était en 2011

Et pourtant, la contre-révolution, déchaînée lorsque le président égyptien Mohamed Morsi a été destitué en 2013, se poursuit avec fureur.

Elle produit des dictateurs qui semblent sortis du même moule : Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite, Abdel Fattah al-Sissi en Égypte, Khalifa Haftar en Libye, tous méprisent les élections libres, vivent comme des pharaons et créent des dynasties pour leur famille et leurs fils.

Ils sont tous redevables à un homme, qui a financé, armé ou guidé leur accession au pouvoir.

Cet homme est le génie qui a organisé le coup d’État en Égypte ; il est devenu un acteur majeur de la guerre civile en Libye ; il exploite les ports de son pays afin d’en faire une présence incontournable dans la Corne de l’Afrique ; il a poussé les Saoudiens dans une guerre au Yémen afin de promouvoir le fils du défunt président yéménite Ali Abdallah Saleh, avant de bazarder cette stratégie pour promouvoir les séparatistes du Sud ; il a joué un rôle clé dans le blocus organisé contre son voisin qatari ; il a présenté au clan Trump un prince saoudien inconnu et a envoyé à la casse l’homme de la CIA à Riyad.

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Il n’y a pas de gâteau dans lequel Mohammed ben Zayed (MBZ), le prince héritier d’Abou Dabi, n’a pas sa part. Il donne rarement des discours ou des interviews, et quand il le fait, il paraît décontracté, réservé, doux.

Les rares fois où il s’adresse à un journaliste, comme il l’a fait avec Robert Worth du New York Times, il se présente comme un urgentiste malgré lui, un pompier éteignant de dangereux incendies : les attentats du 11 septembre 2001 (deux des pirates de l’air étaient émiratis) et le Printemps arabe font partie de ces événements galvanisants.

Tout ceci est une farce, pour un public en grande partie occidental.

La « menace islamiste » de MBZ

Mais alors que le temps passe, l’histoire ne peut se résumer qu’à cela. Au fur et à mesure que MBZ a développé son contre-djihad, les ambitions de ce prince calme, anglophone, formé à l’Académie royale militaire britannique de Sandhurst, se sont élargies.

MBZ sait comment manipuler les décisions à la Maison-Blanche. Il sait lire leur ignorance, leur arrogance et leur avidité personnelle. Son argent va directement dans leurs poches

Faire échec à la menace islamiste qui se profile – comme il le décrit – ne peut plus expliquer l’ambition, la portée et le coût de ses rêves. La menace islamiste de ses cauchemars est largement en sommeil.

Observateur avisé, il peut voir, aussi clairement que quiconque, l’effondrement des États-Unis en tant que puissance organisatrice au Moyen-Orient. Il sait comment manipuler les décisions à la Maison-Blanche. Il sait lire leur ignorance, leur arrogance et leur avidité personnelle. Son argent va directement dans leurs poches. Il sait jouer comme d’une mandoline avec le chaos de la prise de décision en temps réel dans le Bureau ovale.

Il doit avoir pensé que le Moyen-Orient avait besoin d’un nouveau dirigeant. Pourquoi pas lui ? Il est temps, a-t-il jugé, de sortir de l’ombre et d’installer son propre stand. 

Alors, quelle est la mission ?

Énoncé de mission

Elle a été, pourrait-on dire hardiment, récemment exprimée par le meilleur opérateur de MBZ à l’étranger, son ambassadeur aux États-Unis, Yousef al-Otaiba

L’éditorial qu’il a écrit dans le journal israélien Yedioth Ahronot visait soi-disant à avertir Israël que l’annexion de régions de la Cisjordanie allait trop loin. Écrivant en hébreu, Otaiba s’est présenté à un public juif comme un Arabe amical – « l’un des trois ambassadeurs arabes présents dans la salle Est de la Maison-Blanche lorsque le président Trump a dévoilé sa proposition de paix au Moyen-Orient en janvier », leur a-t-il rappelé.

Les Émirats arabes unis et Israël ne font qu’un. Plus besoin que le couple d’amoureux se cache derrière les buissons

En fait, la lettre n’était rien de tel. Ce n’était certainement pas un message des Palestiniens eux-mêmes. Les Émirats arabes unis n’ont aucun problème avec l’occupation israélienne. Ils enverront ouvertement deux avions pleins d’équipement de protection contre le coronavirus à l’aéroport Ben Gourion et concluront de nombreux accords commerciaux de grande envergure avec Israël pour renforcer leur intention de normaliser les relations.

L’époque où l’on dissimulait les plans de vol des avions faisant le trajet d’Abou Dabi à l’aéroport de Tel Aviv en les faisant disparaître au-dessus de la Jordanie est révolue depuis longtemps. Les Émirats arabes unis et Israël ne font qu’un. Plus besoin que le couple d’amoureux se cache derrière les buissons. 

Ce n’était pas non plus un message de la Jordanie, qui considère l’annexion de la Cisjordanie comme une menace existentielle pour le royaume.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et le prince héritier émirati Mohammed ben Zayed se rencontrent au palais al-Shati à Abou Dabi le 10 juillet 2018 (Reuters)
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et le prince héritier émirati Mohammed ben Zayed se rencontrent au palais al-Shati à Abou Dabi le 10 juillet 2018 (Reuters)

C’était en réalité un message des juifs libéraux d’Amérique aux juifs de droite en Israël. Le cerveau de cette opération est le milliardaire israélo-américain Haim Saban, selon le site Axios. Caroline Glick, ancienne conseillère de Netanyahou, a décrit la lettre comme l’idée originale de Saban.

Dans tous les cas, cela n’avait pas grand-chose à voir avec l’opinion arabe. La lettre contenait cependant un autre message plus important : l’énoncé de mission de MBZ apparaît dans deux paragraphes clés du texte d’Otaiba.

« Avec les deux forces armées les plus compétentes de la région, des préoccupations communes face au terrorisme et aux agressions, et une relation profonde et longue avec les États-Unis, les Émirats arabes unis et Israël pourraient former une coopération plus étroite et plus efficace en matière de sécurité.

« L’expansion des relations commerciales et financières entre les deux économies les plus avancées et les plus diversifiées de la région pourrait accélérer la croissance et la stabilité à travers le Moyen-Orient », a écrit Otaiba.

Dans ces phrases, les Émirats arabes unis prétendent non seulement avoir une armée plus puissante que celle de l’Égypte ou de l’Arabie saoudite, mais, fantastiquement, affirment également posséder l’économie la plus forte et la plus diversifiée du monde arabe.

En voilà des vanteries pour le prince héritier d’une minuscule cité du Golfe.

La « petite Sparte » a de grandes ambitions.

Le partenaire junior d’Israël

En comparant leur portée militaire à celle d’Israël, les Émirats arabes unis mettent sur la touche leurs alliés au sein des armées saoudienne et égyptienne. Mais cela importe peu. Mohammed ben Zayed veut transformer son mini-État en un autre Israël.

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Les deux pays sont petits en taille et en population. Ce sont tous deux des sociétés profondément militarisées. « L’armée citoyenne » d’Israël est bien connue. La conscription que MBZ a introduite pour les hommes émiratis en 2014 et qu’il a étendue de douze à seize mois en 2018 l’est moins.

Les deux pays ont une portée militaire et économique qui s’étend bien au-delà de leurs frontières et au cœur de l’Afrique. Si Israël a montré qu’il avait le bras long, capable d’atteindre Entebbe, en Ouganda, et n’importe où dans le monde pour se venger, les Émirats arabes unis ont également montré qu’ils avaient le bras long en Libye, en Turquie, en Syrie – des pays très éloignés du Golfe.

Les deux pays ont une population dynamique qui peut servir les intérêts occidentaux. Ils ont des ennemis communs – l’islamisme, la Turquie, l’Iran. Et ils disposent d’une stratégie commune pour contrôler la région. Les deux plus grands défis régionaux pour les Émirats et Israël sont respectivement la Turquie et l’Iran.

Les Émiratis défient frontalement le président turc Recep Tayyip Erdoğan. Ils ont financé une tentative de coup d’État güléniste en 2016. Ils se sont opposés à ses forces à Idleb en soudoyant Bachar al-Assad afin qu’il brise le cessez-le-feu arrangé par les Russes, et ils affrontent les forces turques en Libye.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (à droite) avec Mohammed ben Zayed (centre) et Khalifa Haftar, en Égypte le 22 juillet 2017 (Reuters)
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (à droite) avec Mohammed ben Zayed (centre) et Khalifa Haftar, en Égypte le 22 juillet 2017 (Reuters)

Lorsque des bombardiers non identifiés ont attaqué des batteries de défense aérienne turques dans la base aérienne libyenne d’al-Watiya, récemment reprise au général Haftar, Abdulkhaleq Abdulla, conseiller de la cour royale émiratie, a tweeté : « Au nom de tous les Arabes, les EAU ont donné une leçon aux Turcs. »

Il l’a supprimé par la suite.

Mais Israël lui-même reste à l’arrière-plan. Il considère l’armée turque comme sa principale menace. Comme je l’ai signalé en janvier de l’année dernière, Yossi Cohen, le chef du Mossad, a déclaré lors d’une réunion de diplomates saoudiens, émiratis et égyptiens dans une capitale du Golfe qu’Israël considérait que l’armée turque était plus capable et moins facile à contenir que celle de l’Iran. Mais Israël lui-même ne défie pas la Turquie.

Il ne peut y avoir qu’un seul bouledogue dans le quartier, et Israël n’a pas l’intention de partager ce rôle avec un Arabe nourrissant des ambitions au-dessus de ses moyens

De même, les Émirats arabes unis ne défient pas l’Iran, même lorsque des pétroliers sont attaqués à l’explosif au large d’un port émirati. La substance cinétique est fabriquée par Israël, qui serait d’ailleurs responsable récemment d’une explosion majeure à Natanz, dans des ateliers où sont assemblées des centrifugeuses d’enrichissement de l’uranium, et de peut-être jusqu’à six autres explosions mystérieuses en Iran également. 

Au niveau régional, les Émirats arabes unis et Israël travaillent en tandem, chacun couvrant l’autre. Mais cela ne signifie pas que le projet lui-même soit stable ou viable. Israël peut en effet trouver utile de jouer avec l’égo de MBZ afin de servir ses propres intérêts, à savoir maintenir les Palestiniens sous occupation permanente.

Mais ses intérêts nationaux passent avant tout.

La chutzpah (audace) d’Otaiba a déclenché une vive réaction de Caroline Glick, qui a écrit dans Israel Hayom : « Personne ne rend service à personne. Et puisque nous en sommes à parler de faveurs, le camp le plus fort de ce partenariat est Israël. L’économie israélienne est beaucoup plus robuste que les économies pétrolières du golfe Persique. Qui Otaiba pense-t-il effrayer avec ses menaces quand le pétrole se vend à 37 dollars le baril ? »

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Il ne peut y avoir qu’un seul bouledogue dans le quartier, et Israël n’a pas l’intention de partager ce rôle avec un Arabe nourrissant des ambitions au-dessus de ses moyens.

Le deuxième problème avec la mission de MBZ, ce sont ses alliés arabes sunnites. Lorsque les élites militaires saoudiennes et égyptiennes se rendront compte que leurs propres intérêts nationaux et commerciaux en pâtissent, elles commenceront à regarder différemment les aventures pyrotechniques de MBZ.

L’accord maritime que la Turquie a signé avec le gouvernement libyen soutenu par l’ONU à Tripoli donne à l’Égypte un plus grand accès aux richesses maritimes que ce qu’elle aurait pu obtenir via un accord avec Chypre et la Grèce, et pourtant Le Caire a condamné cet accord comme étant illégal.

De même, le découpage du Yémen par les Émirats arabes unis, qui occupent maintenant l’île de Socotra et soutiennent les séparatistes du Sud à Aden, n’est pas dans l’intérêt de Riyad, qui est principalement préoccupé par le maintien de la sécurité le long de sa frontière méridionale et la mise en place d’un régime fantoche à Sanaa.

Leçons d’histoire

Israël ne devrait pas se laisser berner par les expressions de soutien des satrapes des Émirats arabes unis, à l’instar de Abd al-Salam al-Badri, vice-Premier ministre du gouvernement de l’Est libyen à Tobrouk, ou Hani ben Brik, vice-président du Conseil de transition du Sud à Aden – qui, soit dit en passant, est salafiste.

L’histoire est de mauvais augure pour le projet de MBZ. Chaque État arabe qui a travaillé avec Israël ou l’a reconnu est aujourd’hui plus faible et plus divisé en conséquence

L’histoire est de mauvais augure pour le projet de MBZ. Chaque État arabe qui a travaillé avec Israël ou l’a reconnu est aujourd’hui plus faible et plus divisé en conséquence. Cela vaut pour l’Égypte et pour la Jordanie, dont les diplomates, qui se considéraient autrefois comme des pionniers, regrettent ce qu’ils ont fait au nom de la paix. Ce fut une illusion au goût amère.

Le miracle économique promis aux deux pays à l’époque ne s’est jamais concrétisé, le conflit palestinien est toujours aussi difficile à résoudre et la Palestine historique plus faible et plus petite que jamais.

La Jordanie, qui a travaillé plus étroitement avec Israël que tout autre pays arabe, vacille au bord de la faillite, du chômage de masse et de la rupture sociale. Ses intérêts stratégiques en Cisjordanie et à Jérusalem ne comptent aucunement pour la droite des colons qui domine en Israël.

Le Fatah, qui a reconnu Israël, se pose les mêmes questions. Pourquoi avons-nous fait cela à Oslo ? Pour quoi ? Ce débat le rapproche de son rival, le Hamas.

Une alliance condamnée

La réalité est que l’alliance entre Israël et les Émirats arabes unis est vouée à l’échec. C’est le travail d’individus et non de peuples. Les complots et stratagèmes de MBZ sont les siens, pas ceux de sa nation.

La rue arabe est implacablement opposée à la reconnaissance d’Israël tant qu’une solution juste n’aura pas été trouvée pour les Palestiniens, une solution impliquant leur propre terre et leur propre droit au retour.

La mission de MBZ est une mission impossible, et plus tôt ses alliés arabes le comprendront, plus tôt ils pourront empêcher une deuxième décennie de guerres régionales

Le projet MBZ-Israël est un poison pour la région. Israël n’est pas en train d’accepter ses voisins. Il se moque d’eux.

Avant les guerres civiles syrienne et libyenne, la Turquie n’avait pas de politique étrangère interventionniste. Elle en a une à présent. De même, la portée militaire de l’Iran ne s’était jamais vraiment étendue au-delà des minorités chiites des États arabes sunnites, et cela inclut son soutien militaire au Hezbollah et son aide financière au Hamas.

L’Iran n’a jamais réellement menacé la domination militaire d’Israël, comme Cohen lui-même l’a reconnu lors de cette réunion dans un État du Golfe il y a plus d’un an. L’Iran, du point de vue du Mossad, est maîtrisable.

La mission de MBZ est une mission impossible, et plus tôt ses alliés arabes le comprendront, plus tôt ils pourront empêcher une deuxième décennie de guerres régionales.

David Hearst est rédacteur en chef de Middle East Eye. Il a été éditorialiste en chef de la rubrique Étranger du journal The Guardian. Au cours de ses 29 ans de carrière, il a couvert l’attentat à la bombe de Brighton, la grève des mineurs, la réaction loyaliste à la suite de l’accord anglo-irlandais en Irlande du Nord, les premiers conflits survenus lors de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie en Slovénie et en Croatie, la fin de l’Union soviétique, la Tchétchénie et les guerres qui ont émaillé son actualité. Il a suivi le déclin moral et physique de Boris Eltsine et les conditions qui ont permis l’ascension de Poutine. Après l’Irlande, il a été nommé correspondant européen pour la rubrique Europe de The Guardian, avant de rejoindre le bureau de Moscou en 1992 et d’en prendre la direction en 1994. Il a quitté la Russie en 1997 pour rejoindre le bureau Étranger, avant de devenir rédacteur en chef de la rubrique Europe puis rédacteur en chef adjoint de la rubrique Étranger. Avant de rejoindre The Guardian, il était correspondant pour l’éducation au sein du journal The Scotsman.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

Traduit de l’anglais (original).

David Hearst is co-founder and editor-in-chief of Middle East Eye. He is a commentator and speaker on the region and analyst on Saudi Arabia. He was the Guardian's foreign leader writer, and was correspondent in Russia, Europe, and Belfast. He joined the Guardian from The Scotsman, where he was education correspondent.
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