Explosions à Beyrouth : la Turquie raille la visite jugée colonialiste de Macron au Liban
Dans des propos publiés ce mardi, de hauts responsables turcs ont raillé la récente visite d’Emmanuel Macron à Beyrouth, dénonçant un signe de colonialisme. Ils ont également décrit le président français comme un « adolescent gâté » qui essaie de faire ses preuves sur la scène internationale.
Emmanuel Macron a effectué une visite très remarquée dans la capitale libanaise jeudi dernier à la suite des explosions mortelles survenues dans le port de Beyrouth, qui ont fait au moins 170 morts et quelque 6 000 blessés et dévasté la ville.
Au cours de cette visite, alors qu’il était assailli par une foule implorant son aide, le président français a accusé des États de la région tels que la Turquie de chercher à promouvoir leurs intérêts au Liban au détriment du pays.
« Si la France ne joue pas son rôle, [l’ingérence] sera celle d’autres puissances : elle sera iranienne, elle sera turque, elle sera saoudienne », des acteurs dont les intérêts économiques et géopolitiques pourraient se manifester « au détriment des Libanais », a déclaré le chef de l’État français.
En 1920, la France a proclamé la naissance du Liban, définissant ses frontières et le séparant de la Syrie également sous mandat français, et l’a gouverné de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’en 1943. Jeudi dernier, Emmanuel Macron a promis de créer un « nouveau pacte politique » pour le Liban et de revenir dans le pays le 1er septembre pour célébrer son centenaire.
Le vice-président turc Fuat Oktay, qui s’est rendu au Liban le week-end dernier pour afficher son soutien aux Libanais, a déclaré au journal Sabah qu’Ankara ne déterminerait pas sa politique en fonction des souhaits du président français.
« C’est plutôt la France qui s’immisce dans la politique intérieure libanaise », a-t-il déclaré. « Nous ne devons pas prendre Macron trop au sérieux. Il se comporte comme un enfant gâté dans la région. »
Le vice-président turc a accusé la France de mener sa politique étrangère selon une perspective coloniale et ajouté que la Turquie en revanche opérait dans des endroits tels que l’Afrique pour fournir une aide humanitaire sans aucune considération économique.
« La principale différence entre les deux pays est le colonialisme », a-t-il affirmé.
S’adressant au même journal, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a déclaré que la France considérait l’ensemble de la région comme une arène.
« [Les propos de Macron] rappellent l’ancienne mentalité coloniale de la France. Il dit qu’il se rendra à nouveau [à Beyrouth] pour inspecter les dépenses », a affirmé Çavuşoğlu. « [Le gouvernement français] suit même nos entreprises en Afrique une par une. Les journaux français parlent des entreprises turques en Algérie tous les quinze jours. »
« C’est plutôt la France qui s’immisce dans la politique intérieure libanaise. Nous ne devons pas prendre Macron trop au sérieux. Il se comporte comme un enfant gâté dans la région »
– Fuat Oktay, vice-président de la Turquie
Le gouvernement français suit également d’autres pays de la région et leur demande pourquoi ils accordent des contrats aux entreprises turques, a ajouté Çavuşoğlu. « Ils leur demandent pourquoi ils sont de mèche avec la Turquie », a-t-il déclaré.
Les relations entre la Turquie et la France se sont tendues récemment en raison de désaccords régionaux sur la Libye. Les deux alliés au sein de l’OTAN soutiennent les deux camps rivaux de ce pays d’Afrique du Nord et s’affrontent autour d’un large éventail de questions, notamment le rôle d’Ankara dans la communauté franco-turque.
Oktay et Çavuşoğlu se sont tous deux rendus dans un quartier de Beyrouth peuplé de citoyens libanais d’origine turque ou turkmène. Ils ont été accueillis par des centaines de personnes brandissant des drapeaux turcs, à l’image de la foule qui accompagnait Macron.
Oktay a déclaré que la Turquie était prête à contribuer à la reconstruction du port de Beyrouth et que les ports turcs étaient à la disposition des Libanais.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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